« La Côte d’Ivoire va étonner le monde », voilà la profession de foi qu’il a été donné d’entendre en 2011, mais à laquelle de nombreuses personnes n’avaient non seulement pas accordé d’attention, mais également n’y avaient pas cru! Aujourd’hui, force est de reconnaître que celles-ci ont eu tort et humblement elles doivent faire leur mea culpa! Hommes de peu de foi! Pourquoi avoir douté? Heureux ceux qui croient sans avoir vu! Mais pour que la Côte d’Ivoire puisse étonner le monde, il fallait qu’elle fût nouvelle.
La Côte d’Ivoire nouvelle est née en Avril 2011; concomitamment l’Ivoirien se devait aussi de devenir nouveau! Aussi vrai qu’on ne saurait faire du neuf avec de l’ancien, ou qu’on ne saurait coudre un morceau d’étoffe neuve, sur un vieux vêtement, ou encore qu’on ne saurait verser du vin nouveau, dans de vieilles outres, la Côte d’Ivoire nouvelle ne saurait s’accommoder d’un Ivoirien ancien! Cela va de soi.
Et voici que pour naquit, l’Ivoirien nouveau. Mais il est bon de souligner qu’il existe deux catégories d’Ivoiriens nouveaux :
– Ceux qui sont nés avec la Côte d’Ivoire nouvelle
– Ceux qui ont acquis le statut d’Ivoiriens nouveaux.
Examinons ensemble ces deux catégories d’Ivoiriens nouveaux. Dans la première catégorie d’Ivoiriens nouveaux, se trouvent entre autres, « les libérateurs » (souvenez-vous « c‘est nous on a libéré le pays, tout le monde le « savent » ») Ceux-là, sont nés avec la Côte d’Ivoire nouvelle. Ils disposent donc dans leurs gènes, de tout le caractère trempé de l’Ivoirien nouveau ; savent parler le langage qui sied au Chef, et le Chef les comprend bien et leur voue admiration et respect.
Aussi, lorsqu’il s’était agi pour « les libérateurs» de revendiquer ce qui leur avait été promis, pour avoir mis le pays, du nord au sud en coupe-réglée, et que « Fama » trainait les pieds, ils surent trouver le mot juste pour l’attendrir : un coup de fusil au camp Gallieni, un coup de fusil au camp Akouédo, un coup de fusil à Bouaké, un coup de fusil à Adiaké, et le Chef reçut le message 5/5.
Satisfaction leur fut aussitôt donnée. Voilà pour ceux dont le caractère trempé de l’Ivoirien nouveau, est inné et donc consubstantiel à la Côte d’Ivoire nouvelle. Dans la deuxième catégorie d’Ivoiriens nouveaux, se trouvent les fonctionnaires. Ceux-là ont progressivement acquis le caractère d’Ivoiriens nouveaux. Ces fonctionnaires avaient eux aussi des choses à demander au Chef. Mais eux, avaient gardé leurs anciens et mauvais réflexes d’ivoiriens anciens.
Ils pensaient pouvoir obtenir satisfaction par la négociation. Aussi furent-ils trainés de négociation en négociation, avec souvent des effets d’annonce sans résultats probants ! L’objectif caché du Chef était de vérifier si ces fonctionnaires étaient suffisamment imprégnés de l’esprit et du caractère de l’Ivoirien nouveau. De guerre lasse, les fonctionnaires entrèrent en grève :
– Les enseignants déposèrent stylos rouges et craie –
– Les médecins et le personnel de la Santé déposèrent seringues, blouses et autres stéthoscopes.
– Les autres fonctionnaires arrêtèrent d’arpenter les couloirs des différentes tours de la cité administrative.
Pour se convaincre que ces fonctionnaires étaient véritablement devenus Ivoiriens nouveaux, au vu de leur nouveau mode de revendication, le Chef leur opposa la « ruposte» sauvage. Il fallait vérifier si durablement le caractère trempé de l’Ivoirien nouveau est réellement ancré en eux. Convaincu, le Chef donnera satisfaction à la revendication des fonctionnaires qui ont prouvé qu’ils sont devenus des Ivoiriens nouveaux. Et…les stocks d’arriérés commencèrent à être payés. L’Ivoirien ancien aura vécu. Vive l’Ivoirien nouveau pour que vive la Côte d’Ivoire nouvelle qui étonne le Monde ! Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA
Analyste politique