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Affaire "Taux de croissance à deux chiffres" : Mais pourquoi les jeunes ivoiriens fuient-ils leur pays par la mer pour l’Europe au péril de leurs vies ?

Femmes et Jeunesse

Affaire « Taux de croissance à deux chiffres » : Mais pourquoi les jeunes ivoiriens fuient-ils leur pays par la mer pour l’Europe au péril de leurs vies ? (S’interroge NAZAIRE KADIA) 

La Côte d’Ivoire est vraiment un pays formidable et merveilleux. Les officiels ivoiriens ne cessent de nous le ressasser. Le pays connait un développement fulgurant à nul autre pareil. Le taux de croissance à deux chiffres est là pour le prouver. Les soutiens objectifs du pouvoir, ne se lassent pas sur les réseaux sociaux de présenter les images de ponts, d’immeubles, ou de routes bitumées, symboles s’il en faut, du paradis qu’est devenu le pays, qui baigne en outre dans une démocratie des plus avancées.

Les discours officiels ne sont pas en reste. C’est une véritable autocélébration et une autosatisfaction qui feraient pâlir de jalousie, les pays voisins. Le chef de l’État de Côte d’Ivoire ne s’en prive pas non plus. À toutes les adresses à la nation en fin d’année ou à la veille de la fête nationale, il nous rappelle à souhait que son gouvernement a fait en moins de dix ans, plus que ce qui a été fait depuis l’indépendance. Le pays est donc devenu un eldorado où il fait bon vivre. Mais ça, c’est la face visible de « l’issèbè» (iceberg).

Mais depuis des années, il ne se passe pas de jours sans qu’on ne fasse pas état de l’arrivée massive par mer sur l’île italienne de Lampedusa, de nombreux migrants dans des bateaux de fortune dans l’espoir de gagner l’Europe au péril de leurs vies. Parmi ces migrants, il y a un grand nombre de ressortissants ivoiriens. Des antécédents, il y en  a eu et chaque fois, on dénombre beaucoup d’ivoiriens parmi ceux qui bravent la mer, pour se présenter aux portes de l’Europe. Le phénomène semble avoir baisse d’intensité ces derniers temps, mais demeure toujours.

Face à cette situation récurrente, des questions taraudent l’esprit de nombreux Ivoiriens : Pourquoi des Ivoiriens iraient-ils chercher ailleurs un eldorado, alors que leur pays en est déjà un ? Pourquoi se présenter en demandeur d’asile, alors que le pays est désormais une démocratie citée en exemple par de nombreux médias occidentaux ?

Où en sommes-nous aujourd’hui avec l’année de la jeunesse?

Et c’est là qu’apparait toute la face hideuse de la propagande et de la communication vuvuzela, dont le but est de présenter à l’extérieur une image rayonnante et policée du pays, alors qu’à l’intérieur, les ivoiriens tirent le diable par la queue.

Si aller en Europe est un rêve caressé par de nombreux jeunes africains, même clandestinement, la situation s’est amplifiée, et la Côte d’Ivoire n’y échappe pas. Au prix de leur vie, ces jeunes affrontent le désert du Sahara, bravent les vagues impétueuses de la Méditerranée, pour espérer retrouver l’eldorado que serait l’Europe dans leur imagination. Ce n’est pas de gaieté de cœur que ces jeunes prennent autant de risques, pour une vie qu’ils espèrent être meilleure de l’autre côté, alors que cela n’est pas évident. Mais qu’importe.

Quelles perspectives leur offrent leurs pays d’origine ? Quel avenir peuvent-ils escompter dans des pays qui naviguent à vue, gangrenés par la corruption, la gabegie, le népotisme, où même réussir à un concours requiert des conditions dont beaucoup ne peuvent pas remplir ? Toutes les promesses qui leur sont faites, avec pour leitmotiv « la jeunesse est l’avenir du pays», ne sont que de la poudre aux yeux. 

L’année 2023 a été déclarée année de la jeunesse, et promesse avait été faite à cette jeunesse, qu’un milliard de F CFA (1 000 000 000 F) par jour, lui sera octroyé pour son insertion dans le tissu économique. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Si l’opération a été un succès, il ne nous reste plus qu’à demander sa reconduction. Les jeunes migrants, bardés de diplômes (qui ne leur servent à rien au pays) pour certains, sans formation ni qualification pour d’autres, envahissent le sud de l’Europe, mais pour nombre d’Ivoiriens, la destination finale est la France.

Que la France s’attende à encore voir déferler sur son sol des milliers de jeunes Africains…

Mais ceux des migrants qui rêvent de la France, devront déchanter. On se rappelle que l’année dernière, le ministre français de l’Intérieur d’alors, Gérald Darmanin avait précisé que la France « était prête à aider» les dirigeants italiens, pour reconduire les migrants arrivés à Lampedusa. Il avait poursuivi pour dire : « …nous devons être fermes face à l’immigration irrégulière… la France n’accueillera aucun migrant de Lampedusa… ». Voilà qui est dit et bien dit.

Mais la France si prompte à s’immiscer dans le choix des dirigeants africains, au besoin à coup de bombes, à soutenir des despotes totalement coupés de leur population et des réalités du pays, des dirigeants sans vision et qui n’offrent aucune opportunité au peuple de jouir de la richesse du pays, cette France-là, doit bien ouvrir ses frontières. Car en complicité avec les dirigeants africains, ses «sous-préfets », elle pille les richesses de nos pays. 

Qu’elle s’attende à encore voir déferler sur son sol des milliers de jeunes Africains, tant que sa politique de pillage des richesses, et sa politique de nomination de « sous-préfets » n’auront pas pris fin. Enfin, on est en droit de se demander ce que veulent les Européens. Il y a quelques siècles, ils affrétaient des bateaux pour venir en Afrique, opéraient des razzias dans les villages, capturaient les jeunes vigoureux pour les faire partir sous d’autres cieux, dans leurs plantations.

Le départ massif des jeunes à la recherche d’un mieux-être montre de toute évidence que le développement d’un pays ne se limite pas à la construction de ponts…

Aujourd’hui que ces mêmes africains, jeunes et vigoureux viennent s’offrir volontairement à eux, en payant eux-mêmes les frais du voyage, qu’ont ces Européens à se barricader ? Mais au-delà de ce qu’on peut bien reprocher aux Européens, on se doit de l’affirmer, les dirigeants africains et les Ivoiriens en particulier, ne sont pas exempts de tous reproches.

Depuis des années, il était connu que la ville de Daloa qui enregistre un grand nombre de candidats à la migration, abritait des filières et des passeurs pour cette aventure. Qu’est-ce qui a été fait pour endiguer ce phénomène ? On ne sait grand-chose. En tout état de cause, le départ massif des jeunes à la recherche d’un mieux-être montre de toute évidence que le développement d’un pays ne se limite pas à la construction de ponts, de routes bitumées ou d’embellissement de villes. 

L’homme doit être au centre de toutes les préoccupations. Car il n’y a de développement que l’homme ! Ainsi, l’Ivoirien bien éduqué, bien formé, bien soigné et qui a un travail, pourra allégrement, monter dans le métro d’Abidjan, admirer la plus haute tour d’Afrique, et s’émerveiller de la luminosité du pont à haubans.

Dans ces conditions, il ne lui viendra jamais à l’idée de tenter la dure traversée du Sahara, pour aller mourir en mer et au meilleur des cas, aller se faire rudoyer par les garde-côtes européens. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.

NAZAIRE KADIA

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