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Burkina Faso/ Sale temps pour le milliardaire Mahamadou Bonkoungou: Ibrahim Traoré veut réduire le poids de ses sociétés dans l'économie du pays

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Burkina Faso/ Sale temps pour le milliardaire Mahamadou Bonkoungou: Ibrahim Traoré veut réduire le poids de ses sociétés dans l’économie du pays

Le milliardaire Mahamadou Bonkoungou se trouve aujourd’hui en froid glacial avec le pouvoir d’Ibrahim Traoré, après avoir été l’un des principaux soutiens financiers de la junte. Le président et son entourage le soupçonnent de surfacturation en lien avec un important contrat de livraison de drones. 

Depuis la capitale togolaise, où il a ses habitudes, Mahamadou Bonkoungou s’enquiert avec angoisse de la situation dans son pays d’origine. Craignant pour sa sécurité, il n’a pas remis les pieds au Burkina Faso depuis près de huit mois. Raphaël Kambou, qui est le mari de sa fille, Alizèta Kambou, y a tout récemment été inquiété par les services de sécurité. 

Patron de l’International Business Bank (IB Bank), que le magnat a racheté en 2021, Raphaël Kambou s’est imposé ces dernières années comme un rouage clé de l’empire contrôlé par le milliardaire, qui s’étend du secteur de la construction à celui de l’aérien, domaine dans lequel l’homme d’affaires possède sa propre compagnie, Liz Aviation. 

Mahamadou Bonkoungou redoute que les déboires de son gendre puissent être liés à la dégradation progressive de ses relations avec le pouvoir burkinabè, incarné depuis le coup d’État du 30 septembre 2022 par le capitaine Ibrahim Traoré. Le fondateur du groupe de BTP Ebomaf avait pourtant su très tôt se rapprocher du putschiste. 

En mars 2023, il s’était imposé comme l’un des principaux parrains financiers du régime en facilitant l’achat d’un important lot de drones d’attaque et de surveillance pour le compte de l’armée. Fourni par la société turque Baykar Makina, le matériel avait été acheté grâce à un financement émis par IB Bank. 

L’établissement de Mahamadou Bonkoungou bénéficiait pour cette opération d’une garantie souveraine de 410 millions de dollars de l’État burkinabè, couvrant la totalité du montant du contrat. Le milliardaire est particulièrement bien introduit à Ankara et bénéficie d’un puissant entregent au sein du milieu aéronautique turc. 

Dossier instrumentalisé 

Une douzaine d’appareils de type TB2 et Akinci ont été livrés en 2022 à l’armée burkinabè (AI du 08/09/22), depuis quelques mois, mais la junte suspecte le magnat d’avoir orchestré leur « surfacturation » sur le dos de l’État. Aux yeux de plusieurs conseillers du président, certains des modèles auraient été achetés à une valeur très supérieure à leur prix catalogue, soit 4,5 millions d’euros pour un TB2. 

Une accusation dont a tenté de se défendre Mahamadou Bonkoungou auprès d’Ibrahim Traoré, en évoquant notamment les coûts adjacents liés à une telle acquisition (frais de virement, taux d’intérêt, etc.). Surtout, l’homme d’affaires a souligné avoir agi à la demande de l’État burkinabè, et ce, alors que ce dernier n’était pas en mesure d’assurer seul à l’époque le montage financier d’une telle acquisition.

Contacté par l’intermédiaire de son avocat, le patron du groupe Ebomaf n’a pas souhaité commenter nos informations. À Ouagadougou, le dossier a été instrumentalisé par plusieurs hommes d’affaires entretenant une rivalité avec Mahamadou Bonkoungou. Une poignée d’entre eux ont ainsi joué un rôle actif auprès d’Ibrahim Traoré en faveur de sa mise à l’écart. 

Parmi eux figurent Inoussa Kanazoé, propriétaire de Cim Metal Group, également actif au Togo ; Mahamadi Savadogo, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) ; et Idrissa Nassa, fondateur de Coris Bank International et président de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB).  

En parallèle, la présence de son directeur de cabinet, Prosper Bassolé, parmi les personnalités interpellées en janvier 2024 sur fond de « complot » contre Ibrahim Traoré a renforcé la méfiance des autorités à l’égard du magnat. Tout comme sa proximité avec plusieurs chefs d’État africains, dont certains, à l’instar du président ivoirien Alassane Ouattara, ne cachent pas leur hostilité à l’égard du numéro un de la junte burkinabè.  

Climat de paranoïa aiguë  

Bien que la rumeur ne soit pas étayée à ce jour, la présidence burkinabè reste par ailleurs persuadée que Mahamadou Bonkoungou entretient à Lomé des contacts avec le prédécesseur d’Ibrahim Traoré, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba. Celui-ci vit en exil dans la capitale togolaise depuis le coup d’État qui l’a renversé en septembre 2022.  

Dans ce climat de paranoïa aiguë qui prévaut au Burkina Faso, Ouagadougou suspecte également le magnat d’avoir des liens avec plusieurs responsables de l’ère Roch Marc Christian Kaboré (2015-2022), en particulier avec son ancien ministre des affaires étrangères de 2016 à 2021, Alpha Barry. Familier de Mahamadou Bonkoungou depuis une décennie, ce dernier est accusé par la junte de travailler pour le compte du groupe du tycoon en disgrâce. 

Ancien journaliste, Alpha Barry est le propriétaire d’Oméga médias, l’un des premiers groupes audiovisuels du pays, propriétaire de Radio Oméga et aujourd’hui en délicatesse avec le pouvoir. Ibrahim Traoré compte désormais réduire le poids des sociétés de Mahamadou Bonkoungou dans l’économie du pays. Une stratégie dans laquelle s’inscrit le développement, avec un soutien marqué du gouvernement, des compagnies aériennes Air Burkina et Kangala Air Express. 

Si elles doivent permettre de fluidifier les interactions entre les pays de l’Alliance des États du Sahel, ces deux entités permettent aussi de couper l’herbe sous le pied aux ambitions de Mahamadou Bonkoungou. Très active au Togo, sa compagnie Liz Aviation s’est implantée en 2023 au Burkina Faso avant d’y interrompre ses vols, faute de rentabilité.  

Lemeridien avec Africa Intelligence

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