Adayé Kessiè Festival 2024 : Dépôt de gerbes de fleurs au monument aux morts et un panel sur la paix à l’université de Bondoukou
Dans le cadre des festivités de l’Adayé Kessiè Festival, des gerbes de fleurs ont été déposées le vendredi 1er novembre au monument aux morts de Bondoukou pour rendre hommage aux anciens combattants Brong tombés pendant les guerres mondiales. Ensuite, une conférence sur les valeurs traditionnelles pour la paix a été tenue à l’université de Bondoukou.
Le commissariat général de l’Adayé Kessiè Festival n’a pas dérogé à la règle en sa 9ème édition pour se rendre une fois de plus à Bondoukou et particulièrement au monument aux morts. Ce déplacement à ce lieu symbolique le vendredi 1er novembre est de déposer des gerbes de fleurs pour rendre hommage aux anciens combattants Brong aux côtés de la France et ses alliés pendant les deux guerres mondiales.
En ce lieu mémoriel, il y avait la présence du Roi des Brong, Nanan Kouassi Adingra Agyeman, de l’attaché de sécurité de l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire, Jean Lefebvre, le Conseiller Agricole du Royaume des Pays-Bas en Côte d’Ivoire Ben Kubbinga, l’Attaché Militaire de l’ambassade du Sénégal en Côte d’Ivoire, l’Adjudant Samb et la délégation des peuples invités ainsi que des chefs traditionnels.
Lors de ces dépôts de gerbes de fleurs, le commissaire général de l’Adayé Kessiè Festival, Daouda Bini Ouattara a indiqué dans son allocution : ‘’La cérémonie de ce soir est très simple. C’est une commémoration que nous faisons depuis quatre ans. C’est juste un souvenir tout simplement à nos parents disparus au moment des guerres. Parmi nous, beaucoup n’étaient pas nés et ça reste encore dans l’histoire. C’est pour vous dire aujourd’hui le monument au mort ici une stèle présent ici en face de la préfecture de police de Bondoukou.
Nous l’avons trouvé au début et on ne savait pas pourquoi ça existait. Alors, après nos enquêtes, nous avons su pourquoi le monument était là et la Fondation Adayé Kessiè dont je suis le commissaire général. Nous comptons aujourd’hui sur l’Ambassade de France sur les personnalités françaises, sénégalais, hollandaises ici présentes afin de nous aider et à réconcilier l’histoire. Parce que l’histoire a été écrite et c’est difficile de pénétrer dans les casernes pour pouvoir comprendre.
Aujourd’hui, l’histoire nous dit que beaucoup de Brong ont combattu. D’où étaient-ils et ils sont partis tous d’où? Et les familles aujourd’hui pleurent tous les jours. Voilà pourquoi cette cérémonie que nous faisons chaque année est un juste un rappel pour ces valeureux braves guerriers qui ont quitté leur pays pour aller combattre pour la liberté du monde entier’’.
A son tour, l’attaché de sécurité de l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire, Xavier Lefebvre, a rappelé l’importance des anciens combattants Brong aux côtés de la France et ses alliés pendant la seconde guerre mondiale. ‘’Sir Marshall, un auteur américain disait que l’intégrité c’est de faire ce qui est juste lorsque personne ne nous regarde. Il y a 80 ans, les meilleurs guerriers du royaume Brong unis derrière leur Roi choisissaient librement de s’engager aux côtés de la France et de ses alliés pour combattre loin de chez eux la barbarie Nazi et l’idéologie destructrice.
Ils auraient pu rester sur leur terre, loin du tumulte et de la folie occidentale. Mais, les hommes intègrent qu’ils étaient, n’ont pas pu rester les bras croisés devant la folie des hommes blancs. Alors ils se sont levés et ils sont partis abandonnant femmes et enfants pour aller rejoindre les militaires qui avaient décidé eux aussi de s’opposer au tyran quel que soit son nom ou sa nationalité. Par cette action, le royaume Brong a montré un sens de l’honneur, un courage et une bravoure que la grande majorité des européens n’ont pas eu et qui avaient préféré tourner la tête ou baisser les yeux pour ne pas avoir à agir.
Mais le noble royaume Brong, lui a entendu par-delà les frontières et les continents l’appel du Général de Gaulle qui lui aussi refusé de s’avouer vaincu. Cette leçon de bravoure résonne plus encore aujourd’hui dans un monde meurtrier, déstabilisé au bord du chaos, qui ne prend plus le temps de s’écouter, de parler et de respecter les différences de son prochain’’, dit-il. Et de poursuivre : ‘’La guerre est à nouveau à nos portes en Europe, au Moyen-Orient ou ici, même sur le continent africain où certains veulent imposer leur idéologie ou leur religion.
C’est pourquoi, c’est un honneur pour l’officier supérieur de la gendarmerie française que je suis d’être présent à vos côtés aujourd’hui. A travers ma modeste personne, c’est la reconnaissance de la nation française tout entière qui vous est exprimée. Il y a 80 ans, le royaume Brong est entré dans l’histoire par la grande porte. Il a rejoint le camp des plus braves d’entre nous, celui de la résistance à l’oppression et à l’obscurantisme.
Beaucoup de ces fiers guerriers ne sont pas revenus de cette aventure. Beaucoup sont morts loin de leur terre natale, mais sachez qu’ils ne sont pas morts pour rien car comme a pu l’écrire le philosophe Georges Politzer: ‘’Les barbares voulaient les tuer, ils les ont rendu immortels’’. L’action de vos ancêtres vous honore, nous honore à jamais’’.
Après cette étape importante, la délégation a mis le cap sur l’université de Bondoukou pour écouter un panel en rapport avec le thème central de l’événement culturel : ‘’Peuples transfrontaliers, les valeurs traditionnelles en partage’’, animé par 4 éminents experts à savoir Professeur Kouassi Adack, Directeur de l’UFR des Sciences des Arts, des Industries culturelles et Communication de l’Université de Bondoukou représentant le Professeur Ouattara Djakalia Président de l’université de Bondoukou, Souleymane Coulibaly, Chef de Projet au Bureau Ivoirien pour la Promotion de l’Intégration Africaine (BIPIA), Colonel Bini Kouamé, Chef Central des Brong de la Commune de Marcory et l’Honorable Noutoua Youdé, Chef de Goulaleu (Zouanhin), représentant sa Majesté Gloudeu Dan 1er Chef Central de la Région du Tonkpi.
Les panélistes ont examiné le rôle des valeurs traditionnelles dans le maintien de la paix entre les peuples. Et, la rencontre a permis de souligner l’importance des traditions culturelles pour renforcer la cohésion et l’entente entre les peuples de la région. Chacun dans son intervention a d’abord mis en avant l’importance des arts plastiques pour la transmission de la mémoire collective et l’unité entre les peuples transfrontaliers et rappelé l’impact des valeurs traditionnelles pour consolider la paix entre les peuples.