L’Afrique post coloniale avait institué un modèle de gouvernance apparent à une semi-monarchie où un parti-État assurait la destinée du pays. L’ensemble du peuple était de gré ou de force membre de ce parti. Tout individu qui entrerait en opposition avec ce système était considéré comme dangereux et déstabilisateur pour l’unité de la nation.
En 1990, le Président français François MITTERRAND a décidé d’imposer la démocratie aux États africains, anciennes colonies françaises à l’effet de mettre fin aux coups d’État militaires multiples qui proliféraient dans ses ex colonies et de redéfinir les relations bilatérales politico-économiques avec celles-ci.
Cette décision du Président Français avait été perçue comme un agorisme par les Chefs d’État africains qui ont alerté sur les risques de divisions des nations africaines qu’ils gouvernaient sous le sceau d’un système géopolitique et géostratégique afin de sauvegarder la paix, l’union, la cohésion indispensables au développement.
D’autres Présidents à l’instar du père de l’indépendance de la Côte d’Ivoire par ailleurs Président de la République ivoirienne, Félix Houphouët BOIGNY, avaient même déclaré que les pays africains n’étaient pas prêts pour le multipartisme.
Cependant, des intellectuels africains dont Laurent GBAGBO se sont levés et ont donné de la voix pour l’instauration du multipartisme et la démocratie à l’effet de laisser le choix au peuple de désigner son Président.
Une solution démocratique qui donnerait la légitimité et la légalité au président élu et en outre contribuerait à l’arrêt absolu des coups d’État militaires d’une part et s’imposerait aux velléités socio-tribales et régionales d’autre part.
À posteriori, la crise socio-économique qui affaiblissait de jour en jour les couches sociales à cette époque et l’appui du Président Français vont finalement aider ces intellectuels à peser de tout leur poids sur ces Chefs d’État pour instaurer le multipartisme et la démocratie dans le sang.
Le Président Laurent GBAGBO et le karma
À cet égard une accalmie a été constatée jusqu’en 1999. Les vieux démons reprennent du service avec le coup d’État militaire survenu en Côte d’Ivoire en décembre 1999 perpétré par le Général Robert GUEÏ, tombeur du Président Henri Konan BEDIÉ.
Un coup d’État paradoxalement salué par les mêmes intellectuels qui prônaient la démocratie régulée par le choix du peuple, ont plutôt applaudi la force des armes.
Le karma étant la symétrie des actes malsains manifestes causés à autrui, frappa trois ans plus tard le Président Laurent GBAGBO, l’un des adoubeurs du coup d’État, qui par ailleurs est arrivé au pouvoir suite à une crise post-électorale entre le putschiste Général Robert GUEÏ et lui.
Il faut rappeler qu’il prit le pouvoir dans les conditions calamiteuses sans faire référence aux dogmes de la démocratie qui stipulent en lettre gras que le respect des institutions est l’un des facteurs sine qua none, capitaux de la stabilité.
À priori, l’amnésie qui avait pris le dessus sur la rhétorique de la démocratie, du respect des institutions jadis prônée et proliférée dans ses discours d’opposant d’antan, fait peau neuve. Eh bien, l’anamnèse est vite retrouvée lorsqu’une tentative de coup d’état érigée en rébellion en 2002 fait basculer son pouvoir.
La rengaine sur l’apologie de la démocratie et le respect des lois fait son retour, et cette fois avec plus de perspicacité contre les coups d’État.
Les prises de position de Gbagbo, laissent pantois plus d’un
Absent de l’arène politique pendant dix ans suite à sa perte du pouvoir en 2011 qui engendra des milliers de morts, il fut traduit dans un périple judiciaire international avec la Cour Pénale Internationale (CPI), il revient en 2021 prendre toute sa place dans le jeu politique de son pays avec la formation d’un nouveau parti politique dénommé Parti des Peuples Africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI).
Le grand paradoxe est que le père du multipartisme post colonial en Côte d’Ivoire qui a combattu dans le sang le parti-Etat soit devenu le meilleur défenseur des faiseurs de coups d’État.
Il trouve de nébuleuses alchimies pour justifier ces funestes manœuvres en cours depuis 2012 à aujourd’hui dans la région ouest africaine qui par ailleurs sont contradictoires aux idéologies qu’il prônait quand il était au pouvoir.
Ses prises de position face à ces désastres laissent pantois plus d’un et soulèvent avec amertume la question de la sincérité de foi de cet homme politique en ses réelles convictions aux idéologies politiques empruntées de ses camarades de l’International Socialiste. That is the question !