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"L’Afrique a tout intérêt à regarder du côté du versant asiatique de l’Occident, mais..." (Christian Gambotti, Président du think tank Afrique & Partage) 

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« L’Afrique a tout intérêt à regarder du côté du versant asiatique de l’Occident, mais… » (Christian Gambotti, Président du think tank Afrique & Partage) 

La Côte d’Ivoire, pays phare de l’Afrique de l’Ouest, réoriente progressivement ses relations extérieures, autrefois dominées par un lien privilégié avec la France, vers une diversification accrue de ses partenariats internationaux. Cette évolution suscite des interrogations quant à la perte d’influence de l’ancienne puissance coloniale et, plus largement, de l’Occident sur le continent africain.

Selon Christian Gambotti, Président du think tank Afrique & Partage –  Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) – Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan), l’histoire de la Côte d’Ivoire est intimement liée à celle de la France. 

Depuis son indépendance en 1960, dit-il, la Côte d’Ivoire a maintenu des relations étroites avec Paris, fondées sur des liens économiques, culturels et politiques. Cependant, cette relation privilégiée commence à être remise en question à mesure que la Côte d’Ivoire s’ouvre à de nouveaux partenaires, notamment la Chine, la Russie et des pays du Golfe.

« Il n’est pas question pour la Côte d’Ivoire de renoncer à diversifier ses partenariats. Les nouvelles générations sont connectées à la planète entière et elles s’ouvrent sur le monde. Abidjan ne regarde plus du seul côté de Paris. Le président Alassane Ouattara vient de se rendre au Sommet Corée du Sud-Afrique qui s’est tenu à Séoul et où 48 États africains étaient invités. L’Afrique a tout intérêt à regarder du côté du versant asiatique de l’Occident », a relève Christian Gambotti dans sa chronique du lundi 10 juin 2024.

Pour le chroniqueur, la montée en puissance de nouveaux acteurs économiques et diplomatiques sur la scène internationale africaine, comme la Chine, est un facteur déterminant de cette évolution. La Chine, en particulier, a investi massivement dans les infrastructures ivoiriennes, proposant des financements et des projets souvent plus attractifs que ceux des partenaires traditionnels occidentaux. Le port d’Abidjan, les routes, les ponts, et même le système de santé ont bénéficié de ces nouveaux investissements.

La France, 1er investisseur de la Côte d’Ivoire

Mais, rappelle-t-il, la France reste le 1er investisseur dans ce pays : « Les IDE (Investissements Directs Etranger) en provenance de la France s’établissent en moyenne à plus de 160 Millions EUR par an (200 M EUR en 2021). Plus de 90% du stock d’IDE français est orienté vers les branches d’activité suivantes : finances, hydrocarbures, électricité, eau, BTP, industrie, agro-industrie, transport, hôtellerie, distribution, télécom et audiovisuel. La présence française est estimée à près de 240 filiales installées et près de 1 000 entreprises de droit ivoirien créées et dirigées par des Français. 

« Les prêts du Trésor abondent au financement de la réhabilitation et reconversion des points d’eau en zone rurale, de l’adduction d’eau potable dans les villes, de la construction et l’installation de ponts métalliques à travers le pays, la fourniture d’équipements médicaux d’une dizaine d’hôpitaux ou encore l’installation d’un supercalculateur dans le Centre national de calcul de l’Université Félix Houphouët-Boigny», souligne-t-il. 

Dans la coopération financière, il faut souligner l’importance de la garantie des crédits exports, un outil particulièrement sollicité en Côte d’Ivoire dans tous les secteurs, notamment pour les grandes infrastructures économiques, dont le dernier exemple concerne une infrastructure sportive avec le stade national de Yamoussoukro pour la CAN 2023. Il faut encore citer la mise en œuvre, par l’AFD (Agence Française de Développement), de la 3ème édition du Contrat de désendettement et de développement (C2D), les prêts consentis, souverains ou non, mentionne Christian Gambotti. 

Pour qui, la réorientation stratégique de la Côte d’Ivoire, illustre une tendance plus large observée à travers l’Afrique, où les pays cherchent à diversifier leurs partenariats et à affirmer leur indépendance sur la scène internationale. Pour la France et l’Occident, il s’agit d’un défi de taille, nécessitant une adaptation rapide et une revalorisation de leurs stratégies et de leurs engagements envers le continent africain. 

Charles Béni

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