L’Institut Pasteur forme des chercheurs sur le séquençage moléculaire: Une avancée scientifique clé en Côte d’Ivoire
L’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire (IPCI) a récemment accueilli 28 participants pour une formation de cinq jours axée sur le séquençage de l’ADN et l’utilisation des techniques de biologie moléculaire. Ce programme, destiné à des chercheurs, doctorants et techniciens de diverses institutions, visait à renforcer les capacités locales dans un domaine stratégique pour la santé publique. Dans un entretien exclusif, le Professeur Kakou Solange, directeur de recherche et responsable de la plateforme de biologie moléculaire de l’IPCI, revient sur l’importance de cette formation, les apports du séquençage moléculaire et les ambitions de son équipe pour l’avenir.
Pour les novices, le séquençage moléculaire est une méthode qui permet d’identifier avec précision l’information génétique d’un organisme. Selon le Pr Kakou, cet outil va au-delà du diagnostic classique. « Il permet de distinguer les variantes génétiques d’un virus, de repérer une mutation ou même de détecter une nouvelle souche », explique-t-elle. En Côte d’Ivoire, où des maladies émergentes comme le MPOX (Monkeypox) circulent, le séquençage permet de cartographier l’origine, le clade et la branche génomique des virus.
Cette technologie est cruciale pour la surveillance épidémiologique. Elle donne aux autorités sanitaires les moyens de réagir rapidement face à des menaces émergentes, comme cela a été le cas durant la pandémie de COVID-19. « Le séquençage est un levier de prise de décisions éclairées, qu’il s’agisse de déterminer la contagiosité d’un virus ou la résistance d’une souche bactérienne », ajoute le Pr Kakou.
La plateforme de biologie moléculaire de l’IPCI dispose d’une infrastructure moderne : des séquenceurs de première, deuxième et troisième générations (Sanger, Illumina et Nanopore Oxford). Ces équipements, financés par des partenaires locaux et internationaux, permettent à l’Institut de mener des analyses complexes pour des projets de recherche et des diagnostics biologiques.
Le rôle de cette plateforme dépasse toutefois la recherche. « Nous formons les jeunes chercheurs à maîtriser ces technologies et à intégrer la biologie moléculaire dans leurs travaux quotidiens », précise la responsable. Cependant, le manque de financements constitue une limite majeure pour élargir les projets de grande envergure, comme le développement de vaccins.
Malgré ces défis, le Pr Kakou reste optimiste. Son ambition : transmettre aux jeunes chercheurs une passion pour l’innovation et les préparer à relever les défis scientifiques de demain. « Ces jeunes doivent suivre les avancées internationales et s’approprier les technologies de leur génération. C’est leur devoir envers l’humanité », déclare-t-elle avec conviction.
Pour terminer, la chercheuse a salué le rôle visionnaire de l’IPCI dans le développement de la biologie moléculaire en Côte d’Ivoire. Elle a également remercié le Pr Mireille Dosso, directeur de l’IPCI, et son équipe pour leur engagement à positionner le pays comme un acteur clé de la recherche scientifique en Afrique.