De 1960 à 2024, de la première à la troisième République, soixante-trois (64) années durant, jamais le peuple ivoirien n’a été aussi «enfumé», qu’au cours de ces 13 dernières années.
Morceaux choisis:
« … Donnez-moi cinq(5) ans, je dis bien cinq(5) ans pour changer la Côte d’Ivoire… ». Aux forceps, les cinq(5) années furent octroyées, cinq(5) années supplémentaires furent ajoutées, puis un passage en force pour s’octroyer cinq(5) autres années, mais rien n’a changé pour le vaillant peuple d’Eburnie. Tout au contraire, les mauvaises langues affirment que les choses sont allées de mal en pis. Enfumage !
Pendant cette même course pour le palais du Plateau en 2010, des milliards de FCFA ont été promis à chaque département pour un développement décentralisé qui à terme devrait permettre à notre pays d’être émergent à l’horizon de 2020. En treize (13) années d’exercice effectif du pouvoir, les milliards de FCFA se font toujours attendre et le vocable «émergence » a disparu des discours officiels, et Dame Emergence ne fut pas au rendez-vous en 2020. Enfumage !
En début de mandat sur les plateaux d’une chaîne de télévision panafricaine, ce discours a été entendu :
« …Moi je prêterai serment à Yamoussoukro, je déménagerai à Yamoussoukro. Je vais exécuter toute une série de projets. Tous ces projets pharaoniques, est-ce qu’ils sont vraiment nécessaires ? On évaluera… La première année nous allons transférer la présidence, nous allons transférer le ministère de l’Intérieur ; il y a toute une série de ministères qui seront transférés…
Certains ministères économiques resteront à Abidjan. Moi j’ai beaucoup étudié le cas de Brasilia et d’Abuja. Nous allons faire la même chose et nous allons le faire de manière méthodique, de manière rationnelle, pas dans la pagaille et le désordre ; pas seulement en disant je vais faire ceci, je suis entrain de faire cela… »
La présidence a-t-elle été transférée à Yamoussoukro ?
La présidence a-t-elle été transférée à Yamoussoukro ? Le ministère de l’Intérieur est-il désormais à Yamoussoukro ? En un mot, où en sommes-nous avec le transfert de la capitale à Yamoussoukro? Où en sommes-nous avec cette profession de foi qui nous a comblés de joie ? Plus personne n’en parle. De toute évidence …Enfumage !
Outre le peuple ivoirien qui a été « enfumé » dans son entièreté, l’enfumage s’est poursuivi jusqu’au sein de la coalition qui a ravi le fauteuil du palais du Plateau. Le plus vieux parti de notre pays s’est donné corps et âme pour que ce pouvoir advienne. Il a fait tous les sacrifices et toutes les concessions possibles, à la limite de la compromission.
Assuré qu’il était qu’après 2010 et 2015, 2020 sera à lui. A l’approche de cette échéance, il lui fut répondu qu’aucune promesse ne lui a été faite, encore moins un engagement n’a été pris avec lui. Et qui plus est, l’alternance n’est pas un programme politique. Enfumage !
L’ancien dauphin de la République n’a pas échappé à cette politique d’enfumage. Étudiant désargenté, il s’est bombé la poitrine pour assumer la paternité d’une rébellion dont on sait bien qu’il n’avait pas les moyens d’entretenir. Dans un zèle à nul autre pareil, on l’a vu écumer les plateaux des télévisions françaises, déversant sa bile sur l’ancien président.
Quel bilan peut-on faire?
Lui, l’homme de missions croyait que 2020 est à lui, au regard de tout ce qu’il avait eu à faire ! Que nenni ! On lui rappelle bien volontiers, qu’il n’est qu’un rebelle qui a endeuillé la Côte d’Ivoire et qui doit le payer. En plus, le tabouret qui lui donnait l’impression d’être important, lui a été retiré, le réduisant à sa plus simple expression. Et pour boucler la boucle, un mandat d’arrêt international est lancé à son encontre. Et il erre en Europe et en Afrique comme une âme en peine. Enfumage!
Les militants du Rdr devenu Rhdp, n’ont pas échappé à cet enfumage. Il leur a été promis une banque qui financerait leurs activités à hauteur de 7 milliards de FCFA. En attendant GODOT, ils sont toujours dans l’expectative. Enfumage.
La jeunesse ivoirienne devenue la prunelle des yeux du gouvernement, s’est vu dédier une année, 2023. Et pour boucler la boucle du bonheur infini qui l’attend, promesse lui a été faite de l’octroi d’un (1) milliard de francs CFA par jour pour ses activités. Une année après, quel bilan peut-on faire? Enfumage ou pas Enfumage ? Chacun appréciera en fonction des éléments dont il dispose.
Mais les Ivoiriens, dans leur humour caustique, ont l’habitude de dire : « sans dôhi, dôhi n’est rien ». J’avoue aimer l’expression, mais je ne saurais l’expliquer. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.
NAZAIRE KADIA