Il est troublant de constater comment certains militants du parti au pouvoir s’emploient à transformer les plus grandes qualités de leurs adversaires en défauts. Dans plusieurs déclarations récentes, certains membres du RHDP ont tenté de discréditer Tidjane Thiam, leader du PDCI-RDA. Leur principal reproche ? Son excellence académique, son parcours international remarquable et sa compétence mondialement reconnue.
Une telle rhétorique, issue d’une logique populiste et clientéliste, mérite d’être déconstruite, car elle traduit une tendance inquiétante à dévaloriser le mérite au profit de la culture de médiocrité.
L’excellence comme fondement du leadership moderne
Le mérite académique et professionnel ne saurait être le seul critère pour diriger un pays, mais il en demeure un fondement incontournable. Reprocher à quelqu’un d’avoir été « premier de la classe » revient à nier des qualités essentielles telles que la rigueur intellectuelle, la capacité d’analyse et l’aptitude à résoudre des problèmes complexes. Ces compétences sont cruciales pour une gouvernance efficace dans un monde globalisé, où diriger exige une expertise pointue et une vision capable d’intégrer les défis nationaux dans un cadre international.
La renommée internationale de Tidjane Thiam n’est pas, comme certains voudraient le faire croire, un handicap. Bien au contraire, elle fait de lui un opposant de taille, suffisamment redouté pour qu’au RHDP, ce soit le président Ouattara qui devra, encore une fois, se porter candidat faute d’une relève à la hauteur. Les militants du RHDP devraient parfois avoir le sens de la modestie quand ils n’ont pas ce que les autres ont.
L’expérience nationale et internationale : une fausse opposition
Il est tout aussi erroné d’affirmer que Tidjane Thiam manquerait d’expérience de terrain. On ne dirige pas le BNETD et le Ministère du Plan sans connaissance profonde d’un pays. Les résultats obtenus par M. Thiam en seulement 15 mois en tant que ministre sont d’ailleurs particulièrement éloquents, surtout comparés à d’autres profils ayant passé jusqu’à 6 ans au gouvernement.
Le manque allégué de connaissance du terrain ignore non seulement ses années au service de la construction du pays, mais aussi son rôle actif dans la recherche de solutions internationales lors de moments critiques pour la Côte d’Ivoire. L’histoire a d’ailleurs prouvé que les grands leaders ont su allier vision internationale et ancrage local. Nelson Mandela, Seretse Khama ou encore Paul Kagame en sont des exemples frappants : ils ont combiné formation internationale et expertise locale pour transformer leurs nations.
La diaspora comme atout stratégique
L’argument des « 22 ou 23 ans d’absence » est non seulement réducteur, mais profondément incorrect. La valeur d’un citoyen ne se mesure pas uniquement à sa présence physique. Que dire alors de nos diplomates, de nos sportifs internationaux ou des millions de membres de la diaspora qui contribuent au développement du pays par leurs transferts de fonds et leur expertise ? Le parcours de Tidjane Thiam illustre parfaitement la réalité de la contribution de la diaspora.
En accédant aux plus hautes responsabilités de la finance mondiale, il a fait rayonner l’excellence ivoirienne à l’échelle internationale. Ses réussites sont une source d’inspiration pour des générations de jeunes Africains. De plus, il faut rappeler à ceux qui l’ignorent que M. Thiam a fait des contributions concrètes, comme des projets d’énergie solaire dans des villages ivoiriens, même s’il ne s’affichait pas dans les médias locaux.
L’ironie des critiques et la révélation des craintes
Il est particulièrement ironique que les critiques émises contre Tidjane Thiam viennent de membres du RHDP, alors même que leur propre leader, Alassane Ouattara, a lui aussi quitté une carrière internationale pour tenter de briguer la présidence en 2000. À l’époque, personne n’osait prétendre que son poste au FMI l’empêchait de comprendre les réalités ivoiriennes. Cette contradiction flagrante illustre l’opportunisme des attaques actuelles.
Figurez-vous que l’un des tenants de cette critique vit lui-même aux Etats-Unis, sans avoir l’honnêteté d’indiquer en quoi son absence du terrain est acceptable comparée à celle d’un leader de la dimension de M. Thiam. Plus révélateur encore, l’insistance du RHDP à dénigrer une candidature encore hypothétique trahit une inquiétude manifeste. Pourquoi tant de critiques si Tidjane Thiam n’était pas perçu comme un adversaire sérieux ? Cette obsession dévoile une vérité simple : M. Thiam incarne une alternative crédible, un leadership moderne fondé sur des compétences indéniables et une vision stratégique.
Conclusion
La dévalorisation systématique du mérite et de l’excellence représente un danger réel pour notre société. Elle encourage la médiocrité, décourage les jeunes talents et compromet l’avenir du pays. Une société qui méprise ses élites intellectuelles et professionnelles se prive de ressources précieuses pour relever les défis contemporains.
Dans un monde en pleine mutation, le mérite n’est pas une tare à combattre, mais un atout stratégique indispensable pour l’émergence, la vraie, de la Côte d’Ivoire.
Parfait Kouacou, PhD
Institut de Recherche de la Diaspora Ivoirienne
États-Unis d’Amérique