Décidément, les Ivoiriens ne sont pas encore sortis de l’auberge. Entre cherté de la vie, déguerpissements sauvages et inondation, les gouvernants continuent de courir et de se promener avec leur esprit dans des déclarations qui donnent le tournis à plus d’un.
Il n’y a pas longtemps, il leur était affirmé que l’augmentation du prix des denrées sur le marché était le fait de la rareté de la pluie en Côte d’Ivoire. Mais depuis quelques semaines, l’abondance des pluies est telle que de nombreux dégâts ont été enregistrés, ainsi que de nombreuses pertes en vies humaines. Depuis lors, aucune baisse de prix n’a été constatée sur le marché. Il faudra certainement que les ivoiriens prennent leur mal en patience car les retombées de la forte pluviométrie pourraient se faire sentir dans les semaines et mois à venir.
Il en est de même pour le coût de l’électricité dont la hausse serait due à la forte chaleur des mois de mars et d’avril. Maintenant, avec la survenue de la saison des pluies et une baisse sensible de la température, les Ivoiriens sont dans l’expectative des prochaines factures pour vérifier les affirmations péremptoires du porte-parole du gouvernement, le ministre Amadou Coulibaly. Attendons tous de voir si ces embellies pour les poches des Ivoiriens interviendront comme l’ont affirmé les dirigeants.
Comme si cela ne suffisait pas, et à son corps défendant, le peuple d’Eburnie a eu droit à un véritable cours de mathématiques du premier ministre Robert Beugré Mambé, qui voulait faire comprendre et faire intérioriser une fois pour toute, ce qu’est le coût de la vie. Les explications de notre estimé premier ministre, qui a voyagé avec l’esprit des ivoiriens à travers tous les univers mathématiques, ont abouti au fait que le coût de la vie est «mathématiquement une fonction polynomiale c’est-à-dire avec plusieurs facteurs. Il y a des au carré, il y a des tiers… ».
Il a également appris aux Ivoiriens que ces facteurs sont soit objectifs, subjectifs, soit relatifs. La différence résiderait dans les coefficients d’intérêt qu’on accorde à ces facteurs. Après ces explications de haut vol, combien d’ivoiriens ont compris et intériorisé cette lumineuse démonstration ? Finalement à quelle conclusion a-t-il abouti ? Et que doit-on retenir ? Au demeurant, a-t-on besoin de trigonométrie, de relation métrique, de probabilité, de fonction numérique ou polynomiale pour constater que la facture d’électricité est passée du simple au double ?
La déclaration du Premier ministre, devenue virale sur la toile
Ou que le prix du kilogramme de viande de bœuf et du riz a pris l’ascenseur ? Cependant, malgré les explications hautement scientifiques, le premier ministre n’a donné aucune indication quant aux perspectives de solutions imaginées par son gouvernement pour soulager les ivoiriens. Certainement que de retour de ce voyage à travers les univers mathématiques, l’esprit des Ivoiriens, en extase pour avoir fait des découvertes, ne sera pas disposé à faire des revendications et ne parlera pas du coût de la vie. Avec la fonction polynomiale, il aura compris que le coût de la vie n’est pas élevé en Côte d’Ivoire.
Après cet épisode de mathématiques, on a découvert un autre pan de la formation multidimensionnelle de notre premier ministre Robert Beugré Mambé à travers une autre déclaration devenue virale sur la toile. On a découvert à la fois un prédicateur, un psychologue et un philosophe. Alors que les ivoiriens ploient sous le poids de nombreuses difficultés de tous genres, notre estimé premier ministre leur conseille des pistes concevables pour transcender la souffrance et parvenir au bonheur infini.
Morceau choisi : « …Plus vous souffrirez dans votre travail, plus vous serez heureux, plus vous aurez de la joie, vous aurez des joies pour tendre vers la joie. Des joies et la joie, ce n’est pas pareil. Des joies, morceau par morceau, et la joie, c’est un état un peu plus permanent. La souffrance et la joie, sont des sœurs jumelles qui se nourrissent l’une et l’autre… ». Belle exhortation, qui est dans la droite ligne de ce qu’il n’y aurait pas eu de terre promise sans le désert, ou de résurrection sans la croix !
Pour les ivoiriens, « l’âge d’or n’est donc pas pour demain ».
Elle donnera certainement aux ivoiriens la force nécessaire pour supporter et accepter leurs conditions de vie actuelles, en espérant qu’à la fin, ils seront dans l’extase d’un bonheur intense. D’autant plus que le premier ministre qui est, dit-on, prédicateur dans son église, a sans nul doute en tête, cette parole des Saintes Ecritures : « l’homme ne vit pas seulement que de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».
Après avoir écouté et accepté la parole de Beugré Mambé, les ivoiriens attendent qu’il leur assure également le pain. Car le Christ, après avoir prêché la parole, a multiplié le pain pour que le peuple puisse manger à satiété. Ce pourquoi, le premier ministre a été nommé, ce n’est pas pour prêcher la bonne parole, mais pour coordonner les activités de ses collaborateurs à l’effet de trouver des réponses aux préoccupations existentielles des populations qui ont mandaté… leur mandant.
Comme on le constate, le premier ministre, tout comme certains de ses ministres, continuent de courir avec l’esprit des ivoiriens avec des explications et des déclarations mystificatrices à l’effet de noyer le poisson. C’est le symbole achevé d’une impuissance devant une situation pour laquelle ils n’ont aucune solution. Pour les ivoiriens, « l’âge d’or n’est donc pas pour demain ». Ainsi va le pays. Mais point à l’horizon, le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA
Analyste politique