Sa Majesté Gué Pascal, chef suprême des DAN: « Si Mabri avait perdu les régionales, il y aurait la guerre dans le Tonkpi »

Que se passe-t-il entre Mabri Toikeusse et le chef suprême des DAN, Sa Majesté Gué Pascal, pour que ce dernier déverse son venin sur le président réélu du Conseil régional du Tonkpi ?

Dans une déclaration faite le jeudi 7 septembre, le patron des chefs traditionnels DAN a expliqué des faits qui le fâchent : 

«  La veille des élections, des proches de Mabri Toikeusse dont Koné Amara ont fait irruption chez moi et m’ont séquestré disant que je cache des urnes bourrées l’une pour la candidate Diety Edwige, adversaire de Mabri, et l’autre pour Abou. Je leur ai permis de fouiller. Malheureusement ils n’ont rien vu. Ils ont même dit que j’en garde à la maison. Au lendemain des élections, nous apprenons que Mabri Toikeusse a gagné. J’ai remercié le Seigneur parce que là, on aura la paix dans le Tonkpi», a-t-il indiqué.

Avant de révéler : « Si Mabri avait perdu, il y aurait la guerre dans le Tonkpi parce que tout était préparé à cet effet. Le sang allait couler. Ces jeunes mandatés ont même menacé de me tuer ! j’ai alors appelé le préfet de région. Le lendemain de la proclamation des résultats, des jeunes proches de Mabri avec à leur tête Setin Frédéric, sont venus révéler être venus de la part de Mabri pour nous chasser du bureau des chefs. La même nuit, Setin a mis sa menace à exécution. Les portes fracturées, nos affaires maintenues à l’intérieur, nous ne savions que faire et où aller. La situation a duré jusqu’à Jeudi où des jeunes de Man sont venus en grand nombre me dirent qu’ils vont l’installer contre vents et marrées. C’est ce qui a été. »

Le représentant régional de la chambre des rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire croit avoir été l’inutile cible d’un homme politique : « Mabri a perdu chez ses collaborateurs Seu Tia et Woï Méla mais il ne les a pas brûlés. Il gagne dans mon village mais il n’en parle pas. D’où vient cette haine contre ma personne ? ».

L’origine du mal 

Selon Gué Pascal alias Gloudeu 1er, la pomme de discorde viendrait de son appel de Korhogo dans lequel il suppliait le président de la République, Alassane Ouattara, de briguer un 3ème mandat au motif que cet acte ʺsauverait la Côte d’Ivoire et garantirait la stabilité du pays ʺ. 

« Depuis cette date, Mabri ne veut pas entendre parler de moi (…) Il ne respecte pas l’aîné. C’est là son problème. Moi, Gué Pascal, j’ai occupé tous les postes dans l’administration. J’ai été député pendant 15 ans et vice-président de l’Assemblée. Pour cela, j’ai besoin d’un minimum de respect de sa part (…) Je demande pardon aux mânes pour Mabri Toikeusse. C’est un enfant qui ne sait pas ce qu’il fait. Il faut qu’il change de comportement. On est tous DAN et ce sont ces DAN là que je dirige ! », dit-il. 

Réaction du camp du président Mabri

Joint au téléphone, le député Berni Naman se dit choqué par la sortie du Gloudeu 1er. « Il n’y a pas de brouille entre Gué Pascal et le président Mabri. Gué Pascal n’est d’ailleurs pas roi. Il n’est seulement que le président régional de la chambre des rois et chefs traditionnels de Côte d’Ivoire du Tonkpi. L’appétit venant en mangeant, il s’est donné tous les noms et autres artifices pour rendre le pouvoir mystérieux autour de lui. Dans le fond, il n’y a pas de brouille. Il y a seulement une récupération de certains caciques du RHDP. C’est vraiment de façon maladroite que le procès est fait contre le président Mabri.

Un faux procès d’ailleurs. Comment instituer le festival Nihidaley dans le Tonkpi pour promouvoir les valeurs traditionnelles et coutumières et puis aller s’attaquer à un chef qui incarne ces valeurs ? Comment construire la maison des chefs et rois dans le Tonkpi à coût de centaines de millions, remettre les clés à Gué Pascal et puis le lendemain, aller fermer les portes pour l’en faire sortir ? C’est le paradoxe qui ne dit pas son nom. Et pourquoi cette sortie au lendemain d’une élection qui s’est voulue calme et transparente ? Derrière tout ce qui est dit et monté par notre chef régional il n’y a que l’objectif de ne pas ramener la paix entre les fils et les filles», pense-t-il.

Puis de poursuivre : « Comment pour une affaire qui date d’hier seulement, il va plus loin parler de comment il a mis Mabri en contact avec Guéi Robert, sa déclaration de Korhogo et du CNT, là on n’est plus dans la chefferie ! Mais en plein pieds dans la politique ! C’est ce qui nous gêne. Quel est le rapport entre ce qu’il dit vivre maintenant et ce passé qu’il ressasse ?

Pourquoi en 2023 où le président de la République est en train de construire la Côte d’Ivoire avec tous les Ivoiriens, il choisit de ramener cette histoire de CNT ? Pourquoi le père qu’il dit être ne reprend pas son fils dans la case et le livre à la vindicte populaire sur la place publique ? Finalement qui ne veut pas de la paix dans le Tonkpi ? C’est écœurant. Ça n’honore pas le Tonkpi. Je pense que ce chef-là ne fait pas son travail. Il a un autre objectif à atteindre que ce qu’il dit».

Parlant de Setin Nando, supposé envoyé par Mabri, la réplique du député est ferme : « C’est un raccourci dangereux qu’emprunte le chef Gué Pascal. Faire un tel parallèle n’a pas de sens ».

Joint au téléphone, le nommé Setin Nando Frédéric déclare : « Je ne me reconnais pas dans ces allégations, clame-t-il. Mon éducation ne me permet pas de poser de tels actes. »

A quand la fin de la crise ?

Pour le Berni Naman, député de Danané Sous-préfecture et proche de Mabri Toikeusse, ce sont des cadres du parti au pouvoir dans le Tonkpi, qui tirent les ficelles. 

« Pour eux, en revenant au RHDP, il n’est pas concevable que nous occupions des grands rôles. Et tant qu’ils seront dans cette posture, il y aura toujours problèmes ! » Gloudeu 1er, lui, voit l’issue d’un autre œil. « Mabri gagnerait à être humble», conclut-il.

L’ambassadeur Claude SAHI, chef de cabinet du Chef de l’Etat, venu en pompier avec l’aval de tous les cadres sur terrain, a demandé  pardon au chef suprême et a lancé un appel à la retenue, histoire d’apporter l’accalmie dans le Tonkpi en entendant le règlement durable de cette brouille. 

Une correspondance de SONY WAGONDA