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Élection présidentielle 2025: Ce qui a été possible pour Ouattara en 2010, doit pouvoir l’être pour Gbagbo en 2024

Eco et politique

Élection présidentielle 2025: Ce qui a été possible pour Ouattara en 2010, doit pouvoir l’être pour Gbagbo en 2024 (Par NAZAIRE KADIA)

L’échéance de l’élection présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire, approche à grands pas. Les états-majors des principaux partis politiques de notre pays, affûtent leurs armes et leurs stratégies pour la conquête ou pour la conservation du pouvoir.

C’est dans cette atmosphère, qu’une question revient de façon récurrente dans les discussions entre Ivoiriens : n’est-il pas temps que des hommes politiques comme Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara (Bédié n’est plus), qui dominent l’échiquier politique ivoirien depuis des décennies, puissent faire valoir leurs droits à une retraite méritée ? 

Cela permettra de rajeunir la classe politique et avoir de nouvelles offres et des visions nouvelles politiques pour notre pays.

Si on comprend la légitimité et la pertinence de cette interrogation, ce qu’on perçoit moins c’est le mécanisme à adopter pour y arriver.

– Aura-t-on besoin de la pression de la rue pour avoir gain de cause ?

– Ou faudra-il compter sur la bonne volonté des concernés pour y arriver ?

– N’est-ce pas les ivoiriens eux-mêmes qui dans leur indolence et dans leur indifférence, ont permis que cette situation demeure ?

– A qui la faute ?

Pour rappel, la constitution de 2000, adoptée sous le régime militaire de Robert Guéi, et qui a prévalu jusqu’en 2016, contenait une disposition qui limitait l’âge de candidature à l’élection présidentielle. L’âge maximum était 75 ans. Mais cette constitution avait été jugée « obsolète », « confligène » et dépassée. Il fallait une nouvelle constitution, moderne et qui épouse l’air du temps.

Une équipe d’experts juristes, conduite par le professeur Ouraga Obou, a proposé un projet de nouvelle constitution, où le verrou de l’âge limite a été levé. A quelle fin ? Et pourquoi ? Aucune explication n’a été donnée. Au pas de course, la constitution a été adoptée après que le oui l’a emporté au référendum.

– Où étions-nous qui aujourd’hui, réclamons le rajeunissement de la classe politique ?

– Pourquoi n’avions-nous pas manifesté notre mécontentement dès lors que le verrou de l’âge limite a été levé ?

Préparatifs pour la présidentielle de 2025

Si par notre indolence, notre lâcheté, notre indifférence voire notre insouciance, le verrou a sauté, alors nous boirons le calice jusqu’à la lie ! Nos incantations et nos lamentations de voir partir les « vieux », ne changeront rien, si en amont on n’a pas eu la réaction nécessaire et adaptée. Ainsi, tant que la constitution de 2016 est en vigueur, un «  vieillard » de 120 ans pourra toujours être candidat à l’élection présidentielle.

Dans les partis politiques, l’heure est aux préparatifs de cette élection. Le Ppa-Ci, après sa fête de la Renaissance à Agboville les 5 et 6 avril derniers, s’apprête à aller à une convention, pour confirmer la candidature de Laurent Gbagbo, proposée par le Comité Central de ce parti. Mais avant, des démarches sont entamées ou en cours pour lever l’hypothèque qui pèse sur cette candidature. 

En effet, l’homme a été condamné à 20 ans de prison dans une parodie de procès pour le «braquage » de la Bceao, le rendant inéligible. 

Ces adversaires jubilent de l’élimination d’un adversaire redoutable, et versent dans un juridisme creux, invitant au strict respect de la décision de justice. 

Ils oublient ou feignent d’oublier que l’actuel chef de l’Etat, qui n’était pas éligible en 1995, 2000 et 2010 au regard de la constitution en vigueur, a pu se présenter à l’élection de 2010 grâce à une décision politique prise par le président Laurent Gbagbo pour contourner la loi fondamentale, la « mère » de toutes les lois. Ce qui a été possible pour Ouattara en 2010, doit pouvoir l’être pour Gbagbo en 2024. Parallélisme des formes oblige !

« Tidjane Thiam s’attèle à mettre en place son dispositif pour aller à la conquête du pouvoir perdu depuis 1999. Le Rhdp n’est pas en reste »

Au niveau du Pdci-Rda, la sérénité est de mise. Le nouveau président, Tidjane Thiam s’attèle à mettre en place son dispositif pour aller à la conquête du pouvoir perdu depuis 1999. Le Rhdp n’est pas en reste. La machine pour la conservation du pouvoir à tous les coups, est en branle. L’heure est à l’organisation des journées d’hommage au chef de l’Etat. Ce sera l’occasion pour lancer un appel officiel au chef de l’Etat à l’effet de rempiler pour un quatrième mandat. 

L’information est abondamment relayée par la Rti, la télévision nationale. Dans les régions où débutera cette opération, des formulaires sont d’ores et déjà distribuées dans les villages, pour l’inscription de ceux qui voudraient faire le déplacement dans les lieux choisis, avec des promesses de billets de banque et de cars qui assureront le ramassage.

Ce sera aussi l’occasion, où des chefs de village instrumentalisés, magnifieront les ponts, les échangeurs, les routes bitumées et même le nouveau prix du kg de cacao. 

Pour tous ces faits, ils demanderont avec insistance que le chef de l’Etat accepte de se présenter à ce quatrième mandat, à l’effet de continuer l’œuvre gigantesque entamée, pour le bonheur des populations.

Le chef de l’Etat pourrait alors aisément affirmer qu’il avait l’intention de se retirer, mais ne saurait rester sourd à l’appel du peuple, car « Vox populi vox Dei », et le tour est joué. Ce modus operandi déjà usité, est connu de tous. On n’en est pas encore là, attendons de voir et demain nous situera. Demain est certes un autre jour mais demain arrive toujours. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.

NAZAIRE KADIA 

Analyste politique

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