Un opérateur économique en prison lève le voile sur la mafia des usuriers en Côte d’Ivoire, pour opérer sur fond de non respect de la loi, de véritable opérations de blanchiment d’argent , pouvant mettre en péril l’intégrisme de l’économie nationale et la crédibilité du pays. Actuellement en détention à la MACA pour une affaire d’abus de confiance liée à une dette contractée, l’opérateur économique SBS révèle les rouages d’un système d’usure. Qui protège ces pratiques ?
Tout commence avec un prêt consenti par LM alias « Bani », à TAY, un parlementaire. Le premier jour, LM avance 80 millions de FCFA à TAY en échange d’un chèque de 120 millions de FCFA. Le lendemain, il lui accorde 40 millions de FCFA supplémentaires contre un remboursement de 60 millions de FCFA, avec l’intermédiaire de l’opérateur économique SBS en ce moment en prison.
Cette relation financière complexe se corse lorsque le notaire de Coris Banque tarde à finaliser les formalités. LM met alors une pression considérable sur l’opérateur économique, qui se voit contraint de compléter lui-même 20 millions de FCFA, portant la somme totale à 200 millions de FCFA.
L’intervention de S et l’ACD
Parallèlement, une autre transaction impliquant S entre en jeu. Ce dernier avait prêté 420 millions de FCFA pour l’acquisition de 2 hectares et 800 m² de terrain. L’original de l’Attestation de Concession Définitive (ACD) était sous la garde de son notaire.
Face à la pression de LM pour récupérer ses 200 millions de FCFA, l’opérateur économique se tourne à nouveau vers S, qui accepte de prêter 180 millions de FCFA en contrepartie du dépôt de l’ACD. Avec cet argent, un chèque de 136 millions de FCFA est émis en faveur de LM, laissant un solde de 64 millions de FCFA.
Une dette qui enfle à chaque étape
Malgré ces remboursements, la pression continue, et LM exige une majoration portant le montant dû de 64 millions de FCFA à 140 millions de FCFA. Dans un autre épisode, TAY revient avec une demande de 40 millions de FCFA pour “boucler un dossier”. LM accepte de prêter cette somme à condition qu’elle soit doublée à 80 millions de FCFA, ce qui porte sa créance totale à 220 millions de FCFA.
Lorsque la signature du contrat de vente approche, un délai de quatre mois est nécessaire pour obtenir l’autorisation des administrateurs de la banque. Pendant cette période, LM impose une pression telle que l’opérateur économique ajoute encore 50 millions de FCFA, portant la dette à 270 millions de FCFA. Un chèque global de ce montant est émis pour clôturer les engagements.
L’ACD, enjeu de blocage et manœuvres supplémentaires
La banque exige l’original de l’ACD pour finaliser la transaction, mais il manque encore 185 millions de FCFA pour l’obtenir. Monsieur Lah propose de trouver 100 millions de FCFA contre un remboursement de 200 millions de FCFA, ce que l’opérateur économique accepte. Avec le soutien de son notaire, Maître K, les 85 millions de FCFA manquants sont complétés.
Cependant, lors de la visite du site avant la signature, des clôtures sont découvertes sur le terrain, ce qui bloque à nouveau la procédure. La banque exige leur démolition avant toute poursuite.
Conflit judiciaire et démolition des clôtures
Pour débloquer la situation, l’opérateur économique assigne VD et ses complices devant le tribunal. Le 29 septembre 2024, le tribunal ordonne la démolition des clôtures avec exécution provisoire, mais les parties adverses font appel. Le 29 octobre 2024, le ministère de la Construction intervient en marquant les maisons de croix, en attente de leur démolition.
Arrestation et accusations contradictoires
Convoqué à la PJ, l’opérateur économique fait face à LM devant Mme le procureur F. LM affirme lui avoir prêté 200 millions de FCFA dès le premier jour, suivis de trois autres versements de 100 millions de FCFA ( soit 500 millions Fcfa ) , ce que l’accusé conteste catégoriquement. La police tente d’entendre TAY, mais ce dernier ne se présente pas. L’opérateur économique est finalement déféré à la MACA le 19 novembre 2024.
Une affaire qui interroge
Cette affaire dévoile un système complexe d’usure où des prêts consentis à des taux exorbitants entraînent des spirales d’endettement et de pressions financières. À travers ces transactions opaques, la question se pose : qui protège ces pratiques ? L’opérateur économique, aujourd’hui en détention, continue de dénoncer un système qui, selon lui, le dépasse, tout en reconnaissant sa dette.
Il dit être prêt à payer, mais refuse le chantage et la volonté de faire hypothéquer ses biens, avant d’être libre. Il est étonné que le système d’usure mis en place et la spirale en cours n’aient pas retenu l’attention du pôle pénal, et que des prêts d’argent consentis de cette manière illégale le conduisent en prison à l’institution d’un réseau d’usuriers agissant de façon impunie , malgré les alertes Gafi et le blanchiment. L’argent illicite étant ensuite injecté dans le circuit par des chèques et la caution des notaires, appelés à être vigilants de plus en plus.
Junior Ouattara