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L’avenir des villes africaines

Culture et société

Dr Oussou Kouamé Rémi donne les clés pour comprendre « l’immense travail d’aménagement territorial que le Ministre-gouverneur, Cissé Bacongo, est en train d’accomplir » à Abidjan

La situation dans les villes africaines devient de plus en plus préoccupante. En effet, les villes africaines sont concomitamment confrontées à plusieurs problèmes aujourd’hui et devront faire face à plusieurs autres dans un avenir plus ou moins proche, si elles aspirent à la durabilité comme leurs homologues européennes et américaines. 

Avec un taux d’urbanisation qui tourne autour de 35% en moyenne, avec un plafond pouvant aller jusqu’à 41% dans les cas du Sénégal et de la Mauritanie et un plancher de 32% comme en Guinée, la proportion de la population totale des Africains qui vivent en ville demeure inférieure à 20%; ce qui place les villes africaines dans la catégorie des villes dites à faible niveau d’urbanisation.

Pour autant, la métropolisation, c’est-à-dire le processus de concentration de la population dans les villes, n’ayant pas donné lieu à une planification et à des investissements suffisants dans les infrastructures, ni dans une offre appropriée de logements abordables, les villes africaines sont au bord de l’implosion, quelques décennies après les indépendances.

Par conséquent, on assiste à la prolifération des bidonvilles, aux embouteillages monstres et à l’incapacité notoire des services d’eau, d’électricité et de santé de pouvoir satisfaire aux besoins de plus en plus grandissants de cette population urbaine. 

En outre, une chose en entraînant une autre, l’urbanisation africaine incontrôlée a favorisé la naissance de l’insalubrité avec ses corollaires d’eaux usées qui coulent dans les rues, de caniveaux bouchés n’arrivant plus à évacuer les eaux de ruissellement, de détritus qui jonchent les trottoirs et d’odeurs nauséabondes. Si avec un taux d’urbanisation actuel considéré comme étant l’un des plus bas, les villes africaines ne parviennent même pas à satisfaire les attentes minimums de leurs populations, qu’en sera-t-il dans une vingtaine ou une trentaine d’années lorsque le taux de croissance urbaine aura même doublé ou triplé? 

L’immense travail d’aménagement territorial que le Ministre-gouverneur, Cissé Ibrahima Bacongo

Quelle configuration auront ces villes lorsqu’elles auront atteint leur seuil d’urbanisation? Ces questions méritent une sérieuse réflexion dès aujourd’hui, car du bien-être des habitants des villes et même de la survie de ces villes dépendent les réponses pertinentes que les décideurs y auront apportées. Néanmoins, tant qu’il n’y aura pas de plan directeur d’urbanisation viable couplée à une planification rigoureuse des politiques démographiques et tant que l’on continuera à gérer les centres urbains à la petite semaine, ce sera le bien-être économique et socio-sanitaire des citadins qui sera menacé, sans même mentionner la survie de ces villes.   

Alors, à l’opposé de John Maynard Keynes, célèbre économiste, haut fonctionnaire et essayiste britannique qui disait dans une boutade que « réfléchir à long terme est une mauvaise méthode pour résoudre les problèmes économiques. Car à long terme, nous serons tous morts », il est temps de commencer à planifier à long terme. 

Néanmoins, à défaut de trouver des remèdes durables dans l’immédiat, il faut parer au plus pressé en veillant à ce que les services d’eau et d’électricité ne soient pas interrompus et à ce que les rues soient propres afin de résoudre à la fois le problème d’insalubrité et de santé, avant de penser progressivement au remplacement des bidonvilles par des logements sociaux, le tout en harmonie, bien entendu, avec le schéma directeur général.

En cela, l’immense travail d’aménagement territorial que le Ministre-gouverneur, Cissé Ibrahima Bacongo, est en train d’accomplir est énorme. 

Oussou Kouamé Rémi 

Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké 

Expert Analyste socio-politique et économique

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