
Culture et société
Après 45 ans passés dans l’armée dont 33 ans de carrière d’officier, comment Colonel KPAN Félix vit sa retraite : Ce qu’il dit de l’EMPT en tant qu’Ancien Enfant de Troupe (AET)
Colonel KPAN Félix est natif de Zonneu dans le département de Danané. Officier des Forces Armées de Côte d’Ivoire à la retraite, il a été Attaché de Défense près des Ambassades de Côte d’Ivoire en Afrique du Sud, en Angola, au Botswana, en Namibie et au Zimbabwe avec résidence à Pretoria. Après le Bac F2, il a été orienté à l’INSET de 1985 à 1988. Avec le Diplôme Universitaire de Technologie (DUT) option Electronique obtenu à l’INSET de Yamoussoukro, il rejoint l’Ecole des Forces Armées de Bouaké pour une formation d’officier qui prit fin en 1990. Au terme de 33 ans de carrière d’officier, il est admis à la retraite depuis le 31 Décembre 2023. Embrassant une nouvelle vie de civil, Colonel Kpan Félix brise le silence dans une interview.
Q1 : Colonel, quel résumé faites-vous de votre récente mission qui a duré quatre ans en Afrique du Sud ?
En effet, c’est en 2019 que j’ai été nommé par l’Etat ivoirien en qualité d’Attaché de Défense, un poste de représentation auprès des Ambassades en matière de défense.
Pour dire vrai, j’ai accompli hors du pays une mission exaltante, passionnante mais très délicate. Après les quatre (04) ans de poste diplomatique, j’ai un réel sentiment d’une mission accomplie tout en sachant qu’aucune œuvre n’est parfaite et que les défis ne sauraient être exclus. Retenons tout simplement que c’est une plus-value pour une fin de carrière d’officier.
Q2: Vous avez eu un parcours exceptionnel dans la carrière militaire. Que pensez -vous aujourd’hui de la gestion de l’EMPT en tant qu’Ancien Enfant de Troupe (AET) ?
Ecoutez ! En tant qu’Ancien Enfant de Troupe, je puis dire que ce fut une énorme fierté d’avoir été pensionnaire pendant sept (07) années, de cette prestigieuse école, une école d’excellence. Il est impossible de parler d’elle sans émotions. Il y a forcément de la nostalgie car elle m’a pris toute mon enfance et mon adolescence.
C’est une école qui se bonifie au fil des années pour s’adapter aux réalités de chaque époque. L’un des changements notables qui a marqué nos esprits les dix dernières années, ce fut l’accessibilité de l’Ecole aux jeunes filles qui, au regard des résultats obtenus, constituent une réelle satisfaction nationale voire internationale. Tout cela a été possible grâce à une gestion rigoureuse de la direction de l’Ecole dont les cadres ont été choisis selon les critères d’excellence par nos autorités.
Q3: Si vous devez faire des propositions pour plus d’accessibilité à cette école, qu’avez-vous à dire?
Je pense que la grande partie de la réponse à votre question se trouve dans la précédente. Je pourrais néanmoins renchérir en disant qu’au regard des conditions d’organisation du concours qui couvre tout le territoire ivoirien, l’opportunité est d’emblée donnée à tous, sans exclusive. A chacun de se préparer conséquemment au combat pour obtenir le “ master key”(clef sésame) afin d’accéder à cette prestigieuse école qui a besoin des génies et de la ressource humaine de qualité.
Q4 : Désormais à la retraite, comment la vivez-vous ?
Je vis une retraite tranquille et bien méritée après presque 45 ans de présence effective sous les drapeaux dont 33 ans de carrière d’officier. Pour moi qui ai expérimenté les cultures francophone et anglophone, je puis vous dire que, les anglophones font de la retraite un véritable repos qui reste actif car c’est une nouvelle vie et ère qui commencent. En terme générique, il va falloir s’acclimater et se tropicaliser.
Q5: Vous êtes Président de la Mutuelle de Développement de Zonneu. Pourquoi avez -vous accepté la main tendue de vos frères et sœurs zonnois à les conduire sur le chemin du développement ?
J’ai la destinée de la Mutuelle de Développement de Zonneu (MUDEZO) depuis Juillet 2016, étant en fonction, à la suite des reformes de la première organisation dénommée ZOGADOBLEUWA afin de nous adapter aux réalités du 21ème siècle. J’y ai appris à marcher dans les pas de mes ainés pendant 22 ans, depuis sa création en 1994. Etant le plus jeune des pionniers, je me suis investi sans rechigner pour mieux apprendre son fonctionnement. Je n’avais que 28 ans à cette époque. En 2015, nous avons demandé et obtenu des aînés un passage de flambeau.

