Face à la recrudescence inquiétante de la maladie de Mpox (anciennement connue sous le nom de variole du singe) à l’échelle mondiale, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a tiré la sonnette d’alarme. L’Afrique, en particulier, enregistre un taux de mortalité alarmant, soulignant la gravité de la situation. En Côte d’Ivoire, 35 cas ont été recensés, avec malheureusement un décès à déplorer.
Dans ce contexte préoccupant, l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire (IPCI), reconnu pour son expertise en matière de recherche, joue un rôle crucial dans la lutte contre cette maladie. En tant que structure en charge de la confirmation des cas suspects de Mpox sur le territoire ivoirien, l’IPCI met son savoir-faire et ses ressources au service de la population pour endiguer la propagation de ce virus.
Afin de mieux comprendre les enjeux liés à cette épidémie et les efforts déployés par l’IPCI, nous avons eu l’opportunité d’échanger avec le Professeur Meité Syndou, enseignant-chercheur, Maître de Conférences Agrégé en Bactériologie-Virologie, et Coordonnateur Scientifique du Centre d’études des Pathogènes à Risques Infectieux Sévères (CEPRIS) de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire.
En tant que point focal de l’IPCI pour la gestion de la Mpox, il nous apporte son éclairage sur les actions en cours et les défis à relever pour maîtriser cette crise sanitaire.
Depuis le 22 juillet 2024, l’OMS a tiré la sonnette d’alarme sur le MPOX , Pouvez-Vous nous parler de cette maladie, Prof ?
Mpox appelé avant la variole du singe est une zoonose du au Mpoxvirus ou virus de la variole du singe du fait qu’il a été isolé pour la première fois chez les primates non humains en 1958.
Avez-vous mis en place des mécanismes d’action d’anticipation pour cette maladie?
Oui, effectivement l’IPCI est chargé de la détection des cas. La méthode de diagnostic est la biologie moléculaire (PCR). C’était la même technique dans la détection du SRASCoV 2, virus responsable de la Covid19.
Quel est l’état de connaissance sur cette maladie pour que l’IPCI puisse trouver le diagnostic ?
Il faut savoir que le Mpoxvirus a été l’objet de mon sujet de thèse a IPCI dirigé par la directrice de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire, Prof Mireille DOSSO. Cette thèse a permis de mettre en place le diagnostic. Ce diagnostic est renforcé par la formation et la disponibilité des kits PCR Mpoxvirus. Également le personnel de l’IPCI a plus de 10 ans d’expérience dans la réalisation des PCR. Que cela soit la Plateforme de Biologie Moléculaire (PFBM), la Département de Virus Épidémiques (DVE) ou autres départements de l’Institut. Actuellement la détection est assurée par la Plateforme de Biologie Moléculaire (PFBM). En cas d’augmentation des cas, j’espère qu’on ne va pas en arriver là, les autres laboratoires viendront en appui car ils savent déjà faire la PCR
Le MPOX est-il de la même famille que le Covid-19 ou Ebola ? Quelle est la différence entre cette nouvelle maladie et la COVID-19 ou Ebola ?
Mpoxvirus est différent du virus de la covid19 et du virus Ebola. Mpoxvirus est un virus à ADN alors que les 2 autres sont des virus à ARN au plan de la structure. Les 2 autres sont plus transmissibles. Concernant les manifestations, Mpox se caractérise par les lésions cutanées principalement ce qui n’est pas le cas pour les 2 autres.
Était-il déjà existant dans notre pays où en l’état actuel de vos connaissances, la souche de contamination du patient zéro est-elle venue de l’extérieur ?
Oui, le Mpoxvirus avait été déjà mise en évidence chez l’homme en Côte d’Ivoire en 1970 et 1980. Il ya cette réémergence plus de 40 ans après. Pour le moment aucun cas ne vient de l’extérieur. Il s’agit de cas de patients vivants en Côte d’ Ivoire. Pas de cas importés.
°PCR = Polymerase Chain Reaction
°ADN= acide désoxyribonucléique
° ARN= acide ribonucléique
Interview réalisée par Service communication IPCI