Dans une interview accordée au quotidien gouvernemental Fraternité Matin, le ministre gouverneur du district autonome d’Abidjan, Ibrahim Cissé Bacongo a apporté des éclairages sur la vaste opération de déguerpissements que le district a entamés dans plusieurs quartiers d’Abidjan, notamment à Yopougon Gesco, Boribana et Banco 1. Ci-dessous, de larges extraits de l’interview.
« Tant qu’on est sûr et certain que ce qu’on fait contribue à l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations. C’est au résultat qu’on juge. Ce que nous avons fait, il fallait le faire. Nous avons commencé par l’autoroute. Vous convenez avec moi que l’entrée d’Abidjan du côté de Gesco n’est pas digne de la réputation de notre capitale économique.
On peut mettre deux heures d’horloge pour parcourir la distance entre Yamoussoukro et Gesco. Mais une fois à Gesco, on peut aussi mettre deux heures de route pour rallier la baie du Banco. Cela n’est pas acceptable. Par ailleurs, quand on rentre dans notre capitale, on a l’impression de rentrer dans un village. Et pourtant, il s’agit bien de la capitale économique de notre pays, cette ville qui a fait rêver le monde entier et l’Afrique en particulier, à la faveur de la récente Coupe d’Afrique des nations (Can 2023) qui s’est déroulée du 13 janvier au 11 février 2024.
Face à ce constat, il fallait commencer notre travail par l’autoroute du Nord, en faisant en sorte que cette voie importante qui mène dans certaines grandes villes du pays, soit dégagée de tout ce qui l’encombre, et qu’elle soit débarrassée de tout ce qui se trouve sur les emprises. En fin de compte, il faut faire en sorte que les normes relatives aux emprises, soient respectées.
Les cas Boribana et Banco 1, communément appelé Mossikro
Ensuite, il y a deux autres sous-quartiers à Abidjan, dont tout le monde se plaint en permanence. Toutefois, personne n’ose le dire publiquement. Il s’agit de Boribana et de Banco 1, communément appelé Mossikro. Notamment, la partie située à Locodjoro et l’autre partie, en face de la station, au pied du Banco. A Abidjan, tout le monde a honte de ces deux endroits. Je dis bien honte ! En venant de Yamoussoukro, quand on fait son entrée à Abidjan et qu’on regarde ce quartier, véritablement, on a envie de voir autre chose.
Par ailleurs, lorsqu’on emprunte le boulevard en provenance de Sebroko et qu’on jette un coup d’œil à gauche, il y a le quartier Boribana. En langue Malinké, Boribana signifie «fin de parcours». En réalité, Boribana, comme son nom l’indique si bien, était la fin de course de tous les dealers, de tous les grands bandits et délinquants d’Abidjan. A Boribana, il se jouait, tout simplement, une tragédie humaine, au vu et au su de tout le monde, sans que personne ne lève le petit doigt.
C’était un endroit où il y avait des fumoirs à ciel ouvert, des lieux de prostitution, de cimetière à ciel ouvert, en pleine lagune. A ce niveau, les nouveaux nés qui, hélas, n’avaient eu la chance de voir le jour, ou perdaient la vie en couche, étaient carrément balancés dans l’eau. Donc, ce quartier qui, de surcroit, se trouvent aujourd’hui sous le quatrième pont qui fait rêver tout le monde, se présente comme un contraste terrible.
Au surplus, les populations vivant dans cette localité (Boribana), propriétaires des espaces qu’elles occupaient, ont été, en grande majorité, dédommagées et relogées à Songon. Pis, ils mettent la vie de bien de personnes en danger, en leur louant les maisons dont ils sont propriétaires dans ce quartier, alors qu’eux-mêmes sont bien logés dans la commune de Songon.
Et ça, tout le monde le sait, tout le monde en parle, tout le monde s’en plaint mais personne n’osait dire haut et fort ce qu’il fallait faire. Des mises en demeure ont été servies. Alors, je n’ai pas été nommé ministre gouverneur pour me tourner les pouces dans un bureau.
L’avenir des sites dégagés
Laissons-nous d’abord retrouver nos esprits. Le choc des émotions suscité fait qu’il nous faut respirer juste un peu. Mais, rassurez-vous, comme nous l’avons fait ailleurs pour ne pas dire à Koumassi, les sites seront aménagés en conformité avec le but ultime de notre mission qui est de faire en sorte que les populations vivent bien mieux.
Nous avons déjà des idées précises de ce qu’il y a à faire. Nous attendons de gérer complètement la situation actuelle et vous allez voir tous les projets d’aménagement qui sont prévus.
Oui si on peut le dire ainsi. Le gros œuvre est terminé. Là où les populations meurent à l’insu de tout le monde et par dizaine, il fallait mettre fin à cette hécatombe. Mossikro a été traité, tout comme Banco 2. Boribana a été traité. Nous avons libéré les emprises de l’autoroute du côté de la Gesco, maintenant il reste à aménager. Cet aménagement se fera dans les semaines ou les mois à venir ».
Lemeridien avec Fraternité Matin