Une question anodine du magazine First mag sur le bilan de la mairie du Plateau s’est transformée, lundi 20 juillet 2023, en un sévère réquisitoire contre la gestion du maire sortant Jacques Ehouo.
Jacques Ehouo, le maire du Plateau, ne va pas être content. Lundi, la question ouverte de First magazine demandant si « le maire actuel du Plateau a respecté ses promesses de campagne de 2018», s’est transformée en un terrible réquisitoire contre la gestion de celui-ci. Entre ceux qui ont alors accusé le site d’être stipendié et ceux qui veulent un bilan, le ton est vite monté.
Au titre de ceux qui pensent que le bilan du maire sortant est mauvais, Traoré Adams s’est demandé s’il y a vraiment un pilote dans la barque communale. « Y’a-t-il un maire au Plateau ? Je ne le pense pas, vu la situation de désespoir des populations de cette localité. Aucun marché pour les femmes, les jeunes sont livrés à eux-mêmes, pas d’espace de jeu, les écoles publiques sont délabrées, etc… À mon humble avis, le maire n’a pas honoré ses promesses », a-t-il tranché.
La vétusté des écoles primaires et secondaires est d’ailleurs souvent ressortie dans la discussion. Adouan Yapoga, par exemple, explique qu’« à voir l’état de délabrement des écoles publiques du Plateau, on se demande à quoi servent les autorités de ladite commune ». D’autres, par contre, préfèrent ironiser sur le sujet. C’est par exemple le cas de Jacques Hassan qui estime que « Jacques Ehouo n’a pas encore commencé à exécuter son programme ».
Environ 14 milliards de budget de fonctionnement annuel
Pourtant, en cinq années, le maire sortant aura géré un budget estimé à 70 milliards. Avec environ 14 milliards de budget de fonctionnement annuel, la mairie du Plateau fait en effet office de commune la plus riche de Côte d’Ivoire en raison de la faiblesse de sa population qui n’est que de 7 mille habitants. Avec un tel ratio, les résidents de la commune devraient être des privilégiés. Que non !
Dans les faits, la vie de certaines populations du Plateau est parfois plus précaire que celle des quartiers difficiles de notre pays. A titre d’exemple, les populations des 40 logements manquent de tout. Leurs conditions matérielles se sont d’ailleurs aggravées ces derniers mois en raison de la menace exercée par la société qui gère l’immeuble pour le compte de l’Etat. Celle-ci a multiplié les prix par trois voire quatre alors que le coût des appartements aurait été amorti depuis de nombreuses années, estiment les habitants de l’immeuble.
Pas de marché, zéro bilan !
Il y a également la situation des familles de cheminots. Celles-ci au nombre de 300 familles, vivent dans la hantise d’un déguerpissement depuis plusieurs années. Et au lieu de les défendre, le maire sortant a acté ce départ en prévoyant de les regrouper dans un bâtiment qui sera construit sur le terrain destiné aux agents de la mairie.
D’ailleurs, pour « aider » les habitants des « 40 logements », Jacques Ehouo réclame une pétition pour plaider une diminution du prix des loyers auprès du gestionnaire. De sorte que depuis Edmond Basque, le maire qui a dirigé la commune dans les années 80, il n’y a plus eu de politique sociale en faveur des résidents.
C’est ce que met en scène une vidéo dans laquelle on voit des jeunes du Plateau se plaindre d’être les oubliés de la politique de M. Ehouo. Ils se plaignent des circuits que prennent les fonds avant de disparaître. Par exemple, au titre des ouvrages municipaux, le maire avait annoncé, fin avril de cette année, la construction d’une nouvelle mairie qui serait achevée à 70%. Le coût des travaux à ce stade est estimé à plus d’un milliard de FCFA. Ce montant a fait réagir Bamba Maestro.
« Son bilan, est-ce qu’il a réellement un bilan à faire, je m’interroge. Dans le domaine de l’éducation, observez bien les écoles de la commune. Elles sont dans un état de délabrement avancé, les toitures pfff… Si on veut faire le bilan, c’est zéro à la base. La nouvelle Mairie du Plateau au coût d’un milliard se trouve où ? Pas de marché, zéro bilan ! ».
Junior Ouattara