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Mutations-sanctions en pleine année scolaire d'enseignants: Le nord du pays est-il devenu un lieu de redressement des fonctionnaires jugés récalcitrants ?

CAFÉ CHAUD

Mutations-sanctions en pleine année scolaire d’enseignants: Le nord du pays est-il devenu un lieu de redressement des fonctionnaires jugés récalcitrants ?(Par NAZAIRE KADIA)

Le 23 septembre 2024, plusieurs organisations, faîtières et fédérations regroupées au sein de l’Intersyndicale du Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (IS-MENA) avaient déposé un préavis de grève. Du 15 au 17 octobre 2024, la grève des enseignants fut effective. Les enseignants revendiquaient une série de mesures à même d’apporter un plus à leur quotidien, notamment des primes et l’amélioration de leurs profils de carrière.

Pour les premières heures de la mise à exécution de cette grève, les déclarations sur son suivi ou non étaient contradictoires, selon qu’elles émanaient des syndicats ou des ministères du secteur éducation-formation ? En pareilles circonstances et comme d’habitude, plutôt que d’ouvrir le dialogue ou de le continuer, le gouvernement brandit le « gros bâton ». 

Intimidations, menace de sanctions étaient le lot des grévistes, comme si le droit de grève ne leur est pas reconnu en tant que travailleurs. On suscite des enseignants fortement politisés pour essayer de briser le mouvement, des enseignants sont convoqués dans les commissariats ou dans les préfectures. Cerise sur le gâteau, les grévistes sont accusés de velléités de déstabilisation parce qu’ils seraient mus par des considérations politiques. 

Des cyberactivistes, certainement en mission, ont jeté leur dévolu sur le Pdci-Rda qu’on accuse d’activer le feu pour des objectifs inavoués. Au terme de la grève, le gouvernement ne tarda pas à mettre à exécution, sa politique du « gros bâton ». Des sanctions s’abattirent sur les responsables syndicaux et des enseignants grévistes, allant de la suspension de salaires pour les premiers et à des retenues salariales proportionnelles au nombre de jours de grève pour les derniers.

Pourquoi c’est dans les localités du nord du pays qu’on affecte les enseignants pour nécessité de service en pleine année scolaire ?

Outre les suspensions et les retenus salariales, le gouvernement ivoirien utilise une autre forme de sanction à l’égard des enseignants jugés comme des trouble-fêtes. Il s’agit des mutations-sanctions en pleine année scolaire. Ainsi, des enseignants d’un lycée d’excellence se plaignent-ils de leurs charges de travail ? voilà leurs responsables syndicaux venus aux nouvelles mutés dans des établissements du nord du pays.

Un autre enseignant dans un lycée d’Abidjan, excédé par les conditions de travail de ses élèves, assis à même le sol pour suivre son cours, fait-il une vidéo pour montrer cet état de fait et lancer ainsi un cri de cœur ? Le voilà affecté en pleine année scolaire dans une localité du nord du pays, pour le punir de son outrecuidance et de ce péché de lèse-majesté.

Ces décisions iniques appellent des interrogations.

– Pourquoi c’est dans les localités du nord du pays qu’on affecte les enseignants pour nécessité de service en pleine année scolaire ?

– N’y a-t-il pas de nécessité de services dans les lycées et collèges de Tiassalé, de Ndouci, de Dabou, d’Aboisso ou de Toumodi ?

– Le nord du pays est-il devenu un lieu de redressement des fonctionnaires et particulièrement des enseignants jugés récalcitrants ?

– Ou alors le nord est devenu le goulag par excellence de notre pays ?

En finir avec ces pratiques d’un autre âge

Cette image ainsi projetée du nord du pays doit pouvoir gêner et interpeler plus d’un ressortissant et particulièrement ceux qui tiennent en main la destinée de notre pays. Il est de notoriété publique que de nombreux décideurs du ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, sont issus de cette partie du pays. Pourquoi peuvent-il laisser prospérer dans la conscience collective des ivoiriens que leur zone d’origine est un lieu de punition ?

Est-ce à dire que le nord du pays est toujours déshérité après treize année d’exercice effectif du pouvoir par ses enfants ? Si c’est l’affirmative, à quoi alors aura servi la rébellion qui a porté le glaive au sein de la mère-patrie à cause de la prétendue marginalisation cette région du pays ? C’est à y perdre son latin !

En tout état de cause, il est temps d’en finir avec ces pratiques d’un autre âge, ces pratiques dignes du parti unique qu’on croyait à juste titre relever du passé mais qui viennent d’être mises au goût du jour. Cela est à la fois indécent et désespérant. Nos décideurs, qui décident d’envoyer en pleine année scolaire des pères de famille en punition chez eux, doivent se faire à l’idée que « s’ils n’adorent pas leur propre fétiche, personne ne le fera à leur place». Ainsi va le pays ! Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.

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