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Eco et politique

Discours sur l’état de la Nation: Voici pourquoi Ouattara a fait l’impasse sur sa candidature, laissant ses partisans dans le doute et la confusion

Il était attendu, il est venu, il a parlé, il s’en est allé, et la terre continue de tourner sur elle-même et autour du soleil. Celui-ci se lève toujours à l’Est et se couche à l’Ouest. Il n’y a donc rien de nouveau sous le soleil. Le discours du chef de l’Etat sur l’état de la nation le 18 juin, très attendu par de nombreux ivoiriens, aura laissé plus d’un sur sa faim. On a eu droit à quelques variances près, aux mêmes discours entendus à la veille de la fête nationale ou à la veille de la nouvelle année.

Comme d’habitude, il nous a été présenté une Côte d’ivoire idyllique, où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. 

Morceaux choisis :

– « La dette est maîtrisée »

– « Nous sommes aujourd’hui dans un état de droit où la justice est appliquée à tous »

– « La Côte d’Ivoire est la 9ème  économie d’Afrique, la 3ème économie d’Afrique francophone derrière l’Algérie et le Maroc, la 2ème économie d’Afrique de l’Ouest derrière le Nigéria »

– « La Côte d’Ivoire a la grille tarifaire la plus faible en électricité en Afrique »

– « La Côte d’Ivoire est une puissance agricole »

– Etc.

Tout ceci déclamé dans une autosatisfaction et une autocélébration devenues désormais ennuyeuses, du fait de leur récurrence. L’auditoire a été abreuvé de chiffres et de statistiques, sans que les véritables préoccupations des ivoiriens ne soient abordées. Les Ivoiriens se plaignent de la cherté de la vie, aucune allusion n’a été faite sur cet état de fait, encore moins une perspective de solutions pour les soulager. Juste une explication donnée quant au relèvement du coût de l’électricité, encore que celle-ci aurait en Côte d’Ivoire, la grille tarifaire la plus faible d’Afrique !  

Une juxtaposition du bilan de certains ministères, sous forme d’un catalogue qui présente l’image enjolivée d’un pays où tout le monde est heureux

Ce qui se dégage de ce discours, c’est l‘impression d’une juxtaposition du bilan de certains ministères, sous forme d’un catalogue qui présente l’image enjolivée d’un pays où tout le monde est heureux. Ce qui contraste évidemment avec la déprime qui est le quotidien des Ivoiriens. Les problèmes qui fâchent ont été occultés. Nombreux sont ceux des Ivoiriens qui croyaient que le chef de l’Etat aborderaient des sujets relatifs au « dialogue national », à l’effet de se mettre d’accord sur un minimum, dans un avenir proche, avant l’élection présidentielle de 2025. 

Qu’il annoncerait des mesures à même de conduire à des élections apaisées sans mort d’hommes, comme il a été donné de voir depuis 2011. Ce qui a fait dire à Affi N’guessan, que ce discours est « un message qui s’apparente à un discours de politique générale d’un chef de gouvernement,  qu’à la vision d’un président de la République ». C’est tout dire !

D’autre part, si ce discours était aussi attendu, c’est que pour de nombreux Ivoiriens, le chef de l’Etat allait se prononcer sur son éventuelle candidature pour un quatrième mandat ou non. Et dans la foulée, qu’il ferait des gestes d’apaisement pour permettre au président Laurent Gbagbo, l’ancien ministre Charles Blé Goudé ou encore à l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, de participer à l’élection présidentielle. Ce qui aurait l’avantage de créer  les conditions d’une élection inclusive.

L’homme a certainement fait l’impasse pour ne pas reproduire le schéma de 2020

Mais  comme l’ont titré certains journaux, «Ouattara a dribblé » tout le monde, continuant ainsi d’entretenir le suspens. Les militants de son parti sont toujours dans l’expectative, dans le doute et dans la confusion, ne sachant pas à quoi s’en tenir. Les spéculations vont toujours  bon train. Relativement à sa candidature, l’homme a certainement fait l’impasse pour ne pas reproduire le schéma de 2020. 

On se rappelle que c’est devant cette auguste assemblée, constituée de députés et de sénateurs, en 2020, que le chef de l’Etat avait solennellement annoncé qu’il ne serait pas candidat à l’élection présidentielle de cette année. Quelques mois plus tard, il revint  sur sa parole, obligeant ses partisans à faire des gymnastiques farfelues pour expliquer ce revirement. 

Assurément aujourd’hui, « chat échaudé, craint l’eau froide ». En tout état de cause, peu de choses peuvent être retenues de ce discours d’autosatisfaction et d’autocélébration exacerbées. La montagne aura donc accouché d’une souris, et sous le soleil, « il n’y a vraiment rien de nouveau ». Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.

NAZAIRE KADIA 

Analyste politique

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