Droits de l’Homme
Des anciens de la FESCI accusés de confisquer le corps de Jean Yves Dibopieu: Les révélations troublantes de son frère Dibopieu Casimir
Dibopieu G. Casimir est le frère aîné de feu Jean Yves Dibopieu, ancien secrétaire général de la FESCI, décédé le 27 Octobre 2023. Depuis ce tragique événement, l’on assiste à des difficultés liées à l’organisation des obsèques. Au nom de la famille éplorée, Dibopieu G. Casimir se dit outré et choqué par l’attitude de défiance vis-à-vis de la famille, des anciens secrétaires généraux de la FESCI qu’il accuse de vouloir confisquer la dépouille du fils de Gbon-Houyé. Dans un entretien, le porte-parole de la famille s’exprime.
La Côte d’Ivoire et la famille Dibopieu de Gbon-Houyé ont été frappées par la disparition brusque de votre frère Jean Yves Dibopieu. Comment vivez-vous pareil événement ?
Comme le disait un président ivoirien, les grandes douleurs sont muettes. Toute la famille Dibopieu est plongée dans la tristesse. La disparition du fils Jean-Yves est une perte énorme pour la famille et le village pour l’espoir qu’il suscitait. Il portait le nom Dibopieu au plus haut niveau. Il faisait notre fierté. Il était celui par qui nous marchions la tête haute. Aujourd’hui, sa disparition laisse un grand vide en nous. La peine est si grande que nous ne pouvons l’accepter. Mais que faire ? Si ce n’est que se plier à la volonté de Dieu ! Le mal des familles Baké et Dibopieu est immense et aigu. Au-delà, ce sont les fils et les filles de Danané qui pleurent.
Un mois après la terrible nouvelle, où en êtes-vous pour l’organisation des obsèques?
Cette question m’emmène à faire le point des démarches faites jusqu’à ce jour. Le petit frère est décédé le Vendredi 27 Octobre 2023. Dès le lendemain, la grande famille s’est réunie en conseil de famille. C’est ainsi que le Dimanche 29 Octobre, je me suis rendu à Abidjan, retrouver les parents qui y sont, en portant le message du village.
« Nous leur avons fait part de notre décision d’envoyer leur camarade Jean Yves Dibopieu à Danané pour y être inhumé »
Ce message était clair : nos parents demandent que leur fils Jean Yves Dibopieu soit enterré chez lui, à Gbon-Houyé, dans le département de Danané. Avec tous les frères d’Abidjan, nous nous sommes mis d’accord là-dessus. Nous avons informé la belle famille de Jean Yves Dibopieu qui s’est alignée sur cette décision. Nous avons également rencontré les anciens secrétaires généraux de la FESCI que sont : Ahipaud Martial, Eugène Djué, Guéi Paul et bien d’autres.
Nous leur avons fait part de notre décision d’envoyer leur camarade Jean Yves Dibopieu à Danané pour y être inhumé. Nous l’avons fait par considération et parce qu’ils ont été au chevet de leur ami dans ses derniers instants. Et surtout parce que ce sont eux qui ont donné la mauvaise nouvelle à la famille. En guise de réponse, ils ont répondu qu’ils n’étaient pas là pour prendre le devant des choses mais pour appuyer la famille dans toutes ses décisions pour que la Côte d’Ivoire soit fière de ce digne fils qui a été rappelé à Dieu.
Quand nous avons demandé à voir le corps, ils nous ont fait savoir que le décès était encore trop frais et que dans l’émotion, ils ne pouvaient pas nous permettre de le voir. Eux-mêmes n’arrivaient pas encore à accepter la mort de leur ami. C’est donc sur ces paroles rassurantes de leur part que je suis retourné à Danané sans avoir vu le corps de mon petit frère.
Ces déclarations ont été tenues par qui ?
Par les trois personnes citées : Ahipaud Martial, Eugène Djué et Guéi Paul. Ce jour-là, Blé Goudé nous a rejoint et a tenu les mêmes propos dissuasifs. Ils ont même promis de nous rappeler pour des décisions finales. Dans l’attente vaine de leur appel, les parents et les chefs traditionnels DAN, nous sommes retournés les rencontrer pour parer au plus pressé car ne voulant pas rentrer dans la nouvelle année avec un corps dans les bras.
Ils nous ont convié à une rencontre le Dimanche 26 Novembre 2023 dans un maquis. Frustrés, la mort dans l’âme, nous y allons malgré nous. Lors des échanges, la famille Dibopieu a constaté que les amis de Jean Yves avaient déjà établi un programme parallèle à Abidjan dans lequel ils décident d’enterrer notre fils à Willamsville. Cela contre notre volonté. Chose que nous avons refusée !
