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Eco et politique

Retour du PDCI au RHDP, le cas Tidjane Thiam…: Denis Kah Zion dit tout et fait une confidence sur Gbagbo

Deux mois après le décès du Président Henri Konan Bédié, le PDCI-RDA est comme à la croisée des chemins. Y a-t-il péril en la demeure ? Que doit-on attendre de l’engagement des militants face au choc des ambitions ? Denis Kah Zion, vice-président et membre du Secrétariat exécutif du PDCI-RDA, répond en mettant les pieds dans le plat. Tout comme il parle de sa victoire à la Mairie de Toulépleu et du rôle joué par le président Laurent Gbagbo.

Qu’est ce qui se passe au PDCI ?

D’entrée, je dirai que rien de mal ne se passe au PDCI-RDA. Ce qui a cours au PDCI-RDA présentement, c’est la vie normale que peut connaitre un parti politique qui perd, de manière inattendue, son président en plein préparatifs des élections locales, en plein préparatifs de son 13ème Congrès ordinaire et surtout en pleine projection vers l’année électorale 2025. 

Deux semaines après le rappel à Dieu du président Henri Konan Bédié, le PDCI-RDA perd aussi le coordonnateur du Collège des vice-présidents en la personne du général Gaston Ouassenan Koné et plus récemment, le décès du vice-président Lambert Kouassi Konan. Ce qui se passe donc est que le PDCI-RDA est en deuil et se bat pour surmonter l’affliction et repartir sur des bases encore plus solides. 

Les militants, à tous les niveaux, sont dans cette dynamique et sous la houlette du président par intérim, Pr Cowppli-Bony, des vice-présidents et du Secrétariat exécutif, les responsables de la JPDCI et de l’UFPDCI et de toutes les structures, chacun donne de son intelligence, de ses forces, de son expérience pour le plus grand bien du parti.

On apprend que 3 blocs se battent…

Trois blocs se battent, c’est trop dire. Le PDCI-RDA est un parti qui regorge de cadres à la fois intelligents et compétents qui veulent apporter leur pierre à la consolidation de l’édifice politique qu’avait laissé en héritage le président Houphouët-Boigny et que vient de leur léguer le président Henri Konan Bédié.

Dans la situation actuelle du parti devenu quasiment orphelin, il faut absolument sortir la tête de l’eau et pour ce faire, les cadres émettent des idées, des ébauches d’orientation. Et quand ces idées ne s’expriment pas de la même façon, alors qu’elles ont le même objectif, on ne peut pas parler de blocs qui se battent. Mais d’un débat animé.

Certains cadres seraient pour un retour au RHDP…

Pour ce que je sais au niveau du Collège des vice-présidents où je siège et du Secrétariat exécutif où je siège également, aucun débat n’a encore fait cas d’une telle hypothèse. Des gens peuvent le penser, c’est le droit absolu, mais à aucune réunion, on n’en a encore débattu. 

Les questions qui nous intéressent et pour lesquelles nous sommes mobilisés actuellement sont :

le Congrès extraordinaire qui pourrait se tenir avant la fin de cette année 2021,

-les obsèques du président Bédié dont la date n’est pas encore connue,

-l’organisation du Congrès extraordinaire et un degré moindre la candidature du PDCI-RDA pour la présidentielle de 2025

Ils demandent la fin de l’alliance avec le PPA-CI…

Nous avons une alliance stratégique électorale avec le PPA-CI. Dans bien de localités, nous sommes allés aux élections municipales et régionales du 2 septembre dernier en alliance. Nous avons gagné dans des localités, dans d’autres, nous avons échoué. Qu’est-ce qui a marché dans cette alliance et qui nous a valu la victoire là où nous avons gagné ? 

Qu’est-ce qui n’a pas marché dans notre alliance qui nous a valu de perdre dans d’autres localités ? Nous devons, à tête, reposée, faire le bilan, commune par commune, région par région, entre nous à la base, puis nous asseoir au sommet pour analyser froidement les données récoltées au cours de ces bilans à la base. 

