Les résultats du baccalauréat de la session 2024 ont été proclamés en début de ce mois de juillet. On note un taux d’admission de 34,17%, en légère progression par rapport à la session de 2023.
C’est le lieu de féliciter ceux des élèves qui viennent d’obtenir le premier parchemin de l’Enseignement supérieur, et encourager les autres qui ont été ajournés. Ces derniers n’ont aucune raison de se laisser aller à un découragement, mais plutôt se remettre en question et surtout se remettre au travail pour franchir cet obstacle l’année prochaine.
Pour les heureux admis, une étape vient d’être franchie. Mais ils doivent avoir à l’esprit qu’en ce moment précis, ils sont à un carrefour important de leur vie. Le choix de formation qu’ils auront à opérer cette année, va déterminer leur avenir et leur devenir. C’est pourquoi il leur est demandé une profonde réflexion et la nécessité pour eux de se faire aider par un spécialiste de l’orientation.
Cela leur permettra de cerner le contour et les débouchés de ce qu’ils entendent faire comme formation avant d’opérer le choix de l’orientation. Mais depuis quelques années, l’orientation dans l’Enseignement supérieur pose problème. C’est un véritable casse-tête pour les parents et les élèves. La Direction de l’orientation et des bourses (DOB), héritière de la Direction de l’orientation et des examens (DOREX), qui au regard des attributions, a en charge l’orientation, avec des hommes et des femmes formés pour, s’est vu délester de cette activité.
La Direction des systèmes d’information (DSI), une direction d’appui, avec ses experts informaticiens est devenue une direction opérationnelle qui a accaparé l’activité d’orientation. Depuis que ce modus operandi est devenu effectif à l’Enseignement supérieur, ce qui se fait est tout sauf de l’orientation. L’orientation à l’Enseignement supérieur se résume à deux activités :
– La journée de l’orientation
– Le dispatching informatique des bacheliers, c’est-à-dire l’affectation ou la distribution des bacheliers dans les établissements de formation.
La Journée de l’orientation qui se tient sur trois jours est censée mettre à la disposition des bacheliers les informations nécessaires à même de leur permettre d’opérer leurs choix.
Mais objectivement, peut-on penser que trois jours en un seul lieu permettront d’atteindre l’objectif défini ? Assurément non. D’autant plus que le premier jour est consacré aux grands discours, puis à la visite des stands.
Deux jours pour tous les bacheliers pour s’entretenir avec les inspecteurs d’orientation et les responsables des établissements afin de se faire une idée de ce qui les attend pour la suite de leurs parcours scolaires. L’opération a toujours laissé l’impression d’être une tribune pour les établissements à l’effet de vendre leurs produits.
La deuxième activité commence par l’inscription en ligne et finit par le dispatching informatique des bacheliers dans les établissements. À aucun moment, le bachelier n’est au centre des préoccupations. Personne ne se soucie guère de savoir si en amont, celui-ci a eu toutes les informations sur les offres de formation à l’enseignement supérieur, s’il a bénéficié de conseil en orientation ou s’il a pu s’ouvrir à un spécialiste au cas où il aurait des problèmes particuliers.
Ilsn’ont aucune idée de la nouvelle procédure qui préside à l’orientation des bacheliers dans le supérieur
On pourra objecter que c’est le rôle des inspecteurs d’orientation de l’éducation nationale. Mais quels sont les supports que l’enseignement supérieur met à la disposition de l’éducation nationale pour que le travail d’information des élèves en amont soit efficace?
Jusqu’au départ du ministre Cissé Bacongo de l’Enseignement supérieur, il y avait une collaboration entre les directions en charge de l’orientation de l’enseignement supérieur et de l’éducation nationale. Des échanges qui permettaient aux inspecteurs de l’orientation du supérieur de mettre à niveau leurs collègues de l’éducation nationale, relativement aux offres de formation, et aux changements qui interviennent par exemple la dernière réforme du BTS.
Des documents élaborés à l’intention des élèves comme « Le Guide de l’étudiant », régulièrement mis à jour, sont également mis à leur disposition pour faciliter les séances d’information pour les élèves de terminale. Aujourd’hui, de nombreux inspecteurs de l’orientation de l’éducation nationale, ne cachent pas les difficultés qui sont les leurs, quand ils se retrouvent devant les élèves de terminale.
Ils n’ont aucune idée de la nouvelle procédure qui préside à l’orientation des bacheliers dans le supérieur, juste parce que la collaboration entre les deux ministères relativement à l’orientation a vécu. On peut certes se féliciter et saluer l’introduction du numérique et de l’informatisation du système de l’orientation, mais on ne saurait réduire l’orientation à cette seule dimension, en mettant sur le bas-côté les spécialistes de l’orientation du ministère et surtout en occultant le volet humain dans la procédure : le conseil en orientation et l’encadrement du bachelier.
Soutenir la Direction de l’orientation et des bourses qui a cette expertise
En outre, de petits détails aux conséquences lourdes doivent nécessairement faire l’objet d’attention si tant est que l’élève est une préoccupation. Pour l’inscription en ligne, de nombreux bacheliers, n’ayant pas d’idées sur les offres de formation, se font aider ou plutôt se font imposer des choix par les opérateurs des cybercafés. Ceux-ci se jouant les inspecteurs d’orientation, ne font que projeter leurs ambitions déçues sur des bacheliers, fragiles en ce moment précis. Et les nombreuses contestations qui surviennent à la proclamation des résultats proviennent en partie de cet état de fait.
Pour éviter tous ces désagréments, il urge que le dysfonctionnement qu’on note à l’enseignement supérieur au sujet de l’orientation soit corrigé. La Direction des systèmes d’information dont l’expertise en informatique ne fait l’ombre d’aucun doute n’a pas pour autant l’expertise en orientation, qui ne doit pas être confondue avec les affectations des bacheliers dans les établissements.
La Direction de l’orientation et des bourses qui a cette expertise doit être soutenue par la direction d’appui qu’est la Direction des systèmes d’informations au regard des attributions de chaque direction. Cela aura l’avantage de rendre le système fluide et d’éliminer les scories constatées dans le système depuis le départ du ministre Cissé Bacongo…pour le bonheur des bacheliers. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où, l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA
Analyste politique