Le Seigneur est merveilleux! En cette période précédant la semaine pascale, deux miracles viennent de s’opérer en Eburnie: la baisse du prix du carburant et l’augmentation du prix du kilogramme de cacao. En effet, le prix du litre de l’essence super sans plomb est passé de 875 FCFA à 855 FCFA, soit “une énorme” baisse de 20 FCFA. Le gasoil, quant à lui, est désormais vendu à 700 FCFA le litre contre 715 FCFA précédemment, soit une “importante” réduction de 15 FCFA.
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, les paysans ivoiriens sont aux anges avec l’augmentation du prix du kilogramme de cacao. Celui-ci passe de 1800 FCFA/kg à 2200 FCFA, soit tune “verigineuse” augmentation de 400 FCFA. Tous ces actes, nous dit-on, portent le sceau du chef de l’Etat qui, selon nombre de ses soutiens, doit de ce fait, être magnifié, exalté et remercié, pour sa grande magnanimité et son souci permanent qu’il a pour le bonheur du people ivoirien. Cela devrait pouvoir lui donner sans l’ombre d’un doute, un quatrième mandat bien mérité à l’effet de continuer ses oeuvres!
Alléger le fardeau que portent les Ivoiriens…
Si on ne peut pas faire la fine bouche face à ces actes posés, on ne peut non plus s’empêcher de penser qu’il n’y aurait pas de séisme, à même de changer le quotidien des ivoiriens. Il ne nous reste plus qu’à dresser des bâches pour faire une grande fête, précédée d’une grande marche de soutien, d’où fuseront des acclamations du genre: “Hosana au plus haut des cieux. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur”
Mais d’ores et déjà, il se murmure que le prix de certaines denrées a pris l’ascenseur. Dans notre quartier, le kilogramme de viande est passé à 3500 FCFA au lieu de 3000 FCFA, le paquet de cigarettes qui s’achetait à 1000 FCFA est désormais à 2000 F et le kilogramme de tomate est maintenant à 1800 FCFA/kg. On attend donc l’officialisation de ces prix pour “verifier quelque chose” … Malgré les promesses de mesures pour contenir les augmentations des prix des produits de premières nécessités, des baisses notables n’ont pas été encore observées.
La cherté de la vie est toujours là de façon implacable, donnant toujours des angoisses, une déprime et un mal-vivre aux ivoiriens. Il serait temps pour le gouvernement d’explorer d’autres mesures qui permettraient d’alléger le fardeau que portent les ivoiriens. Quelques pistes peuvent être suggérées, au cas où cela aurait échappé à la sagacité de nos intrépides décideurs. Ce n’est un secret pour personne que les nombreuses taxes sur les produits de grande consommation, et la fluctuation du prix du baril de pétrole sur le marché mondial, ne sont pas étrangères aux flambées des prix.
Les ivoiriens sont-ils devenus plus riches qu’ils ne l’étaient avant?
L’Etat a certes besoin de ces taxes pour sa survie, mais il gagnerait à prendre lui aussi sa part de sacrifice avant d’en demander au citoyen. Pour ce faire, il est d’une absolue nécessité que l’Etat accepte de réduire son train de vie. Entretenir 33 ministres dont 2 ministres-délégués, une Assemblée nationale, un Sénat, un Conseil Economique, Social et Environnemental, une Grande Médiature, un Haut Représentant du president de la République, malgré la présence d’un Vice-président, des ministres-gouverneurs et de nombreux vices-ministres gouverneurs, ainsi qu’une pléthore d’autres institutions dont le travail n’a aucune incidence sur le quotidien des ivoiriens, fait passer ces ivoiriens au second plan.
Il serait souhaitable de supprimer certaines de ces institutions budgétivores, et des économies substantielles seraient faites pour subventionner le prix de certains produits. Des années en arrière, le Rdr devenu Rhdp dans l’opposition, était d’une virulence sans pareille, et n’accordait aucune circonstance atténuante au gouvernement Gbagbo relativement à la vie chère. Cela fait maintenant quatorze ans que ce parti tient le pouvoir en mains en Côte d’Ivoire.
La situation est-elle devenue meilleure qu’en 2008? Les ivoiriens sont-ils devenus plus riches qu’ils ne l’étaient avant? Vivent-ils mieux qu’avant ? Et que dire de la dette? Si 6 000 milliards de dette sous Gbagbo, donnaient le vertige selon l’actuel chef de l’Etat, que donneraient alors les plus de 30 000 milliards de notre actuelle dette? Un évanouissement? Un Avc? Une mort subite? Assurément, la critique est aisée, mais l’art difficile. En attendant, nous boirons tous le calice jusqu’à la lie. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.
Par NAZAIRE KADIA
