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Révision de la liste électorale, présidentielle de 2010...: Comment Coulibaly Kuibert et Robert Bourgi ont jeté un pavé dans le marigot politique ivoirien

ELECTION 2025

Révision de la liste électorale, présidentielle de 2010…: Comment Coulibaly Kuibert et Robert Bourgi ont jeté un pavé dans le marigot politique ivoirien

Ces derniers jours ont été riches en informations pour les Ivoiriens. Deux interviews, l’une sur TV5 Monde et l’autre sur France 24, ont jeté un véritable pavé dans le marigot politique de la Côte d’Ivoire. La première interview, celle de TV5 Monde dont l’invité était le président de la Commission Electorale Indépendante (Cei), Coulibaly Kuibert, a mis en exergue l’enfumage dont est l’objet le peuple ivoirien relativement à la révision de la liste électorale.

De petites relances de la journaliste de TV5 Monde, ont réussi à déstabiliser le tout-puissant président de la Cei, au point de reconnaître que la révision de la liste électorale qui doit se faire chaque année au regard de la loi, ne se fait pas à cette fréquence. La Cei attend l’année électorale ou quelques temps avant pour faire cette opération. Ce qui était donc nié et balayé du revers de la main à Abidjan est reconnu à Paris.

Quel résultat peut-on attendre d’une opération qui doit se faire chaque année, si on la fait en un mois ? De nombreux ivoiriens n’ont-ils pas raison de ne pas faire confiance à cette Cei ? La sérénité de Coulibaly Kuibert qui était toujours de mise, avec quelques airs goguenards devant les journalistes ivoiriens, a disparu au cours de cette interview devant la journaliste de TV 5 Monde.

Manifestement l’opposition ivoirienne est bel et bien fondée à réclamer un temps plus long pour cette opération, mais également un audit de cette liste. Les explications que donnent toujours Coulibaly Kuibert, relativement à la présence de personnes décédées sur la liste électorale, ne sont guère convaincantes. D’autant plus que la toile bruit actuellement avec la publication de la carte d’électeur de la comédienne Marie-Louise Asseu, de son vrai nom, Cho Françoise Kouassi, décédée en 2016, mais qui aurait réalisé l’exploit de voter en 2020.

Si cette information s’avérait, elle mettrait en évidence l’absolue nécessité qu’il y a, de réviser de fond en comble la liste électorale, en dépit des assurances que ne cesse de donner le président de la Cei. On n’oublie non plus les autres griefs portés à cette liste, comme la présence de personnes qui n’y ont pas droit, ou des mères (certainement des mères-porteuses), qui ont donné naissance à une centaine d’enfants !

Des révélations renversantes

On pourrait même envisager, pourquoi pas, de croiser le fichier électoral ivoirien avec ceux des pays voisins comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Guinée. Mais ne nous faisons pas d’illusions. Le pouvoir freinera des quatre fers comme d’habitude. La deuxième interview qui secoue aujourd’hui le paysage politique de la Côte d’Ivoire, est celle qu’a accordée à France 24, Robert Bourgi, homme lige de la « Françafrique ».

Robert Bourgi a fait des révélations renversantes, donnant d’entendre les bruits de couloirs qui avaient cours à l’Elysée, et qui n’avaient rien avoir avec les discours officiels. L’une des informations fondamentales donnée par Robert Bourgi, mais qui n’en est pas une pour de nombreux Ivoiriens, c’est que Laurent Gbagbo a gagné l’élection présidentielle de 2010. 

Tout ce qui s’en est suivi jusqu’à son arrestation et sa déportation à la Haye, ne participait donc que du souci de la France de mettre à la tête de la Côte d’Ivoire, un homme plus accommodant, Alassane Ouattara. Quoi que cette information donnée par Robert Bourgi ne change rien à la situation politique, elle aura seulement le mérite d’édulcorer les certitudes et les affirmations des tenants du pouvoir. Mais alors, pourquoi maintenant et pas en 2011?

