C’est avec plaisir que j’observe depuis un moment KARIM OUATTARA, DGA de la LONACI, dans des actions de reconnaissance à ceux qui, selon lui, font honneur à la République.
Quelques exemples:
Juste deux mois en arrière il parrainait une cérémonie dénommée SUPER MÉMÉ. Il s’agissait d’une cérémonie d’hommage à des femmes du troisième âge qui, malgré leur âge avancé, apportent quelque chose de notable à la marche du pays. Elles sont pour la plupart de classe moyenne.
Même si certains ont vu en cette cérémonie une propagande déguisée pour le président OUATTARA, elle a néanmoins été une occasion d’épanouissement pour ces dames en plus des prix qu’elles ont reçus. Voici le même KARIM OUATTARA qui récompense des artistes dont il reconnaît les mérites et les bienfaits pour la République. Et cela m’inspire cette réflexion.
Lorsque le président Gbagbo avait été arrêté le 11 avril 2011 et qu’il fallait remettre le Journal Fraternité Matin sur le marché, c’est KARIM OUATTARA que le tout nouveau régime d’alors a dépêché à Fraternité Matin pour demander aux travailleurs de publier le journal dès le LUNDI 18 AVRIL 2011 c’est-à-dire seulement une semaine après les graves évènements dans l’histoire de la Côte d’Ivoire.
Tous les autres Responsables de la rédaction étant injoignables à cette période, c’est moi que notre PCA d’alors, Mme Viviane Zunon Kipré, a chargé de rémobiliser les journalistes pour la reprise du travail. C’est feu Laurent Kouassi, ex-Directeur technique, qui m’a appelé pour me faire part de la décision du régime de mettre le journal sur le marché afin que, voyant les journaux dans les kiosques, les populations sortent et que cela contribue à la reprise progressive des activités socio-économiques dans le pays.
Quand KARIM OUATTARA est donc arrivé à Fraternité Matin c’est moi qui, en ma qualité de Rédacteur en chef d’alors et en l’absence des autres Responsables de la rédaction, étais son premier interlocuteur au plan éditorial. Et c’est comme ça que mes autres collaborateurs et moi avons remis Fraternité Matin sur le marché, contribuant ainsi à la normalisation de la situation post-crise. C’est bien plus tard que Venance Konan a été nommé DG.
Il y a environ trois ans je suis allé rencontrer un ancien collègue et frère de Fraternité Matin, Roger Kouassi, alors en fonction à la LONACI. J’étais dans l’attente lorsque j’ai vu KARIM OUATTARA passer. Croyant qu’on se reconnaîtrait mutuellement, je me lève et avance vers lui pour le saluer. Ma surprise a été grande de constater que Monsieur KARIM OUATTARA ne me reconnaissait plus. Je me suis présenté en vain. J’en ai été scandalisé à l’idée que les gros risques que nous avions encourus en son temps en enjambant des cadavres pour venir remettre le journal sur le marché ne sont même pas reconnus par ceux qui gouvernent et leurs démembrents.
Ou alors le DGA de la LONACI m’aurait reconnu si j’étais de ceux qui ont du Prix à leurs yeux. Mais nous autres hommes des médias que n’importe qui appelle, avec une certaine condescendance pendant les cérémonies, “chers amis journalistes”, on peut se permettre de royalement nous oublier, nous ranger dans les oubliettes de l’histoire après s’être servi de nous.
KARIM OUATTARA peut récompenser les bienfaiteurs de la République. Mais il ne reconnaît plus ceux qui, au plus fort de la crise post-électorale avec tous les risques que cela comportait, sont sortis au péril de leur vie pour amorcer la normalisation de la situation socio-économique. Une simple reconnaissance même si l’on peut penser que nous n’avions fait que notre travail. Et KARIM OUATTARA n’est pas seul à nourrir ce mépris envers les journalistes.
Actuellement Fraternité Matin, où nous avons passé plus de 30 ans de notre vie, et au nom duquel nous avons pris tous les risques possibles commémore ses 60 ans d’existence. Les Responsables actuels n’ont pas jugé utile de nous associer, en tout cas me concernant, à cette commémoration. C’était juste un témoignage comme il y en a bien d’autres pour étayer tel ou tel acte ou comportement des tenants du régime.
Que Dieu nous garde et nous protège.
AD