« Yves est-il mort d’une mort naturelle ? »
Nous leur avons rappelé le rôle qu’ils se sont donnés au départ. D’où vient-il qu’ils veuillent maintenant prendre les devants et imposer à la famille, leur décision ? Ils établissent un programme, ils choisissent le lieu d’enterrement et ils nous refusent l’accès au corps car cela fait un mois que toute la famille Dibopieu ne peut voir le corps de Jean Yves.
Les chefs coutumiers n’ont pas manqué de leur rappeler qu’ils ne sont que des amis et non des membres de la famille. L’amitié s’arrêtant là où elle doit s’arrêter. Ils leur appartient de lui rendre des hommages partout mais ils n’ont aucunement le droit de confisquer le corps encore moins l’enterrer comme bon leur semble.
Chose étonnante, ils sont restés campés sur leur position. Pire, Guéi Paul nous a même menacés en ces termes : « si jamais vous saisissez la justice, en ma qualité de DRH de la fonction publique je vous ferai subir toutes les misères du monde ! Je rentrerai partout pour vous créer des ennuis. »
A partir de telles déclarations, la famille a compris qu’il y a quelque chose de louche dans la mort de notre enfant et frère. Qu’ont-ils fait du corps ? Qu’ont-ils pris sur le corps ? Que s’est-il passé ? Yves est-il mort d’une mort naturelle ? Ce corps a-t-il été mutilé ? Nous ne comprenons plus rien.
Pensez-vous que les anciens camarades de lutte de Jean Yves Dibopieu ont un intérêt à cacher la dépouille mortelle à sa famille biologique ? Et Pourquoi ?
Nous ignorons leur motivation. Nous ne comprenons pas pourquoi empêcher une famille de voir le corps de son fils. Nous ne comprenons pas pourquoi décider unilatéralement d’enterrer quelqu’un d’une autre famille qui n’a aucun lien de sang avec eux. Aux sages DAN, ils ont prétesté avoir reçu de leur ami feu Jean Yves Dibopieu, sa dernière volonté qui serait de l’enterrer à Abidjan si jamais il succombait de son mal.
N’ayant reçu aucune preuve de cette déclaration, la famille et les sages DAN ont dit avoir pris bonne note de cette commission à eux faite. Et qu’en pareille circonstance, même si ladite volonté était avérée, seule la famille biologique serait habilitée à décider de la conduite à tenir, et non les amis. D’ailleurs, les sages ont avancé l’existence de rituelles en pays DAN pour persuader le défunt de l’incompatibilité d’une telle volonté avec nos traditions.
« Nous demandons à tous les autres qui le peuvent, d’intervenir auprès de ces ex secrétaires généraux de la FESCI »
Malgré cette assurance des anciens, nous nous sommes heurtés à leur refus catégorique d’accéder à notre demande. Alors nous nous posons beaucoup de questions sur de tels agissements qui ne sont pas sains. Cette affaire grave car insupportable, m’a même fait piquer une crise à Abidjan.
Mes sœurs aînées et moi avons du mal à fermer les yeux face à une telle énormité. Jusque-là, nous nous posons beaucoup de questions sur de tels agissements qui ne sont pas sains.
A quand la fin du bras de fer?
Je ne saurais vous répondre avec exactitude. C’est eux qui détiennent par devers eux les papiers de la morgue. C’est eux qui savent où se trouve le corps de mon petit frère. C’est encore eux qui décident de se braquer contre les décisions de la famille biologique. Jusqu’à quand réaliseront-ils leur bêtise ? C’est à eux de répondre !
Dans un premier, la famille a décidé de saisir tous les cadres DAN pour leur donner l’information. Nous demandons à tous les autres qui le peuvent d’intervenir auprès de ces ex secrétaires généraux de la FESCI pour qu’ils puissent se conformer aux décisions de la famille et des sages DAN.
Maintenant, s’ils campent sur leur position, la famille se verra dans l’obligation de saisir les autorités compétentes en la matière.
Votre mot de fin…
Loin de la famille Dibopieu l’envie de susciter un débat national sur la disparition de Jean Yves Dibopieu avec qui que ce soit. Nous souhaitons offrir des funérailles dignes à notre fils sur sa terre natale qui est Danané. A ses amis, nous rappelons que Jean Yves Dibopieu, depuis bien longtemps, n’était plus membre d’un quelconque syndicat.
Il était dans la vie active comme beaucoup parmi eux. S’ils sont venus pleurer la mort de leur ami, qu’ils nous aident à organiser ses funérailles. Car seule la famille a le droit d’organiser ces obsèques et non une bande d’amis !
Propos recueillis par Sony Wagonda