À Issia, la vente illicite de manuels scolaires prend de l’ampleur, suscitant l’indignation des libraires locaux. Réunis en assemblée générale le mardi 29 octobre 2025 dans la salle des fêtes de la mairie, les membres de la section locale de l’Association des Libraires et Détaillants de Livres de Côte d’Ivoire (ALDLCI) ont dénoncé l’implication directe du personnel du Ministère de l’Éducation nationale dans cette activité, détournant ainsi le rôle de distribution normalement réservé aux libraires.
Selon Marcel Yeo, porte-parole des libraires, ce phénomène n’a cessé de croître, touchant désormais tant les établissements primaires que les lycées publics de la ville. « Cette situation, déjà signalée aux autorités locales l’année dernière, a atteint un niveau alarmant cette année. Partout, des enseignants se substituent aux libraires en vendant eux-mêmes les ouvrages scolaires directement dans les établissements », déplore-t-il.
Le désarroi des libraires est palpable. « Nous, libraires, payons des taxes municipales et nationales. Mais aujourd’hui, ce sont des enseignants, en position d’autorité, qui deviennent revendeurs de manuels dans les écoles. Comment comprendre cela ? » s’interroge M. Yeo. Cette situation, perçue comme une concurrence déloyale, met en péril l’activité des libraires locaux, qui peinent à rivaliser avec le personnel éducatif.
Marcel Yeo a illustré l’ampleur du phénomène, notamment dans les écoles primaires, en particulier à l’Inspection primaire Issia 2. Là-bas, les documents scolaires sont déposés auprès des directeurs, qui auraient pour instruction de les vendre aux élèves et parents, officialisant ainsi ce commerce parallèle. « Dans le secondaire, des kiosques sont même installés près des lycées et collèges, et chaque professeur oriente les élèves vers ces points de vente, en affirmant que seuls ces endroits disposent des ouvrages au programme », ajoute-t-il.
Il cite l’exemple du lycée municipal, où les élèves se voient contraints d’acheter les romans au programme dans une baraque installée à l’entrée de l’établissement. Cette pratique, imposée aux familles, choque et perturbe les libraires, d’autant plus qu’aucune solution n’a été apportée malgré les alertes répétées adressées à la direction régionale de l’Éducation nationale.
Malgré une saisine officielle de cette direction l’année dernière, les libraires n’ont obtenu aucune réponse, laissant le phénomène de la vente illicite s’amplifier, au grand détriment des acteurs légitimes du secteur. « Cette situation est insoutenable, et les autorités doivent réagir », conclut Marcel Yeo, en appelant à une régulation stricte de la vente des manuels scolaires dans les établissements d’Issia.
Junior Ouattara