Le 28 janvier 2024, nous avons été informés du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO, exposant les divergences longtemps présentes avec l’organisation régionale, notamment en matière d’ingérence dans leurs affaires intérieures et de gestion jugée inefficace.
Malgré ces critiques, nous restons partisans de l’intégration africaine, une nécessité pour affronter les défis à venir. Cependant, notre désaccord émerge face aux régimes militaires actuellement au pouvoir dans ces pays, même si la CEDEAO, sur le plan politique, semble ne pas avoir le poids nécessaire, traînant ainsi son discrédit et l’image d’un conglomérat de chefs d’État réunis pour prendre des décisions impopulaires.
Le retrait de ces trois pays de la CEDEAO engendrerait des répercussions considérables sur les plans économique, politique, et sécuritaire. Les régimes militaires en place ne semblent pas chercher la démocratisation, mais plutôt à prolonger leur règne, illustré par leurs rapprochements suspects avec la Russie et la Chine.
Les populations pourraient en payer le plus lourd tribut car leur développement se trouve hypothéqué avec le maintien au pouvoir des militaires. Nous souhaitons que la gestion de l’État revienne rapidement aux civils pour mettre tout le monde en confiance et laisser la démocratie s’exprimer.
Il est impératif de prendre en considération les implications sur les populations
Nombreux sont ceux qui parlent d’indépendance, mais nous exprimons des doutes quant à la véritable indépendance que ces pays pourraient gagner, craignant que leur détachement de la France ne conduise à une dépendance à d’autres puissances. Cela soulève des inquiétudes quant à la souveraineté effective et à la possibilité d’un simple remplacement de la supposée dépendance actuelle par une autre.
Face à cette situation, une révision profonde de la CEDEAO s’impose pour restaurer sa crédibilité. La réaction du 28 janvier de la CEDEAO indique que la procédure de retrait a été biaisée, suscitant des doutes sur la sincérité de cette démarche. En conséquence, nous appelons les chefs d’État du Mali, du Burkina Faso et du Niger à suivre la procédure normale de retrait, évitant tout effet d’annonce populiste.
Une révision profonde de la CEDEAO et une démarche respectant les procédures normales sont essentielles
Comme l’a montré le Brexit en Europe, de telles procédures nécessitent une approche sérieuse et respectueuse des conséquences, permettant à nos populations de se préparer adéquatement. Il est impératif de prendre en considération les implications sur les populations, surtout dans des pays tels que la Côte d’Ivoire qui accueille un grand nombre de ressortissants de nos nations.
Avec plus de 7 millions d’étrangers venant de ces pays en Côte d’Ivoire, les autorités devraient mettre en place des mesures pour atténuer l’impact sur ces communautés et assurer une transition en douceur, si le retrait est inévitable. Finalement, bien que les critiques envers la CEDEAO soient valables, le retrait de nos trois pays soulève des inquiétudes majeures quant à nos choix politiques et à l’impact potentiel sur nos concitoyens.
Une révision profonde de la CEDEAO et une démarche respectant les procédures normales sont essentielles pour préserver notre intégration régionale et atténuer les répercussions sur nos populations.
Ahouman Gaël Lakpa, Citoyen Ivoirien,
Auteur-Écrivain : Poète, Romancier et Dramaturge, Analyste Sociopolitique.