À considérer les résultats des dernières élections locales, régionales et sénatoriales en Côte d’Ivoire, les partis d’opposition ont été pulvérisés.
On peut se demander s’ils n’ont pas déjà atteints les abysses de leurs offres politiques aux ivoiriens. Mais le plus surprenant est venu des personnalités ou élites politiques institutionnelles qui ont été frappées de désillusions.
Parmi lesdites personnalités, des membres du gouvernement et le Président du sénat AHOUSSOU Kouadio Jeannot dont la chute respective aux elections régionales et sénatoriales fut le plus gros camouflet du parti au pouvoir.
Cette chute a pour principale origine, la faillite de certaines de nos élites politiques qui, plutôt que de défendre des idées et des aspirations de la majorité, sont motivées par leur ambition personnelle et, à cette fin, ont mis de côté la démocratie interne qui est censée être la règle dans un parti.
Le déni de la démocratie interne au parti est la cause de la décadence au profit de certains candidats indépendants qui sont arrivés en deuxième position aux élections locales. Un signal fort aux différents partis politiques traditionnels.
Un camouflet pour le RHDP
En effet, dans un grand parti classique et démocratique, qu’il soit de droite ou de gauche, il y a régulièrement des discussions suivies de votes, sur la ligne à suivre, et les minoritaires sont censés en respecter le résultat et soutenir les majoritaires.
Les minoritaires épris par une ambition égocentrique et par la conviction qu’eux seuls ont raison, les majoritaires n’ont d’autres choix que de s’exprimer par un vote sanction.
Il appartient aujourd’hui aux électeurs de prendre de la hauteur et de réfléchir au sens et aux conséquences de leur vote, afin de donner à notre pays des majorités stables en éliminant tous les ambitieux qui ne pensent uniquement qu’à eux-mêmes.
En effet, la chute du Président du Sénat AHOUSSOU Kouadio Jeannot qui fut par ailleurs Président du conseil régional du Bélier, Ministre d’État, Premier Ministre, un poids lourd de la politique du Président de la République Son Excellence Alassane OUATTARA est un camouflet pour le RHDP.
« Les leaders politiques doivent travailler sur eux-mêmes et bien connaître leurs limites »
Quand les qualités des leaders politiques les ont menés au sommet, elles ne les aident pas forcément à y rester. Les bons conquérants ne sont pas toujours les bons rassembleurs. À cet égard, force est de constater que les qualités facilitant l’accession aux plus hautes fonctions ne sont pas toujours celles qui font les bons meneurs d’hommes.
Pour obtenir le pouvoir, il faut surmonter les résistances, écarter les concurrents. Cependant, il est beaucoup plus pertinent de jouer collectif.
Les leaders politiques doivent travailler sur eux-mêmes et bien connaître leurs limites. La réussite en politique peut conduire à bien d’autres travers. Comme à la tentation de s’attribuer tout le mérite d’un succès, sans s’apercevoir qu’il résulte des efforts de l’ensemble d’une équipe.
Coupés de la réalité, certains élus finissent par se casser les dents. Et c’est parce qu’ils ne parviennent pas à s’adapter à un contexte nouveau que les privilégiés d’hier sont finalement dépassés. Ancrés dans leurs certitudes, incapables d’en changer, ils usent sur la corde qui finit malheureusement par céder.
Les je-sais-tout demeurés sourds aux avertissements de la majorité militante sont nombreux à être tombés au champ d’honneur de la politique. Tel est le cas du Président du Sénat, natif de Raviart et patriarche politique du département de Didiévi.
Pourrait-il ressusciter après cette débâcle ? Ou c’est la fin d’une élite politique d’envergure ?
Idriss DAGNOGO