L’actualité cette semaine sur les réseaux sociaux, bruit avec la démonstration juridico-mécanique de Marcel Amon Tanoh, relative à la possibilité du chef de l’Etat de briguer trois ou quatre mandats s’il le désire, selon la constitution de 2016. Cette démonstration tirée par les cheveux, qui allie droit constitutionnel et droit mécanique n’est pas fortuite.
L’homme qui fut il n’y a pas longtemps, un oiseau-voltigeur, passant d’une branche à une autre, se doit de montrer patte blanche pour convaincre le chef de l’Etat, que ce qui s’est passé en 2020, ne se reproduira plus. C’est certainement ce qui explique cette débauche d’énergie.
Pour rappel, après avoir rejoint l’opposition à la veille de l’élection présidentielle de 2020, Marcel Amon Tanoh s’était opposé au troisième mandat que briguait le chef de l’Etat, mais a fini par aller à Canossa, une fois l’élection du chef de l’Etat actée. À l’image d’Henri IV (1050-1106), l’empereur allemand, obligé de rester les deux pieds dans la neige pendant trois jours avant d’être reçu à Canossa, par le pape Grégoire VII, et de s’agenouiller devant ce dernier dans une posture d’abdication, Marcel Amon Tanoh, s’était lui aussi fendu d’une déclaration de reniement et de regret, pour les propos tenus le 10 octobre 2020 au Stade Félix Houphouët-Boigny.
Mais à quoi pouvait-on s’attendre ?
Né une cuillère d’or à la bouche, habitué aux ors et aux lambris dorés qu’offre le sillage du pouvoir, l’homme n’est resté dans l’opposition que moins de quatre (4) mois. L’inconfort du voyage dans le train de l’opposition, l’incertitude de ce que demain sera fait, et les difficultés liées au quotidien des opposants ont très vite eu raison de lui. C’est dire que la culture de l’opposition s’acquiert dans l’adversité, au fil des obstacles franchis, au fil des privations endurées, et de l’humiliation qui est le quotidien des opposants.
L’homme qui de sa vie, n’a jamais eu à endurer de telles épreuves, a rapidement capitulé et s’est aplati devant son ex-nouveau patron pour faire son mea culpa. Cet opposant de la 25ème heure avait pensé que l’opposition ivoirienne allait réussir à donner une trajectoire nouvelle à la marche politique de notre pays. Il s’est empressé de rejoindre celle-ci, afin d’inscrire son nom au panthéon de l’histoire nouvelle qui s’écrirait. Cela se comprend aisément.
L’homme était certes dans le sillage du pouvoir depuis des années, avait un niveau de vie confortable, mais était confiné à jouer les seconds rôles et dans un anonymat qui ne pouvait plus satisfaire son égo. Comme l’a démontré Abraham Maslow dans sa stratification des besoins, la satisfaction d’un besoin, fait reconnaître un autre d’ordre supérieur. Ce qui manquait à Marcel Amon Tanoh, et qui était désormais son besoin nouveau, est la reconnaissance du rôle qu’il devait jouer dans le champ politique ivoirien à l’effet que l’histoire retienne son nom.
Limogé sans ménagement
Malheureusement pour lui, l’odyssée avec l’opposition a tourné court et l’objectif n’a pas été atteint. Comme l’enfant prodigue de la bible, il est retourné vers « son père », pour implorer son pardon et regagner ainsi la maison familiale. C’est un secret de polichinelle que de dire que l’ambition politique de cet opposant de la 25ème heure est à son terminus.
A défaut de voir son nom inscrit en lettres d’or au panthéon de l’histoire de notre pays, parmi ceux qui font cette histoire, il a pu demeurer dans les ors et les lambris dorés qu’offre le sillage du pouvoir, quand il fut nommé Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente, l’une des plus vieilles organisations sous régionales, en remplacement de Patrice Kouamé. Il y fit des siennes, et fut limogé sans ménagement… Ainsi va la vie.
Mais s’il a eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.
Par NAZAIRE KADIA