Depuis plusieurs années, la question du coût de l’électricité en Côte d’Ivoire suscite de vifs débats au sein de la population et des milieux économiques. De nombreuses théories circulent sur les raisons de l’évolution des tarifs, avec des rumeurs persistantes liant ces changements à l’influence de la France ou des actionnaires étrangers de la Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE).
Le Directeur général de L’Intelligent d’Abidjan, Alafé Wakili, dans une analyse approfondie, a révélé que ces hypothèses ne sont pas fondées et que les véritables déterminants du coût de l’électricité en Côte d’Ivoire, sont à chercher ailleurs. « La rumeur entretenue et répandue selon laquelle les entreprises françaises sont exemptées d’impôt en Côte d’Ivoire. Il n’en est rien absolument », a écrit Wakili Alafé dans une longue contribution sur les relations bilatérales entre la Russie et l’Afrique.
Sur la question de la hausse du coût de l’électricité, le Président de l’organisation civile L’Africanisme, a tenu à expliquer à l’opinion, que l’augmentation des tarifs de l’électricité n’a rien à voir avec la compagnie ivoirienne d’électricité (CIE). Et pour étayer ses propos, Alafé Wakili s’appuiera sur les explications du ministre Mamadou Sangafowa Coulibaly, données lors d’une conférence gouvernementale, jeudi dernier à Abidjan.
Les explications du ministre Mamadou Sangafowa Coulibaly
« Le prix du kilowatt/heure est différent en fonction du système que vous utilisez pour produire l’électricité. En Côte d’Ivoire, le coût de production dans l’énergie solaire se situe entre 40 et 45 FCFA, le coût de l’énergie hydraulique est de 35 FCFA (…) Sur la base du parc de production que nous avons en Côte d’Ivoire, la moyenne du coût de production c’est 52 FCFA le kilowatt/heure, l’un des plus compétitifs (…) Le coût de revient d’un kilowatt/heure est de 89 FCFA. La facturation, c’est-à-dire ce que le ménage paie, après le dernier réajustement, c’est 87 FCFA, donc en-dessous du coût de revient, soit un gap de 2 FCFA sur une consommation annuelle de 13. 000 Gigawatts/heures, alors qu’en 2012, cette consommation tournait autour de 6. 000 Gigawatts/heures (…)
Pour le gouvernement, le choix est clair, de deux choses, l’une. Soit on garde cette position et dans quelques mois, le privé refuse de nous vendre leurs productions d’électricité, dont les conséquences sont les coupures et les délestages, soit, même si on ne peut pas avoir quelque chose de plus sur le coût de revient, le minimum c’est d’aller vers le coût de revient pour faire face à l’achat de combustibles. Il y avait donc un effort à demander aux consommateurs, dont 2, 8 millions sur les 4, 1 millions sont au prépayé. Les réactions des populations sont compréhensibles, mais il y a des explications (…) Depuis janvier déjà, ces clients au prépayé ont réalisé que cette année serait exceptionnelle, ils se sont ajustés. Ceux qui ont été surpris, ce sont les clients en post-payés, soit 1, 2 millions (…) Avec les effets du changement climatique, les chaleurs sont de plus en plus fortes, la consommation d’électricité aussi ».
En clair, le coût de l’électricité est principalement déterminé par des facteurs internes, tels que les politiques tarifaires nationales, les coûts de production, les investissements dans les infrastructures et les régulations étatiques. Ce qui veut dire, à en croire le journaliste Alafé Wakili, que les théories reliant ces coûts à une influence étrangère ou à des actionnaires spécifiques, tels que ceux de la CIE, ne tiennent pas comptent de la complexité ni de la multifactorialité des enjeux énergétiques locaux.
Charles Béni