Après donc mon élection, j’ai envisagé une mutuelle sous un autre angle. Dieu merci ! Nos réformes entamées ont porté leurs fruits. La MUDEZO a désormais un cadre juridique avec un statut et règlement intérieur, une cohésion sociale effective à travers des plateformes accessibles à tous et des assistances concrètes, un renforcement des capacités avec un Bureau exécutive fonctionnel, une couverture territorial et internationale par la nomination des délégués locaux et de la diaspora, une participation des activités intra et extra- muros, une gestion rigoureuse des deniers basée sur la transparence garantissant ainsi la bonne gouvernance; une matrice d’action découlant des termes de références clairs, solides et précis et enfin l’ouverture prochaine d’un compte bancaire. Il faut aussi noter que le Bureau exécutif est inclusif et prend en compte la politique du genre.
En résumé, j’ai constitué une équipe dirigeante dynamique dont l‘objectif principal est de contribuer au développement notre village, Chef-lieu de Sous-Préfecture dans sa marche vers un développement harmonieux et prospère avec tous ses fils et filles sans exclusive.
Q6: Votre village Zonneu est chef -lieu de Sous-préfecture en manque d’infrastructures pour son développement . D’où vient votre malheur ?
Ecoutez !! Il faut faire la part des choses en employant les mots justes. Je ne saurais employer le terme “Malheur”. En effet, il y a quelques années, nous n’étions qu’un simple village appartenant à la sous-préfecture de Mahapleu. Aujourd’hui, ZONNEU est le chef-lieu de sous-préfecture regroupant seize (16) villages. Evidemment les choses ont changé en termes de développement.
Je pense qu’il faut d’abord reconnaitre les efforts consentis par l’Etat par l’octroi de certaines facilités telles que l’électrification, un château d’eau en construction, un collège flambant neuf, un dispensaire et une maternité ultra moderne en voie de construction. Je pense que cela n’est pas à négliger. Les bases ont été mises en place, à nous cadres et organisations de développement de nous mettre ensemble vers une vision commune afin de donner de la valeur à tous les acquis.
Q7: Quel est votre regard de la politique telle que pratiquée dans le Tonpki?
Je ne saurais parler de quelque chose que je n’ai jamais pratiquée ni expérimentée pour me faire une réelle lisibilité des acteurs. Cela pourrait volontairement ou involontairement écorcher certaines personnes par ma méconnaissance du milieu. Tout ce que je peux souhaiter aujourd’hui, c’est de voir des frères et sœurs Unis autour d’une vision commune qui concerne le développement de notre région à l’instar des autres régions de la Côte d’Ivoire et qui facilite le bien-être de nos populations dans une fraternité vraie en respectant strictement la diversité dans tous les domaines.
Q8: Vos opinions de l’insécurité liée à la délinquance juvénile, le trafic de tout ordre et la porosité de nos frontières?
C’est un sujet très vaste dont vous parlez et qui devait être vu de manière nationale car relevant de la politique de defense du territoire. Sous cet angle donc, nous passerons toute une journée. Néanmoins, si j ‘avais à vous répondre, je dirais simplement que l’insécurité est liée à plusieurs facteurs sociaux. Mais celui lié à notre jeunesse doit être traité avec délicatesse en responsabilisant d’abord chaque famille car c’est une question d’éducation.
Ensuite, il y a l’oisiveté qui est un facteur determinant. Il faut occuper sainement cette jeunesse. Parlant de notre ville en général et de Zonneu en particulier, c’est la sensibilisation qui doit prédominer. Nous devons réorganiser notre jeunesse afin de lui proposer des projets d’autonomisation àgrande échelle. Cela nous permettrait de negocier des moyens auprès des autorités gouvernementales.Maintenant, concernant la porosité de nos frontières, je dirai aussi que c’est un phénomène national et même internationale. Personne ne pourrait prétendre le régler au niveau local.
Q9 : Colonel KPAN Félix, avez-vous des prétentions à vouloir faire la politique ?
Après un aussi long séjour dans la grande muette, 45 ans, il serait prétentieux et hasardeux de se jeter sans aucune assurance, sans repère dans un tel milieu où les connaissances intellectuelles ne suffisent pas. Ce serait un saut dans le vide même si je suis de formation Commando-parachustiste(rire).
En toute humilité et dans la sagesse, il faut absolument se donner un temps de réflexion surtout juste après quelques mois de retraite. Mais cela ne m’empêchera pas de maintenir mes amitiés et mes relations déjà acquises tout en me mettant à la disposition des bonnes intentions.
Q10 : Votre mot de fin….
En guise de conclusion, je remercie La presse Le Meridien pour l’honneur que vous me faites à travers cette interview. J’espère avoir été à la hauteur de vos attentes. En ma qualité de cadre de notre région, je souhaite un élan de vraie fraternité et une entente entre tous les fils et filles quelques soient nos divergences.
A mes frères et sœurs de la Mutuelle, je voudrais dire à chacun et à chacune que mon engagement et ma vision pour la réussite de notre mission à la tête de notre outil de développement restent inchangés.
Notre MUDEZO a désormais une âme renforcée. Je demande que nous restions focalisés sur l’objectif qui est celui d’un développement sûr et certain de notre belle cité ZONNEU. Je vous remercie. Que Dieu notre beau pays, notre Région, notre Département et surtout notre belle cité. Vive ZONNEU
Propos recueillis par Sony WAGONDA
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