Pour son baptême du feu, le nouveau président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam, a choisi Soubré, capitale de la région de la Nawa, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, pour son premier grand rendez-vous avec les militants, le samedi 22 juin.
Si ce meeting fait partie de ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler les « grandes manœuvres » avant l’échéance de 2025, il faut souligner que le choix de cette localité n’est pas fortuit. On pourrait même dire que c’est un choix hautement stratégique. En effet, la Nawa est une des rares régions qui est tombée dans l’escarcelle du PDCI, lors des élections couplées des sénatoriales et municipales, de septembre 2023, lorsque René Netro Tagbo a coiffé au poteau Donwahi Alain Richard courant pour le RHDP, grâce à son alliance avec le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI).
Comme il faudrait s’y attendre, ce sera l’occasion pour le jeune président, non seulement, de dire merci à ceux qui, devant le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), n’ont pas hésité à renouveler leur confiance dans le parti septuagénaire, mais encore et surtout de faire ses preuves.
On sait qu’il a déjà une brillante carrière internationale de banquier derrière lui, mais reste au jeune président à démontrer effectivement qu’il a l’étoffe du politicien qui saura véritablement redorer le blason du PDCI, afin qu’il puisse reconquérir le pouvoir exécutif qu’il a malencontreusement perdu, en 1999, suite au coup d’État qui a chassé feu Henri Konan Bedié du pouvoir.
Jauger le poids et l’influence réels de ce « jeune premier » et en tirer les leçons qui s’imposent
Pour autant, une question s’impose: un seul meeting quelque giga puisse-t-il être, peut-il aider quelqu’un à faire toutes ses preuves, si bon politicien soit-il ? En tout cas, tout porte à croire que cet exercice qu’on pourrait dire sur la corde raide, ressemble, à s’y méprendre, à l’entretien d’embauche où la première impression suffit pour se faire une opinion d’ensemble du candidat.
Pour le reste, ce meeting revêt une importance particulière pour le RHDP qui pourra jauger le poids et l’influence réels de ce « jeune premier » et en tirer les leçons qui s’imposent. A ce propos justement, qu’il y ait été invité ou pas, il doit y être. D’ailleurs, il n’a pas besoin d’invitation pour prendre part à un événement d’une telle ampleur, car en tant que formation politique majoritaire, il est de son devoir de maitriser l’environnement politique et sa dynamique s’il veut aspirer à en être le maître absolu. Dans tous cas, attendons de voir si la mobilisation, comme annoncée, sera vraiment effective.
Oussou Kouamé Rémi
Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké
Département d’anthropologie et sociologie
Expert Analyste socio-politique et économique