Puis en tirer les conséquences pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. Donc, on ne saurait parler comme cela de fin de l’alliance. Tout comme je ne peux pas annoncer ici aussi que le PDCI-RDA et le PPA-CI continuent l’alliance sans bilan. Ce sont deux partis responsables et bien outillés. Le moment venu, ils diront ce qui est bien pour eux et pour les Ivoiriens.

L’opposition entre les cadres s’accentuent, dirait-on…

Cela participe de la dynamique d’un parti politique. Le PDCI-RDA est un parti de dialogue et le dialogue suppose laisser les gens dire ce qu’ils ont en idée et confronter les arguments pour en ressortir la meilleure ligne. Le PDCI-RDA privilégie aussi la démocratie interne, comme le président Bédié nous y a habitués. 

En 2002, au Congrès, il a affronté le SG Dona-Fologo qui voulait être président du parti, en 2015, le président Bédié, dans le cadre de l’élection du président du parti a affronté les candidatures du Pr Alphonse Djédjé Mady et de KKB. En 2010, même pour la présidence de la République, le PDCI-RDA a fait un appel à candidatures. 

Donc, la démocratie interne, qui est de mise, peut jouer le cas échéant pour le choix du président du parti et éventuellement pour le choix du candidat à la présidentielle de 2025. Oui, des cadres ont des idées qui pour l’instant, tranchent sur la marche et peut-être l’avenir du parti. 

Mais au PDCI-RDA, nous savons que le dialogue primera et que toutes les ambitions sont bonnes dans le cadre de la cohésion du parti. Le PDCI-RDA saura conjuguer le dialogue et la démocratie interne.

La question de la succession de Bedié est également au centre des discordes…

Oui, cela est évident. L’article 43 de nos statuts dit qu’en cas de décès du président, le plus âgé des vice-présidents assure l’intérim du président du parti. Cet intérim ne doit excéder six (6) mois. Le président Bédié est décédé le 1er  août 2023 et le 2 février 2024, l’intérim  du Pr Comppli-Bony finit. Ce qui veut dire que nous devons élire un nouveau président avant le 2 février. 

Et ce, dans le cadre d’un Congrès extraordinaire dont la réunion du Bureau politique va arrêter la date, le lieu et le thème, ce samedi 14 octobre. Pour moi, on fait le Congrès et ensuite, on enterre Bédié dignement. En pareilles circonstances, il y a un choc d’idées, mais dans le bon sens de la marche du PDCI-RDA. Et nous sommes bien partis pour réussir cette succession en douceur.

On parle de plus en plus de l’entrée du PDCI au gouvernement… 

Je ne suis pas le président par intérim, ni le secrétaire exécutif en Chef, ni encore le porte-parole du parti pour vous dire oui ou non. Ce que je sais, en tant que vice-président et membre du Secrétariat exécutif, c’est que jusqu’à ce jour (NDLR : jusqu’au moment où nous mettions sous presse), la question n’est pas à l’ordre du jour. 

Et pourquoi le PDCI-RDA devrait entrer dans ce gouvernement que d’aucuns qualifient de gouvernement de fin de mandat du RHDP ? Surtout aussi que nous n’avons pas encore vidé le contentieux électoral de 2020 qui a fait tant de dégâts ! Le parti, actuellement, a d’autres préoccupations et le paysage politique ne s’y prête guère. 

Les préoccupations actuelles du PDCI-RDA sont :

d’abord le deuil qu’il porte avec le décès de son président et de son vice-président dont les obsèques et l’inhumation restent de priorité.

L’autre priorité est l’organisation du Congrès électif pour se doter d’un nouveau président, mais avant, il lui faut tenir un Bureau politique qui donnera la nature, les contours et l’ordre du jour du Congrès.

