On ne le dira jamais assez, Alassane Ouattara est sans nul doute la personnalité politique qui a le plus suscité de débats et de polémique. Entre un Premier Ministre dit « étranger » imposé par les institutions de Bretton Woods dans une Côte d’Ivoire au bord de l’implosion socio-économique, au début des années 90 et un Président de la République, en passant par le déni de nationalité, les humiliations et les tribulations, Alassane Ouattara n’est assurément à aucune autre personnalité publique ivoirienne pareille.
Pour ses partisans, il est non seulement l’homme providentiel, le «sauveur» d’une Côte d’Ivoire à la dérive, d’une Côte d’Ivoire en proie aux démons de la division et de la violence, mais encore celui qui pourra redonner leur dignité aux Ivoiriens originaires du Nord. Pour ses détracteurs, en revanche, il est cet « étranger » qui se sert de la cause des musulmans pour satisfaire ses ambitions politiques personnelles.
Pour autant, s’il est une chose qui est évidente, c’est que depuis qu’il a accédé à la magistrature suprême, à la suite d’une élection controversée qui donnera lieu à une crise post-électorale sans précédent, l’homme plus déterminé que jamais, a su s’imposer comme un leader hors pair doté d’une vision dont le but ultime est de parvenir à une transformation structurelle et durable de la société ivoirienne.
Alors, à supposer même que, comme veulent le faire croire ses calomniateurs, il est cet «opportuniste qui ne recule devant rien pour assouvir des desseins personnels, fut-il lever une rébellion armée » ou qu’il soit de près ou même de loin mêlé à ces divers cycles de violence qui ont lieu en Côte d’Ivoire, depuis 1999, ce qui reste à être démontré, il faut reconnaître qu’il est le seul à pouvoir y apporter une solution durable.
La relance de l’économie ivoirienne
Et c’est ce à quoi l’on assiste depuis 2011, justement. En effet, depuis qu’il a pris les rênes du pouvoir exécutif, il ne fait que multiplier les initiatives aux fins d’ériger une société ivoirienne prospère et résiliente. D’abord, il s’agit des fameux programmes présidentiels d’urgence (PPU) qui ont ouvert le bal des efforts de réhabilitation et de reconstruction post-conflit, c’est-à-dire « entre la fin des hostilité et le rétablissement des services assurés en temps de paix et de vie normale ».
Il s’agissait, concrètement, de s’attaquer aux «problèmes cruciaux qui se posaient aux populations dans les secteurs de l’administration, de la santé, des infrastructures routières, de l’eau, de l’électricité, de l’éducation et de la salubrité. ».
Ensuite, le second pilier de la reconstruction était la réconciliation. Partant du postulat que les crises qui ont éclaté en Afrique, depuis le début de la décennie 90, sont étroitement liées à des conflits ethniques et qu’au sortir de cette épreuve, la plupart des citoyens de ces pays « désirent très souvent la paix, la justice et la vérité » sans lesquelles valeurs, aucun effort de consolidation de la paix ni de développement n’est possible, le Président Alassane Ouattara mit en place la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR), conformément à la promesse qu’il avait faite lors de la campagne présidentielle.
Il était désormais question de «… rassembler à nouveau la nation exsangue et éparse, remodeler et recoudre le tissu social, restaurer l’esprit de paix et de concorde qui caractérisait la Côte d’Ivoire ». Ces deux étapes franchies, il fallait à présent relancer l’économie en remettant en marche les appareils de production.
« En comparant Houphouët-Boigny et Alassane Ouattara, quelqu’un disait que si le premier est le Père Fondateur de la Côte d’Ivoire, le second en est le Père Bâtisseur »
Il fallait commencer par rénover le climat des affaires et revitaliser les petites et moyennes entreprises et industries qui demeurent le «véritable poumon de l’économie ivoirienne » car le rang de la Côte d’Ivoire dans le classement Doing Business qui, en 2010 était 168 sur 183, était loin d’être honorable.
Aujourd’hui, le pays a peu à peu reconquis la place qui était la sienne avant ces périodes sombres et ses performances sont partout saluées car il est redevenu le fleuron de l’économie ouest-africaine, représentant à elle-seule 40% de l’activité économique de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)3.
Tout se passe comme si l’histoire du pays avait connu une trajectoire sinusoïdale, où les pics correspondent respectivement aux périodes d’Houphouët-Boigny et Alassane Ouattara alors que les creux se rapportent de la fin 1999 jusqu’en 2011, période marquée par le coup d’Etat de 1999, la crise de 2002 et la crise post-électorale.
En comparant Houphouët-Boigny et Alassane Ouattara, quelqu’un disait que si le premier est le Père Fondateur de la Côte d’Ivoire, le second en est le Père Bâtisseur. Y a-t-il meilleure métaphore que celle-ci pour traduire la vision et le leadership du PRADO?
Oussou Kouamé Rémi, PhD et MA, enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouake et expert en développement professionnel des élèves et étudiants.