Robert Bourgi vient de parler, il serait bienséant que d’autres acteurs de la crise ivoirienne puissent un jour éclairer la lanterne des ivoiriens, car les interrogations sont nombreuses. Cela n’est pas évident, mais faisons un peu de fiction. Imaginons que l’Onu, et sa branche ivoirienne pendant la crise de 2010-2011, l’Onuci, la France, l’Union Européenne, l’Union Africaine et la Cedeao veuillent nous éclairer. Chacun de ses acteurs a eu à jouer à un moment donné, un rôle majeur dans la crise ivoirienne.

Des explications aux Ivoiriens

– L’Onu, à travers son ancien secrétaire général, le coréen Ban Ki Moon, devra expliquer aux ivoiriens, en quoi le recomptage des voix était une injustice à l’égard du candidat Ouattara, au point de lui préférer la confrontation armée avec des milliers de morts.

– Son compatriote Choï, son représentant permanent en Côte d’Ivoire et patron de l’Onuci, devra lui aussi dire en quoi consistait la certification des élections, à l’effet d’éclairer la lanterne de tous et de comprendre réellement ce qui s’est passé. Fallait-il certifier le déroulement du processus électoral, en appréciant l’organisation et le respect des standards internationaux, ou s’agissait-il de désigner le vainqueur de l’élection?

– La France qui a été à l’initiative de la résolution de l’Onu sur la Côte d’Ivoire, et qui dès son adoption, a pris sur elle de bombarder les camps militaires et la résidence des chefs d’État de Côte d’Ivoire, se doit aussi de s’expliquer. 

Ces bombardements ont fait de nombreux morts et ne sauraient être passés par pertes et profits. Elle devra en outre apporter la preuve que le président Laurent Gbagbo a utilisé des armes lourdes contre des civils, ce qui l’a motivée à être à l’initiative de la résolution de l’Onu. Elle doit également expliquer à quoi répondait le bombardement du Chu de Cocody et d’un supermarché dans le même quartier. Étaient-ce des objectifs militaires ou a-t-elle délibérément choisi d’en faire des exemples ?

– L’Union Européenne doit également des explications aux ivoiriens. Elle devra expliquer le bien fondé de ses embargos sur la Côte d’Ivoire, surtout l’embargo sur les médicaments. Elle nous dira pourquoi elle n’a pas eu à faire sa propre lecture de la situation, mais s’est systématiquement alignée sur les positions de la France.

– L’Union Africaine et la Cedeao, devront également nous expliquer leurs attitudes belliqueuses, leur propension à vouloir en découdre avec l’armée ivoirienne, au moment où elles étaient incapables d’envoyer des troupes combattre Boko Haram qui enlevait des lycéennes au Nigéria. La France, l’Onu, l’Union Européenne, l’Union Africaine et la Cedeao doivent enfin nous dire s’il leur revenait de proclamer le vainqueur d’une élection en lieu place de l’institution nationale qui en est chargée.

Comment comprendre qu’un candidat à une élection présidentielle, qui n’était ni chef d’État ni président de la République, puisse disposer d’une armée?

Au plan interne, plusieurs interrogations demeurent et doivent avoir des réponses pour faciliter la compréhension d’une situation qui est une véritable dissonance cognitive pour certaines personnes: comment dans un pays démocratique, on peut proclamer un président élu à partir des résultats provisoires donnés hors délai et en dehors de son siège par la structure en charge des élections? 

Faut-il rappeler que cette structure ne donne que des résultats provisoires et qu’en dernier ressort, c’est le Conseil Constitutionnel qui proclame les résultats définitifs et le vainqueur de ces élections? Sa décision est non susceptible de recours et de contestation. Comment a-t-on réussi l’exploit de considérer des résultats provisoires comme définitifs et contester une décision qu’on n’a pas le droit de contester? Les démocrates doivent nous l’expliquer.

– Comment comprendre également qu’un candidat à une élection présidentielle, qui n’était ni chef d’État ni président de la République, puisse disposer d’une armée qui guerroie pour lui sans que cette situation ne choque les démocrates auto-proclamés ?Ces réponses à toutes ces interrogations permettraient de mieux comprendre ce qu’ont vécu les ivoiriens. Mais hélas…demain n’est pas la veille. Ainsi va le pays. Toutefois arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai. 

NAZAIRE KADIA

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