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Cherté de la vie, affaire "la Côte d’Ivoire redevenue PPTE"...: Comment le régime Ouattara court avec l'esprit des Ivoiriens

Eco et politique

Cherté de la vie, affaire « la Côte d’Ivoire redevenue PPTE »…: Comment le régime Ouattara court avec l’esprit des Ivoiriens

La Côte d’Ivoire, notre pays est assurément un pays de tous les possibles. Dire et se dédire y cheminent allègrement à tel point que le peuple ne sait plus à quoi s’en tenir. En plus des difficultés qu’ils ont pour trouver des réponses à leurs préoccupations existentielles, desquelles découle une déprime sans nom, ils ont à supporter les déclarations et les explications alambiquées des gouvernants, sur ce qu’il leur est donné de vivre. Ce qui en rajoute beaucoup plus au doute et à la confusion, que ne donne d’éclairage sur la situation que vivent ces ivoiriens.

Chaque membre du gouvernement qui apparait pour expliquer une situation, donne l’impression de courir avec l’esprit des ivoiriens, à tel point qu’à la fin de son explication, peu sont ceux qui retiennent quelque chose. Les exemples sont légion. Peu avant la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2024, les Eléphants, l’équipe nationale de Côte d’Ivoire, recevaient en match amical, les Aigles du Mali, au stade flambant neuf d’Ébimpé, baptisé Stade Alassane Ouattara. 

Au cours du match, survint une pluie qui transforma la pelouse de ce joyau architectural en champ de patate pour certains, en rizière pour d’autres, mettant à nue les imperfections de la pelouse, censée avoir été refaite à hauteur de plusieurs milliards de F CFA.bEntre honte et colère, les Ivoiriens y sont allés de leur frustration et de leur indignation à travers les réseaux sociaux, réclamant des sanctions à l’encontre des responsables du ministère en charge des Sports.

Bien que n’étant pas adepte des réseaux sociaux, et ne s’y informant pas, selon ses propres dires, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, est monté au créneau pour asséner ses vérités et donner des réponses aux préoccupations des Ivoiriens. Il a surtout voulu répondre à ceux qui demandaient la démission du ministre des Sports. Avec un ton goguenard teinté de mépris, il avait déclaré :

« …Je ne m’informe pas sur les réseaux sociaux. Ce sont des lieux d’expression d’émotions et où malheureusement tout le monde est expert. Parler de prendre des sanctions, je ne sais pas comment sanctionner le ciel… Je ne vois pas en quoi pour un événement naturel, il y aurait des sanctions à prendre… En raison du dérèglement climatique, une pluie exceptionnelle, votre ouvrage est dépassé…A partir de ce moment qui voulez-vous qu’on sanctionne ? Je pense qu’il faut arrêter un peu. Je sais que les populations sont friandes de sacrifices et elles espèrent qu’on coupe des têtes. Mais là il s’agit d’intempérie… ».

Amadou Coulibaly peut-il encore être crédible face aux Ivoiriens ?

Quelques jours plus tard, le porte-parole du gouvernement revint pour informer les ivoiriens du limogeage de la directrice générale de l’Office National des Sports (Ons). Dans sa lancée, et se fondant sur le rapport des experts en pelouse de la Confédération Africaine de Football (Caf), Amadou Coulibaly a affirmé que ledit rapport indique qu’il y a eu des problèmes avec l’entretien de la pelouse, de sorte que des algues ont empêché le système de drainage de fonctionner. 

Dès lors que le rapport met en cause des questions de fourniture d’intrants pour l’entretien de la pelouse, il appartenait au ministère des Sports de tirer toutes les conséquences, et c’est ce qu’il a fait. Après avoir dit cela, le porte-parole du gouvernement a-t-il pu objectivement se regarder dans une glace ?  Quid de la « pluie exceptionnelle » fautive ? Pourra-t-il se plaindre, si désormais les ivoiriens n’accordent aucun crédit à sa parole ? 

Autre lieu, autre explication. Se prononçant sur le coût de la vie, le premier ministre Robert Beugré Mambé s’est lancé dans une démonstration qui a donné du tournis à tout le monde. Il a affirmé que si on était à l’Ecole des Statistiques ou l’Ecole des Ingénieurs du Génie civil, il aurait donné une seule formule qui aurait réglé tout le problème. Ainsi pour lui, le coût de la vie est «mathématiquement une fonction polynomiale, c’est-à-dire de plusieurs facteurs ; il y a des « au carré », il y a des tiers…Il y a trois facteurs essentiels dans le coût de la vie. 

Pourquoi une personne bien portante, non séropositive, irait inscrire son nom sur la liste de ceux qui doivent bénéficier  de médicaments antirétroviraux ?

Il y a des facteurs objectifs, des facteurs subjectifs et des facteurs relatifs… Ce qui va faire la différence entre ces trois facteurs, ce sont les coefficients d’intérêt que vous allez affecter à chacun de ces facteurs… ». Finalement à quelle conclusion a-t-il abouti ? Que doit-on retenir de toute cette démonstration ? Combien sont ceux qui ont écouté notre estimé premier ministre, ont véritablement compris sa lumineuse ou plutôt son amphigourique démonstration, au point d’intérioriser sa conception du coût de la vie? 

On en était là, quand survint une autre polémique : la Côte d’Ivoire est elle redevenue Ppte (Pays Pauvre Très Endetté) ? Certains l’affirment pour avoir vu sur le site de la Banque Mondiale le nom de notre pays sur la liste Ppte. D’autres affirment le contraire arguant que c’était une ancienne liste non actualisée. La voix autorisée qu’est celle du ministre des Finance et du Budget a tranché. La Côte d’Ivoire n’est pas redevenue Ppte en dépit de son endettement, largement  supportable par son économie. Mais un extrait d’une déclaration du ministre des Finances et du Budget, sème le doute et la confusion dans l’esprit de nombreux ivoiriens :

« …La Côte d’Ivoire est devenue beaucoup plus riche de sorte que même si on emprunte, on a la capacité de servir la dette. Nous avons adhéré à cette facilité pour Ppte, mais nous ne sommes pas Ppte… ». La dernière phrase laisse perplexe et conduit à une violente interrogation ! Faisons simple :  Pourquoi une personne bien portante, non séropositive, irait inscrire son nom sur la liste de ceux qui doivent bénéficier  de médicaments antirétroviraux ? C’est à y perdre son latin… mais « c’est comme ça ça y est ». Certainement que nous qui ne comprenons pas grand-chose à toutes ces explications de haut vol, et dont on se promène avec l’esprit, n’avons que pour seul diplôme, notre extrait d’acte de naissance. Ceci explique certainement cela. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.

NAZAIRE KADIA 

Analyste politique

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