Filière cacao : Les enjeux de la coopération Côte d’Ivoire – Ghana à travers l’ICCIG, ce que gagnent les deux principaux producteurs
C’est assurément l’une des étapes les plus importantes du long périple démarré depuis 2018 par les deux principaux producteurs de cacao au monde. Celui d’unir leurs voix et leurs forces pour que le poids qu’ils représentent (65% de l’offre mondiale de cacao), puisse influer durablement sur l’amélioration des prix perçus par les producteurs de cacao de leurs pays respectifs.
L’inauguration du siège du Secrétariat exécutif de l’initiative cacao Côte d’Ivoire – Ghana (ICCIG) qui s’est tenu le 18 avril dernier à Accra, en présence du Premier ministre ivoirien et du Président de la République Ghanéenne, est venu renforcer la vision des deux Chefs d’États (Ivoirien et Ghanéen) de joindre leurs forces avec pour ambition de surmonter les nombreux défis pour le bonheur de leurs peuples et de leur nation.
« Cinq ans après (la déclaration d’Abidjan qui a abouti à la mise en place de l’ICCIG), l’histoire montre que les deux présidents ont eu raison et qu’ils sont visionnaires », a confié le secrétaire exécutif de l’initiative, l’ivoirien Alex Assanvo. Un front uni qui porte ses fruits, si l’on s’en tient aux résultats obtenus et que le secrétaire exécutif n’a pas manqué de rappeler.
En effet, « à travers l’Initiative Cacao, les deux pays ont tenu bon et ont réussi à réaffirmer leur vision afin de remettre le producteur au centre de la chaîne de valeur du cacao, et de le rémunérer à hauteur de ses efforts et de ce que représente le cacao aujourd’hui ». En outre, selon Alex Assanvo, le Différentiel de Revenu Décent (DRD) permettant d’atteindre un prix plancher a survécu aux attaques, aux critiques, aux tentatives de contournements.
« Mieux, l’idée d’un prix plancher est en train de s’imposer au-delà de la cacaoculture… La notion de prix plancher gagne du terrain dans d’autres pays et pour d’autres produits agricoles”, indique le secrétaire exécutif de l’ICCIG qui précise qu’un « revenu décent pour les producteurs s’impose comme le nouvel horizon. Les acteurs du marché sont maintenant convaincu même si cela fut long”.
Redéfinir ensemble la filière cacao et la rendre durable, c’est également la volonté de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, mais dont les producteurs bénéficient encore trop peu de la richesse générée dans la chaîne de valeur cacaoyère moyenne. Le pays est déterminé à mettre un terme à ce paradoxe.
Preuve de cette volonté, c’est une importante délégation du monde cacaoyer qui a fait le déplacement d’Accra pour l’inauguration du siège de l’initiative. Le Premier ministre Robert Beugré Mambé qui conduisait cette délégation a ainsi rappelé la nécessité pour les deux pays d’unir leurs forces : « Seul, on va vite, dit un proverbe africain. Mais ensemble, on va plus loin, dit encore ce proverbe. Aujourd’hui, la transformation des fondamentaux de l’économie cacaoyère est en cours », a-t-il déclaré.
Pour le Chef du Gouvernement, « la recherche d’un revenu décent pour le producteur de cacao s’impose progressivement comme le nouvel horizon pour une cacao culture durable». Pas question donc de lâcher prise au moment où les retombées positives de l’initiative ont commencé à être perceptibles auprès des producteurs des deux pays.
« A quelques jours de la très médiatisée Conférence mondiale du cacao organisée par l’ICCO, organisation internationale du cacao, il me paraît important de réaffirmer la volonté commune de la Côte d’Ivoire et du Ghana de maintenir et d’entretenir leur collaboration pour relever ensemble le défi de la durabilité de la filière cacao », a ainsi poursuivi le Premier Ministre, qui se dit « pleinement convaincu que des avancées significatives futures seront réalisées dans ce domaine à travers l’initiative Côte d’Ivoire-Ghana, qui est aujourd’hui une institution écouté et reconnu par tous les acteurs du secteur ».
En définitive, du côté ivoirien comme ghanéen, le vœu le plus ardent, au sortir de cette cérémonie d’inauguration, est de faire de ce joyau architectural « le centre qui va impulser la veille stratégique et l’accélération des réformes, de l’anticipation, des chocs et de l’ouverture à des partenariats avec de nouveaux pays consommateurs et producteurs de cacao ».