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Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) : Trois ans après sa création, quelles stratégies pour conquérir le cœur des Ivoiriens? (Par Nazaire Kadia) 

Il y a trois ans, le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) était porté sur les fonts baptismaux, et M. Laurent Gbagbo élu comme son premier président. Le nouveau parti entend prendre toute sa place sur l’échiquier politique national, et est également porteur d’une offre politique qui va au-delà des frontières nationales.

Ainsi, outre la volonté de reprendre le combat pour la consolidation de la démocratie en Côte d’Ivoire, et in fine reconquérir le pouvoir d’État, le PPA-CI ambitionne de fédérer tous les partis politiques africains ayant une convergence de vue et d’approche avec lui, à l’effet de rendre plus efficace et plus efficiente la lutte pour la souveraineté de nos états.

A cet effet, le discours prononcé au congrès constitutif du nouveau parti par le président Laurent Gbagbo, est digne d’intérêt, instructeur et surtout révélateur de son état d’esprit, après dix années d’incarcération. Il a délivré un message « Urbi et orbi », à la Côte d’Ivoire et à l’Afrique comme le ferait le pape, à la ville et au monde.

Dans l’adresse à la nation ivoirienne, on perçoit la volonté manifeste de l’homme d’aller à une véritable décrispation de l’atmosphère politique ambiante et à une politique « civilisée ». Cela suppose que toutes les personnalités politiques et militaires, incarcérées dans le cadre de la crise postélectorale, soient élargies. C’est une question de logique.

Il est incompréhensible que le principal accusé dont répondent ces hommes politiques et ces militaires soit jugé, acquitté et libéré, et que ces derniers continuent de croupir dans les prisons ivoiriennes. Plus rien ne justifie leur présence dans l’univers carcéral. Il a également demandé le retour au bercail et en toute sécurité des exilés, conformément à la constitution ivoirienne, qui stipule qu’aucun Ivoirien ne doit être contraint à l’exil. Ceux-ci doivent pouvoir revenir au pays sans craindre de l’État.

Que peuvent les micro-États qui sont les nôtres ?

Le message à l’endroit de l’Afrique a également retenu l’attention. On y perçoit sa vision de ce que doit être l’Afrique et ses rapports au monde. Il est de notoriété publique qu’en ce 21e siècle, la richesse et la puissance appartiennent à des pays de grande étendue et de forte population : les États-Unis, la Chine et la Russie.

Même les pays européens, certes riches, apparaissent comme des puissances de seconde zone, pris individuellement. L’ayant compris, ceux-ci s’évertuent à construire méthodiquement leur unité et parvenir à rivaliser avec les grands pays ci-dessus cités. 

Face à ces grands ensembles formés ou en formation, que peuvent les micro-États qui sont les nôtres ? Que peuvent des bandes de terre de quelques milliers de km2, dotées d’un drapeau et d’un hymne national face à ces mastodontes ? La préoccupation des Africains aujourd’hui, doit être de se rendre compte que pris individuellement, ils ne représentent rien, et ne peuvent pas rivaliser avec les grands de ce monde. L’heure doit donc être à bâtir de grands ensembles pour survivre.

L’effritement du Fpi

Trois ans après sa création, le PPA-CI a participé à sa première élection, celle couplée des municipales et des régionales de 2023. L’épreuve du terrain a été difficile et la moisson bien maigre : 2 communes remportées, et en alliance avec le PDCI-RDA, 10 communes et 1 région dans l’escarcelle. La moisson est véritablement maigre. Comment pouvait-il en être autrement ?

Des années d’absence sur le terrain laissent indubitablement des séquelles difficilement surmontables. L’eau a coulé sous le pont et les responsables du parti ont dû se rendre compte que les choses ne sont plus ce qu’elles étaient ou auraient dû être. Beaucoup d’électeurs et des cadres de ce parti ont migré ailleurs, soit pour préserver leur « tabouret », soit au nom d’une mystique du développement de leur région, soit pour trouver des réponses à leurs préoccupations existentielles.

D’autres encore, ont vu leur ardeur émoussée du fait de nombreuses années d’inactivités. On ne saurait passer sous silence, l’effritement de ce qui fut le grand parti qu’était le Fpi, scindé désormais en trois entités « rivales ». Le baptême a été difficile, mais des leçons doivent en être tirées. Une réorganisation en interne et une occupation continue du terrain sont d’une absolue nécessité pour retrouver la verve d’hier et conquérir à nouveau le cœur des ivoiriens. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai. »

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