Le premier grand meeting du jeune président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Thiam, n’a pas encore fini de faire des vagues. Considéré comme un succès pour un premier rendez-vous, il ne fallut pas plus de 48 heures après le premier rendez-vous politique du président du PDCI, pour que les premières défections politiques commencent à faire leur apparition.
On a appris dans la presse, lundi 24 juin, que M. Gilbert Francis Kacou, maire de la Commune de Hiré, Région du Lôh-Djiboua, a pris la décision de faire faux bond au Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) pour retourner au PDCI, sa formation politique d’origine.
On est conscient que dans l’univers politique, certains comportements comme les alliances, parfois contre-natures, les coalitions, les défections et la transhumance sont monnaie courante, et encore plus à l’approche de grandes échéances électorales, mais de là à ce qu’à plus de 15 mois de 2025, le premier meeting du président du PDCI, M. Thiam, ait déjà eu cet effet dans les rangs du RHDP, donne matière à réflexion.
Est-ce surprenant, pour autant, lorsqu’on sait que plusieurs membres et élus de cette formation politique sont issus d’autres partis politiques, notamment le PDCI. Certes, quelques cadres du Guemon et un maire du Lôh-Djiboua qui retournent au PDCI et 2.000 instituteurs primaires qui annoncent leur allégeance au Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), ce n’est pas grand chose, après tout.
Mais, il est évident que de tels mouvements risquent, à la longue, de faire des trouées dans les rangs du RHDP et de fragiliser ses positions. De toutes les manières, quelqu’en soient les motivations d’un tel revirement, ce qui est fait est fait. Maintenant, les deux questions principales auxquelles on doit naturellement s’attaquer sont les suivantes, même si le mouvement inverse n’est pas définitivement exclu: combien encore chercheront à emboîter le pas au maire transfuge? Et surtout, comment prévenir d’autres trahisons?
Et si le départ du maire était un soulagement?
Le monde de la politique est souvent décrit comme celui où « intrigues politiques machiavéliques et éthique douteuse » se côtoient et où la frontière entre loyauté et déloyauté est extrêmement mince et que, pour cela, il est impossible de prédire à 100% que la défection du maire de Hiré ne sera qu’un cas isolé, mais on peut faire en sorte que le nombre en soit limité.
D’abord, il faut maintenir ou revenir à « la politique de l’intérêt central » du RHDP. Ensuite, il faudra éviter « les disputes de gestion » et les « querelles internes » qui risquent de fragiliser le parti et pousser les militants à partir. Pour le reste, puisque la défection est une décision individuelle mûrement réfléchie, une fois les signes avant-coureurs detectés, il faudra pratiquer la technique de l’écoute active, car à ce stade, il s’agit de « nouer une amitié personnelle » avec les potentiels defecteurs.
Ce qu’il faudrait surtout éviter de faire, c’est de tomber dans la spirale des accusations mutuelles où plus on accuse, plus on se défend et ainsi de suite, sans autre résultat que d’envenimer la situation. Ainsi, à l’approche de 2025 qui s’annonce comme le véritable test pour le Président Alassane Ouattara et le RHDP, les défections, les revirements et les trahisons sont susceptibles de se multiplier mais, à l’exemple d’un excellent salarié qu’on veut retenir, dans une certaine limite, une bonne stratégie fondée sur l’ouverture, la communication et l’empathie devrait permettre de restreindre le phénomène et surtout d’en limiter l’impact. Toutefois, et si le départ du maire était un soulagement, comme le souligne un membre du RHDP ?
Oussou Kouamé Rémi
Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké
Département d’anthropologie et sociologie
Expert Analyste socio-politique et économique
