Le 14 juillet dernier, lors d’un meeting qu’il a tenu à Bonoua, le président du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), a lancé un appel au rassemblement politique de l’opposition pour évincer le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le parti au pouvoir, lors de l’élection présidentielle en 2025.
Si certains leaders politiques y ont réagi, à chaud, d’une manière mitigée ou timorée, quelques semaines plus tard, suite à une trentaine de consultations menées par le président exécutif, l’ex-ministre de la réconciliation, Sébastien Dano Djédjé, auprès d’une trentaine de structures composées de partis de l’opposition et d’organisations de la société civile, il ressort que « la quasi-totalité des responsables rencontrés, a accueilli favorablement l’appel du natif de Mama, exprimant soit un accord de principe, soit un soutien total ».
Pourtant, si cet appel pour la formation d’un front commun de l’opposition, semble susciter l’enthousiasme, préfigurant ainsi une reconfiguration du paysage politique, à quelques 14 mois de l’échéance présidentielle en 2025, reste à voir si ce projet ambitieux est viable. En réalité, loin de constituer un véritable projet de société pour la Côte d’Ivoire, on constate que le plus clair de la rhétorique de ce bras tendu à l’opposition tourne autour de l’éviction pure et simple du parti au pouvoir, en 2025.
En outre, on s’interroge sur la capacité réelle du PPA-CI à fédérer toutes ces formations politiques « hétéroclites », avec des idéologies, des moyens et des intérêts aussi divers qu’éloignés les uns des autres.
Sous ce rapport, à supposer simplement que ce projet voit le jour, ce qui est d’ailleurs peu probable, eu égard aux circonstances ci-dessus évoquées, les vieux démons de l’hégémonie politique et de la division ne tarderont pas à refaire surface, car il n’est un secret pour personne que ce bloc politique que le président du PPA-CI réclame à cor et à cri n’est qu’une alliance de circonstance; ce que d’aucuns qualifieraient d’alliance contre-nature. Et comme toute coalition politique de cette nature, elle ne tardera pas à se lézarder de l’intérieur.
Cela ne veut nullement dire que le RHDP n’a rien à craindre d’un tel projet. Loin de là! Car dans le pire des scénarios où les leaders des trois (3) groupements politiques: Générations et Peuples solidaires (GPS), de l’ex-premier ministre Soro Guillaume, le Congrès panafricain pour la Justice et l’égalité des Peuples (COJEP), le PPA-CI de Laurent Gbagbo, aujourd’hui sous le coup d’une condamnation judiciaire, ne pourraient pas se présenter lors de cette échéance, ils pourraient, néanmoins, donner des consignes de vote au candidat représentant l’opposition, surtout dans l’hypothèse d’un second tour.
Ce qui, du reste, pourrait considérablement changer la donne. Ainsi, en dépit de l’enjeu, ce qui est désormais connu comme « l’appel de Bonoua », aura du mal à aboutir, de par sa nature et des idéologies des divers acteurs.
Oussou Kouamé Rémi
Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké
Expert Analyste socio-politique et économique
Président du Club des Amis du Noble Ado (CADO)
Secrétaire de la Zone 1 (S/P de Pakouabo et N’douffoukankro- Marahoué)
