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Affaire « Viviane »: Quand l'opportunisme et l'hypocrisie sans nom de Maalox font capoter un projet noble de Debordo envers l’artiste camerounais  Prince Aimé

Culture et société

Affaire « Viviane »: Quand l’opportunisme et l’hypocrisie sans nom de Maalox font capoter un projet noble de Debordo envers l’artiste camerounais  Prince Aimé

Ces derniers jours, la toile nous a imposé à notre corps défendant, un buzz auquel il était difficile de se soustraire, qui mérite qu’on s’y arrête : c’est la passe d’arme entre l’artiste ivoirien Debordo et l’artiste camerounais Maalox. D’entrée de jeu, je dois avouer que je ne connais aucune œuvre musicale de l’artiste camerounais Maalox, que je ne suis pas un fan du couper-décaler encore moins de Debordo, quoi que j’admire son talent. 

Mon adolescence à moi, a été bercée au son du reggae de Bob Marley, Peter Tosh, Uroy, Yellowman, Culture, Steel Pulse, etc. Je n’oublie pas Michel Jackson, Rod Stewart, Sting et le groupe Police, Shalamar,  pendant mes années étudiant. Au  plan local, une mutation-sanction au nord du pays, m’a fait découvrir et aimer John Kiffy dont je suis devenu un inconditionnel.

Cette mise au point faite, il faut rappeler que «Viviane », une chanson de l’artiste camerounais  Prince Aimé, sortie depuis une vingtaine d’années, a été reprise en free style dans une cuisine par l’artiste ivoirien Debordo, accompagné d’une jeune dame en 2019. Cette année, la reprise improvisée de Debordo a fait exploser la toile, reprise des millions de fois à travers le monde entier.

Au regard de ce succès, de nombreux ivoiriens ont demandé à leur artiste de formaliser cette opportunité en faisant un remix de la chanson de Prince Aimé. Donnant suite à la quasi supplication de ses fans, Debordo prit langue avec Prince Aimé à l’effet de donner corps au projet. Mais dès que les velléités de Debordo prirent forme, surgit  du Cameroun une polémique incompréhensible portée par l’artiste Maalox (je ne connais aucune de ses chansons). 

La sortie de Maalox a relancé « les attachements » entre Camerounais et Ivoiriens

Celui-ci accuse Debordo de vouloir voler le patrimoine culturel du Cameroun, d’avoir manqué du respect  à Prince Aimé et de vouloir s’enrichir au détriment de l’auteur-compositeur de « Viviane ». Dans sa lancée, il annonce la mise en place d’un collectif d’artistes camerounais pour la sortie d’un remix de « Viviane ».

Comme il fallait s’y attendre, la sortie de Maalox a relancé « les attachements » entre Camerounais et Ivoiriens. Mais il faut le souligner, de nombreux Camerounais n’apprécient guère cette sortie opportuniste de Maalox. Comment peut-il en être autrement ?

Ce n’est un secret pour personne que Prince Aimé, rentré de France, vivait dans une précarité indescriptible, pas à même de trouver des réponses à ses préoccupations existentielles. Un de ses compatriotes a dû lancer un Sos afin de lui trouver gîte et couvert. Pendant ce temps, Maalox, le Don Quichotte camerounais, le défenseur du patrimoine camerounais et de la respectabilité du peuple camerounais, très prolixe ces derniers temps, était aux abonnés absents.

Maalox fait preuve d’un opportunisme et d’une hypocrisie sans nom

L’idée ne lui est pas venue en ce moment de réunir les grands artistes camerounais  pour le remix d’un des nombreuses chansons de Prince Aimé à l’effet de lui donner une bouffée d’oxygène. On est surpris que c’est quand le buzz provoqué par le free style de Debordo devient viral, que Maalox se propose d’offrir un terrain, un téléphone portable et la somme de 500 000 FCFA à Prince Aimé. Cerise sur le gâteau, un remix du titre Viviane dont les retombées seraient rétrocédées à Prince Aimé. Quelle générosité !

Mais ne nous leurrons pas. Maalox fait preuve d’un opportunisme et d’une hypocrisie sans nom. Son objectif est d’être sous les feux des projecteurs allumés pour « Viviane », pour avoir de la visibilité. Peu importe dans quel sens, pourvu que son nom soit sur toutes les lèvres, dès lors qu’on fait allusion au buzz. Prince Aimé est loin d’être sa préoccupation essentielle. On comprend difficilement ses griefs à l’encontre de Debordo. 

Il reproche à celui-ci de n’avoir pas fait le déplacement à Yaoundé pour rencontrer l’auteur de « Viviane », ce qui est un manque de respect à Prince Aimé et par-delà au peuple camerounais. Il exige que Prince Aimé mette sa voix sur le remix de Debordo. Enfin, il estime que Debordo veut gruger l’artiste camerounais. Objectivement, à l’heure du numérique, de la cybernétique et autres, a-t-on besoin de se déplacer pour sceller un accord ?

Maalox a réussi à partager avec Debordo et Prince Aimé le buzz de « Viviane »

N’est-ce pas une insulte à l’intelligence et au professionnalisme de Debordo, que de penser que celui-ci utiliserait l’œuvre d’un autre artiste sans avoir au préalable obtenu son accord ? En attendant l’épilogue de cette affaire, il nous revient que l’artiste camerounais a jeté l’éponge après que son compatriote Prince Aimé a donné sa bénédiction à Debordo pour achever ce qu’il a commencé.

Mais Maalox ne peut pas abandonner Prince Aimé en plein vol et en si bon chemin. Ses compatriotes  le lui rappellent bien ses promesses qu’il doit absolument tenir. C’est la marque des grands hommes …ils tiennent parole ! Il faut l’avouer, l’objectif de Maalox est partiellement atteint. Même s’il n’a pas réussi à tuer dans l’œuf le projet de Debordo, il apparait aux yeux de ses compatriotes comme un patriote qui défend ses concitoyens, en défendant leur patrimoine culturel. 

Il a réussi à partager avec Debordo et Prince Aimé le buzz de « Viviane ». Cela suffit à son ambition surtout que le nombre de ses abonnés a dû augmenter. De là à sortir un son très bientôt, il n’y a qu’un pas. Comme on le voit, en politique comme dans le show-business, opportunisme, hypocrisie et coups bas cheminent allègrement et sont les choses les mieux partagées. Au-delà des bonnes causes défendues et brandies comme paravent, se cachent des objectifs mesquins et inavoués. Ainsi va l’Afrique. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.

Par Nazaire Kadia

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