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Comment Ouattara et le RHDP ont érigé le passage en force comme mode de gestion du pouvoir

Eco et politique

Côte d’Ivoire : Comment Ouattara et le RHDP ont érigé le passage en force comme mode de gestion du pouvoir (Par NAZAIRE KADIA) 

La Côte d’Ivoire a adopté depuis 2011, de nouveaux modes de gestion qui font d’elle un pays à part, et dont les performances ne finiront pas d’étonner le monde entier. En effet, toutes les opérations, toutes les actions ou toutes les décisions qui touchent au quotidien, à l’avenir et au devenir des Ivoiriens, se font ou se prennent au pas de course, et le passage en force est la méthode la plus usitée par le gouvernement pour les imposer au peuple, et pour les appliquer. Les exemples sont légion.

On se souvient que la constitution révolutionnaire qui nous fit entrer de plain-pied dans la troisième République fut conçue par nos vaillants juristes ; à peine sortie de leur laboratoire, qu’un référendum fut organisé pour son adoption. Le temps ne fut pas laissé au citoyen de la lire, de la comprendre, de l’intérioriser de se l’approprier, et même faire des observations. 

L’urgence du moment, qui était de faire entrer la Côte d’Ivoire dans la modernité et respecter aussi l’échéance de l’émergence, ne saurait s’accommoder d’un quelconque retard et surtout d’un questionnement inutile. Un honorable député conseilla même ses concitoyens de voter le « oui » pour l’adoption de cette constitution,  et il reviendra donner les explications après. C’est tout dire. Bon gré, mal gré, le référendum fut organisé, et comme il fallait s’y attendre, le oui l’emporta et très rapidement la nouvelle constitution fut promulguée. 

Toutes les protestations des partis de l’opposition et d’une partie de la société civile vinrent se briser sur le parapluie du mépris et de l’indifférence des habitants de la case ronde selon un adage bien connu chez nous : «les cris de protestation et d’effroi d’un bouc sur le point d’être égorgé, n’empêchent pas la fête de se dérouler ». La mise en place de la deuxième chambre de notre parlement n’a pas échappé au mode opératoire en vigueur dans la troisième république. 

« Jusque-là, les passages en force ont tellement réussi au gouvernement  que celui-ci en a fait un mode de gestion là où, dialogue et consensus étaient mieux indiqués »

Une ordonnance est prise pour en donner la structuration, en lieu place d’une loi dûment votée par l’Assemblée nationale, quelques jours furent accordés à ceux qui voulaient devenir sénateurs pour faire campagne, et une semaine plus tard se tenait la première session de cette chambre, sans les 33 à nommer qui n’étaient pas encore nommés…et qui furent finalement nommés. A-t-on expliqué au peuple la nécessité de disposer de cette nouvelle institution ? Son utilité ? Mais pourquoi le ferait-on ? 

Ce peuple doit disposer d’une deuxième chambre de son parlement qu’il le veuille ou pas ! On se souvient également du débat qui eut lieu à l’Assemblée nationale, au sujet de la gratuité ou non de l’établissement de la carte nationale d’identité. Ce processus n’a lui non plus échappé au mode de fonctionnement préféré du gouvernement. Alors qu’un petit sondage aurait permis de savoir que la majorité des ivoiriens aurait opté pour la gratuité de l’établissement de ce précieux sésame, le gouvernement a opté pour le passage en force, sûr de son fait, et disposant d’une majorité mécanique dans les deux chambres du parlement. 

A la case ronde, on n’ a que faire des complaintes, des jérémiades et des pleurs d’une population paupérisée, qui s’offre difficilement deux repas par jour. Jusque-là, les passages en force ont tellement réussi au gouvernement  que celui-ci en a fait un mode de gestion là où, dialogue et consensus étaient mieux indiqués. La mise en place de la « nouvelle » Commission Electorale Indépendante (CEI) a achevé de convaincre les plus optimistes que le pouvoir RHDP abhorre le dialogue et le consensus. 

« Engageons nous tous pour que le passage en force comme mode de gestion, n’ait plus cours chez nous »

Profitant de sa position dominante, il en impose à tout le monde. Il s’est choisi une opposition avec qui il a discuté, il s’est taillé la part du lion dans la composition de ladite commission, ignorant royalement les recommandations de la Cour Africaine des Droits de l’Hommes et des Peuples, louvoyé avec les partis significatifs de l’opposition ( PDCI-RDA et FPI d’alors, du président Gbagbo). Le comble, il avait nommé une de ses nouvelles militantes pour représenter l’opposition au sein de ladite commission. 

A aucun moment les propositions de l’opposition n’ont été prises en compte ; à aucun moment l’avis du peuple ivoirien n’a été demandé, ni son appréciation encore moins ses attentes sur des sujets qui engagent sa vie. Au moment où la Cei controversée va débuter le processus de révision de la liste électorale, c’est un silence méprisant qui accueille les griefs de l’opposition relatifs à la composition des organes  de cette institution et du contenu même du processus. Assurément un autre passage en force en perspective.

Certainement que le peuple ivoirien cerne difficilement ce qui est bien pour lui et qu’il y a une nécessité de faire son bonheur malgré lui. Ce qui explique tous ces passages en force opérés. Mais quand ce peuple s’éveillera… Engageons nous tous pour que le passage en force comme mode de gestion, n’ait plus cours chez nous. Dialogue et consensus se doivent d’être notre crédo de demain. Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera séparée du vrai.

NAZAIRE KADIA

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