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Eco et politique

Dr Oussou Kouamé Rémi, PhD et MA, enseignant-chercheur: « L’émergence restera un rêve fugace si… »

Lorsqu’il prit les rênes du pouvoir présidentiel, le 11 avril 2011, à la suite d’une crise post-électorale particulièrement sanglante qui fit plus de 3.000 morts, l’une des préoccupations clés d’Alassane Ouattara, était de remettre l’économie ivoirienne « sur les rails », histoire  de « renouer avec son succès économique passé », avec pour objectif à plus ou moins long terme pour la Côte d’Ivoire, d’être comptée parmi les pays qui auront été émergents à l’horizon 2020.

Pour parvenir à un tel résultat, un Plan national de développement (PND-2012-2015) axé sur cinq (5) piliers essentiels a été élaboré. Pour donner un ancrage psycho-social à sa vision et, surtout, pour lui donner plus de force, il forgea le concept d’ivoirien nouveau, entendu, grosso modo, comme le «  citoyen qui respecte la justice (quand bien même celle-ci serait au service d’un camp contre d’autres) et les institutions, travailleur, compétent dans son domaine d’activités, etc. » 

Pour ce qui est de l’émergence, car c’est ce concept qui nous intéresse ici, elle s’appréhende comme « le processus par lequel un État s’intègre à l’économie globalisée et au capitalisme mondial grâce à une croissance économique (c’est-à-dire une augmentation du produit intérieur brut) forte pendant plusieurs années. »

Bien que le but de ce texte n’étant de «chipoter» sur le caractère réaliste ou non de ce que d’aucuns appellent slogan ou coquetterie de politicien, qu’il me soit permis de dire, au vu de la définition, que le concept n’a pas été suffisamment compris à sa juste valeur ou, du moins, il l’a été mais de manière superficielle. Qu’est-ce que cela signifie ?

Le concept peut être interprété de multiples façons, mais il est évident qu’en huit (8) ou dix (10) années, surtout au sortir d’une décennie de crise politico-militaire, la Côte d’Ivoire ne pourrait pas, même étant animée des meilleures intentions, réaliser de prouesses économiques telles qu’elle puisse être considérée comme faisant partie de cette classe privilégiée de pays.

« L’émergence de la Côte d’Ivoire passe par un changement de mentalité »

Peut-être devrait-on « comprendre dans quel esprit les Ivoiriens ont pu d’abord appréhender le pari du Président de la République, et quelle sera ensuite leur part de sacrifice, c’est-à-dire leur capacité à se transcender pour traduire ce pari dans une réalité palpable et vécue ? » car, en réalité, l’émergence est un concept révolutionnaire.

A la place de « L’émergence de la Côte d’Ivoire passe par un changement du type d’Ivoirien », il est plus approprié de dire « L’émergence de la Côte d’Ivoire passe par un changement de mentalité ».

Ceci étant, comment insuffler une nouvelle conscience chez les Ivoiriens, afin que chacun, à son humble niveau, puisse s’approprier la vision que recouvre ce concept? En plus de ce qui y a déjà été dit, il est temps que chaque Ivoirien développe une valeur cardinale comme le respect : respect de l’autre, respect de la chose publique, respect des règles du jeu social, respect de l’environnement.

Par ailleurs, il faudra développer un nouveau rapport à l’effort et au travail personnels, comme valeurs de réussite individuelle et collective. Ainsi, il est clair que sans certaines attitudes associées à des comportements de chaque citoyen ivoirien, l’émergence restera un rêve fugace.

Oussou Kouamé Rémi, PhD et MA, enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouake et expert en développement professionnel des élèves et étudiants. 

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