Après le Congrès, le PDCI-RDA devra mettre le cap sur 2025 et se mettre dans le starting bloc en organisant une Convention pour la désignation de son candidat pour la présidentielle 2025. Car, qu’il l’accompagne maintenant comme vous le dites, ou non, le PDCI-RDA aura en face, en 2025, un RHDP plus gourmand que jamais qui ne voudra lui laisser aucune marge de manœuvre.

L’autre raison pour laquelle le PDCI-RDA ne pense pas entrer dans ce gouvernement est que depuis 2018, tous ses cadres qui n’ont pas voulu porter les couleurs du RHDP ont été limogés de leurs différents postes de responsabilité. Moi, par exemple, j’ai été limogé de mon poste de PCA de La Poste de Côte d’Ivoire, parce que j’ai refusé d’adhérer au RHDP. 

Cela fait donc cinq (5) ans que le RHDP est seul à la barre, et donc gère comme il l’entend. Ce n’est donc pas à seulement deux (2) ans de 2025 que le PDCI-RDA va aller se jeter dans le train gouvernemental pour se voir traiter de comptable du bilan que ce parti fera ou que les Ivoiriens demanderont au RHDP.

Le cas de Thiam divise.

Le cas Tidjane Thiam ne saurait diviser au PDCI-RDA. Il est militant et membre du Bureau politique. Qu’il ait des ambitions est tout à fait normal, surtout s’il veut se mettre au service de notre parti, cela est tout à son honneur. Et dans le cadre de ses ambitions, ceux qui croient en sa capacité et en ses chances de faire gagner le PDCI-RDA le font déjà savoir par plusieurs canaux. 

Il y a aussi d’autres personnalités au PDCI-RDA, comme notamment les vice-présidents Jean-Louis Billon et Thierry Tanoh, dont les relais s’emploient à montrer et démontrer les capacités à faire gagner le PDCI-RDA. 

Le PDCI-RDA, parti démocratique (comme le dit son nom) ne saurait brimer une ambition. Seulement, le cadre d’expression officielle, la Convention, de toutes ambitions s’ouvrira, et là dans l’ordre et le respect des textes le parti s’offrira le meilleur choix. Non, le cas Thiam ne divise pas, il alimente le débat.

Retour sur les élections municipales à Toulépleu et les Régionales dans le Cavally qui vous ont opposés à la fratrie Ouloto. 

En effet, les dernières élections locales ont opposé la coalition PDCI-RDA/PPA-CI au RHDP dans la région. Le ministre Hubert Oulaye était le candidat de la coalition face à la ministre Anne Ouloto aux Régionales et j’étais le candidat de cette coalition face à Eric Ouloto, frère ainé de Anne Ouloto dans la commune de Toulépleu. Nous nous sommes battus comme il se devrait face à la machine déployée par le RHDP, et nous avons gagné dans la commune. Malheureusement, nous n’avons pas pu sécuriser la victoire aux Régionales

Qu’est-ce qui n’a pas marché dans la région, alors que vous avez gagné en commune ?

Le moment venu, nous allons faire le bilan, comme je le disais. Mais sachez que dans cette élection, il n’y avait pas que les urnes pour trancher, il n’y avait pas que le vote des électeurs qui comptait. Il y avait toute une batterie d’armes secrètes de l’adversaire.

Nous avons eu affaire à une transhumance à outrance, des intimidations et menaces sur le personnel électoral, des manigances au dépouillement et même à la proclamation des résultats. Quelque part, notre bilan de 10 ans a milité en notre faveur, mais surtout notre alliance a mis toutes les chances de notre côté. 

Je voudrais donc, sur ce, exprimer ma gratitude aux militants du PPA-CI qui ont traduit l’alliance dans le vote, dire grand merci aux responsables PPA-CI de Toulépleu, avec à leur tête le coordonnateur adjoint Ouhognonwon Romain, le candidat Djahi Kani Marcel actuellement 1er adjoint au maire, aux fédéraux, au directeur de campagne chargé des communautés Péhé Laurent et à toutes les bonnes volontés. 

