En janvier 2012, lors d’un entretien avec une chaîne de télévision française, le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, avait lancé un nouveau concept pour justifier la priorité donnée aux ressortissants du nord dans les nominations aux postes de responsabilité. Il avait déclaré:«…il s’agit d’un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du nord, soit 40% de la population, étaient exclues des postes de responsabilité…» ( www.l’express.fr).
Quoiqu’à l’évidence, cette affirmation n’était pas conforme à la vérité, parce que sous Gbagbo de 2003 à 2011, tous ceux qui comptaient en Côte d’Ivoire, ont participé à la gestion du pouvoir, elle donna le coup d’envoi d’une politique centrée sur un parti politique le Rhdp, et par-delà sur les communautés du nord. A ceux-ci, reviennent tous les postes de responsabilité, peu importe la compétence ou la moralité.
Dans l’administration, il ne fait pas bon d’être estampillé militant de l’opposition. Il sera difficile à quiconque qui le voudraient, de trouver dans l’administration, un directeur ou un sous-directeur ouvertement militant de l’opposition, quelles que soient sa compétence et son expérience. Cette gestion « sectariste » est élargie à tous les domaines.
Et Mgr Marcellin Yao Kouadio, ne croyait pas si bien dire quand il affirmait au cours de son homélie de la messe de clôture de la 123eme assemblée plénière des Evêques catholique de Côte d’ivoire que : « …le développement est effectué en morceau choisi, en reconnaissance aux militants dociles, en représailles aux localités insoumises… ». Telle est la dure réalité aujourd’hui dans notre pays. Que dire de la désillusion du Dr Ahua Junior, ex militant du Rdr (rhdp), après son éphémère passage à SODERTOURS LAC. Ecoutons-le :
On en vient à désespérer de ceux qui tiennent aujourd’hui en main notre destinée
« …la politique des responsables consistait à congédier les Akans au profit des nordistes…le tribalisme rampant et les proportions inquiétantes qu’a atteint le rattrapage ethnique du Rdr, sont une réalité en Côte d’Ivoire…ils m’ont dit, tu n’es pas Dioula, quand on se battait tu étais où ?…Depuis Houphouët jusqu’à Ouattara, en passant par Bédié, Guéi et Gbagbo, jamais les ivoiriens n’ont vécu ce qu’ils expérimentent aujourd’hui…Il faut être nordiste pour être nommé dans ce pays…C’est sur la base du militantisme que des recrutements se font partout dans l’administration, à la police, à la gendarmerie, à l’Ena, etc. ».
Beau programme en effet. Dans cette « dérive sectariste », on ne saurait oublier la théorie de « la libération du tabouret » fondée sur l’idéologie de « la clarification », élaborée par notre estimé président de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo. On s’en souvient : «…si tu n’es pas Rhdp, tu libères le tabouret. Tu es député, dès lors que tu es président d’institution, si tu n’es pas Rhdp, tu libères le tabouret. Tu es sénateur, si tu n’es pas Rhdp, tu libères le tabouret. Tu es conseiller économique, si tu n’es pas Rhdp, tu libères le tabouret…C’est ça la clarification… ».
Au regard de ce qui précède, on en vient à désespérer de ceux qui tiennent aujourd’hui en main notre destinée. Le pouvoir leur a été «confié », et plutôt que de travailler pour le bonheur de tous les ivoiriens, le souci de certains de nos dirigeants est de trouver des réponses aux seules préoccupations de leurs militants et de leur clan. On croyait avoir affaire à des hommes d’Etats ayant une haute idée de la mission régalienne qui est la leur, c’est plutôt des hommes politiques mus par de petits calculs politiciens, seulement obnubilés à travailler pour leurs militants qu’il nous est donné de voir.
D’où devaient provenir les fonds pour financer cette banque ?
Nombreux sont ceux qui avaient cru que ces agissements étaient des erreurs de début de mandat. Mais après treize (13) années d’exercice effectif du pouvoir, rien n’a fondamentalement changé dans la vision du Rhdp. Tout pour eux et leurs militants et rien pour les autres. On se rappelle encore, le projet inique et mort-né de la création d’une banque uniquement pour les militants du Rhdp qui devait être doté d’un budget de 7 milliards de FCFA.
Cette banque devrait financer les activités économiques des seuls militants du Rhdp. D’où devaient provenir les fonds pour financer cette banque ? Difficile de répondre à cette question. Aujourd’hui, la toile bruit avec la mise en place d’une plate-forme devant faciliter l’insertion professionnelle des militants du Rhdp. On ne peut accéder à cette plate-forme qu’avec le numéro de la carte de militant du Rhdp. Qu’ à cela ne tienne.
Mais là où le bât blesse, c’est que des entreprises publiques et parapubliques sont partenaires de cette opération uniquement destinée aux militants d’un parti politique. Cela est indécent. Cette politique claniste est une dérive qui met à mal la cohésion sociale et est en contradiction avec les lois ivoiriennes.
Mais qu’importe ? Le Rhdp tient solidement en mains les rênes du pouvoir et toutes les protestations des autres ivoiriens viendront se briser sur le parapluie de son indifférence et de son mépris. Mais à force de tirer sur la corde, elle finit toujours par se casser. Alors, attention au retour du bâton et … on ne pleure pas. Ainsi va le pays.Il arrive, le jour, où l’ivraie sera séparée du vrai.