Eco et politique
Me Zéhouri Bertin (Vp du PDCI) salue le courage politique de BÉDIÉ: « Il a dit non au moment où le RHDP s’y attendait le moins, laissant ce parti exsangue et vide »
Présent à Daoukro pour les obsèques de feu le Président Henri Konan Bédié, qui se déroulent actuellement, le vice-président du PDCI-RDA, Me Zehouri Bertin Paul Arnaud, également Haut-Représentant du président du parti, Tidjane THIAM dans le district du GOH-DJIBOUA, s’est ouvert à la presse. Dans cet entretien à bâtons rompus, le Notaire Conseil revisite l’héritage laissé par Henri Konan Bédié et lance un important appel aux militants du plus vieux parti de Côte d’Ivoire.
Quelles sont vos impressions sur le déroulement des obsèques du président Henri Konan Bédié ?
Le peuple BAOULÉ de l’IFFOU auquel appartient le Président BÉDIÉ, poursuit sa tradition de conférer un caractère sacré à leurs dignitaires. Dans ce peuple Baoulé de DAOUKRO, le chef est élevé à un rang spirituel et métaphysique de haute portée. C’est donc avec ce caractère immensément ancré dans leur culture, que se déroulent les obsèques. La dignité se mêle à la douleur.
La sérénité se la dispute avec la joie d’être unis autour des valeurs incarnées du peuple local auquel appartient le défunt président BÉDIÉ. L’accueil des populations est digne du très regretté. Aussi, quel que soit le nombre de visiteurs, vous ne verrez aucune complainte. Aucun son discordant. Tout se déroule dans la paix et la discipline.
Quelle image gardez-vous du président Henri Konan Bédié, ex président de la République de Côte d’Ivoire et président du PDCI-RDA?
Feu le Président du parti, anciennement président de la République, a laissé dans mon souvenir, l’image d’un homme pondéré et responsable. Sous sa gouvernance à la tête du pays, il a tenté de valoriser l’appartenance à la nation ivoirienne. Qualifiant la nécessité du peuple ivoirien à cultiver l’amour de la nation, de IVOIRITÉ, le président BÉDIÉ n’avait pas eu tort. Ceux qui ont combattu son idée de rassemblement autour de la priorité ivoirienne, ont démontré ensuite qu’ils étaient simplement jaloux du rassemblement des Ivoiriens autour de leur pays.
Quelle erreur y’a t-il à accorder la priorité à sa famille, à son village, à son pays ? Cela ne voulait certainement pas dire que les non Ivoiriens n’appartiennent pas à la nation ivoirienne. In fine, c’est bien de tout ce monde qui vit, travaille et se développe puis meure en Côte d’Ivoire, que parlait le très regretté président BÉDIÉ dans son programme. Mais plus que ce que vous savez, Bédié, Président de la République, a eu la réputation établie d’avoir conçu le développement infrastructurel et éthique de la Côte d’Ivoire d’après Félix Houphouet BOIGNY.
Il a poursuivi la construction des aéroports, des routes, des ponts, des villages, de l’électricité, de l’eau etc… Il a réuni autour de lui, les hauts cadres qui aujourd’hui, poursuivent la bonne organisation du PDCI RDA. C’est le cas de l’ex DG du BNETD, devenu Ministre du Plan, Son Excellence Tidjane THIAM. C’est mon cas à titre personnel. J’ai été adopté dans le droit fil des actes de rassemblement des Ivoiriens autour de leur patrimoine territorial.
Nous, Ivoiriens du GOH DJIBOUA, habitants du Goh djiboua, frères et amis du Goh Djiboua, nous savons que le développement de notre pays passe par la décentralisation effectivement opérée dans l’esprit de feu le Président BÉDIÉ qui l’avait envisagé en 1998 alors qu’un hideux et horrible coup d’État allait le conduire en exil sous des arguments fallacieux et jusqu’à présent non élucidés. En qualité de Président du parti, M. BÉDIÉ a montré que le parti se gouverne par le bas jusqu’en haut.
C’est à dire par la mobilisation des militantes et militants, des comités de base proches des familles, des secrétaires de section, des sections et des Délégués départementaux ou communaux. Cette proximité de gestion a poussé le Président du parti à s’installer à DAOUKRO, à PRERESSOU, à Dadiekro son village natal où il a bâti son empire militant. Pourtant, il aurait pu conduire le parti en étant établi à NEW York ou à Paris. Pourtant, il aurait pu diriger le PDCI à partir de Cocody ou du Plateau. Non, Monsieur le Président BÉDIÉ était d’abord militant de base à DAOUKRO avant d’être le leader national. Nous saluons cet esprit de pragmatisme managérial.
A cela, il convient d’ajouter la mobilisation des ressources humaines et financières que le Président BÉDIÉ puisait dans ses plantations de palmier, d’hévéa et autres, pour soulager les comptes du parti. Au lieu de dépendre des cotisations des militants, le Président BÉDIÉ avait préféré produire lui-même les ressources pour administrer le PDCI RDA. Vous pouvez donc comprendre pourquoi, en dépit des 25 ans loin du pouvoir d’Etat, le PDCI continue d’inspirer confiance et attire la fibre jeunesse et les cadres du pays.
Nous saluons donc le modèle de patriotisme du Président BÉDIÉ qui n’a pas trahi son projet de faire de la Côte d’Ivoire une nation unie dans sa diversité et ancrée dans ses valeurs régionales et ancestrales profondes. Ses funérailles actuellement à Prepressou, semblent respecter les valeurs que le défunt Président a vigoureusement défendues toute sa carrière en tant que militant de base, Président de la République puis Président du PDCI RDA.
Selon vous, quel message revêt la disparition de Henri Konan Bédié à l’endroit du personnel politique du PDCI ?
A la lecture de tout ce qui est ci dessus, vous déduirez que le parti perd une sommité politique. Un modèle d’écoute et de conseil. Un havre de tolérance et d’abnégation. Un intrépide militant et dirigeant déterminé quand il le faut. N’a t-il pas claqué les portes du RHDP alors qu’il porta ledit regroupement sur les fonts baptismaux ? Le fondateur du RHDP, contrarié par le non respect des exigences des militants du PDCI RDA, choisissait de dire non au moment où le RHDP s’y attendait le moins, laissant ce parti exsangue et vide.
N’a-t-il pas fait courageusement l’appel de DAOUKRO au moment où il fallait ? Cet appel n’est il pas à la base de l’arrivée au pouvoir du Président actuel ? N’est ce pas le courageux BÉDIÉ et ses lieutenants qui ont appelé à la désobéissance pacifique contre le 3e mandat actuel. Qui a levé le voile sur l’orpaillage clandestin et ses conséquences dévastatrices sur notre environnement et notre économie minière? C’est encore et toujours le Président du PDCI qui, bravant le protocole omerta au palais des congrès de YAMOUSSOKRO, en présence de Angela MERKEL, dénonçait pudiquement, la gestion clanique du pouvoir actuel ?
C’est ce leader, feu Henri Konan BÉDIÉ que les militants de toutes les régions vont regretter longtemps. Heureusement que son héritage est assuré par une génération à laquelle nous appartenons aux côtés de son Excellence le Ministre Tidjane THIAM. J’appelle les militantes et les militants à se remobiliser après le deuil. Car la seule façon de lui rendre hommage sera de lui succéder un régime pacifique, décentralisé, rigoureux, honnête, travailleur, courageux et surtout rassemblé autour du développement harmonieux de la Côte d’Ivoire dans l’optique chère à lui, LE PROGRÈS POUR TOUS, LE BONHEUR POUR CHACUN.
Lemeridien