Dans la commune, nous sommes restés vigilants de la campagne jusqu’à la proclamation des résultats, et même pendant l’élection interne pour la désignation du maire et des adjoints. Avons-nous manqué de vigilance dans des villages reculés ? Je ne saurais le dire. Toujours est-il que la moindre faille de vigilance a été mise à profit par l’adversaire qui avait les moyens colossaux et la machine de l’Etat. Mais nous allons tirer des leçons de tout cela. Je n’en dirai pas plus.

Votre candidature aux Sénatoriales a été rejetée… 

Oui, le lundi 21 août 2023, dans un communiqué lu par son porte-parole et repris dans les médias, la Commission électorale indépendante (CEI) a rendu publique la liste des candidats pour les élections sénatoriales du 16 septembre 2023. Sur les 129 dossiers de candidatures réceptionnés, six (6) ont été rejetés pour des raisons énumérées par CEI.

Pour ce qui est de mon dossier rejeté, la CEI a dit : « Concernant le dossier de candidature présenté par Monsieur Zion Kah Denis, candidat investi par le PDCI-RDA dans le Cavally, circonscription numéro 17, il ne comporte qu’une seule candidature, celle de Monsieur Zion Kah Denis, alors qu’aux termes des dispositions du Code Electoral, les candidatures aux élections des Sénateurs sont présentées sous forme de liste comportant deux candidats pour les deux sièges à pourvoir dans chaque circonscription… » 

Suite à cette décision, j’ai reçu de nombreuses réactions, par appels, par messages, de simples militants aux hautes personnalités nationales, en passant par les responsables des partis politiques ivoiriens. J’ai reçu, entre autres, les appels du président Laurent Gbagbo, président du PPA-CI, du Pr Cowppli-Bony, président par intérim du PDCI-RDA, pour évaluer la situation créée par cette décision pour le moins inattendue de la CEI. 

« Que s’est-il passé pour que ma candidature soit rejetée pour défaut de colistier ? »

Le Président Laurent Gbagbo m’a demandé d’évacuer de ma tête cette affaire et de me concentrer sur l’élection municipale que je n’ai pas le droit de perdre, vu le travail abattu. Et c’est fort de ses conseils que j’ai renoncé à donner une suite à ce rejet de ma candidature.

Avec le recul, je me suis rendu compte que les conseils du président Gbagbo m’ont évité de me disperser et donc sans ces conseils peut-être que j’aurais perdu deux élections, puisqu’avec la configuration de l’après locales, je ne pouvais pas gagner les Sénatoriales. 

Autrement dit, c’est le coup de fil de Gbagbo qui m’a fait gagner à Toulepleu. Je voudrais dire toute ma reconnaissance au président Laurent Gbagbo ainsi qu’à son épouse Nady Bamba. A mon niveau, j’ai simplement pris acte de cette décision, et avec moi, mon parti le PDCI-RDA qui m’a investi et qui ne pouvait pas m’investir sans une autre candidature, comme l’exigent les textes. 

Que s’est-il passé pour que ma candidature soit rejetée pour défaut de colistier ? J’aurais pu me plaindre contre le Comité de suivi des élections du PDCI-RDA dirigé par le Pr Niamkey Koffi, pour avoir déposé mon dossier sans colistier, et d’avoir occasionné ce rejet qui a jeté le trouble dans l’esprit de mes électeurs (ils pensaient même que je n’étais plus candidat à rien). 

Au finish, les candidats retenus Sarra Bohé (PDCI) et Jacques Gnahé (PPACI) ne se sont même pas présentés le jour de l’élection des Sénateurs. Je m’abstiens de faire des commentaires.

Interview réalisée par O.C

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