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Dérives totalitaires de certains présidents africains : Pour ou contre les coups d'État ?

Monde

Dérives totalitaires de certains présidents africains : Pour ou contre les coups d’État ? (Le décryptage de Nazaire Kadia) 

Cela fait un peu plus d’une année que le coup d’État survenu au Niger le 26 juillet 2023, venait de clôturer la série en Afrique de l’Ouest. Maintenant que toutes les clameurs se sont tues, et que les velléités belliqueuses de la Cedeao d’aller « casser » du nigérien sont reléguées aux calendes grecques, tout comme l’installation de Mohamed Bazoum au pouvoir, (Bazoum qui est désormais conjugué au passé), le temps est venu de véritablement s’interroger sur la récurrence des coups d’états en Afrique de l’Ouest, surtout dans la sphère francophone. 

S’interroger également sur le mutisme, voire l’indifférence des rues quand des présidents «démocratiquement » élus perdent le pouvoir par le fait des militaires. Les exemples sont légion : Ibrahim Boubacar Kéita au Mali, Alpha Condé en Guinée, Roch Christian Kaboré au Burkina Faso, et Mohamed Bazoum au Niger, s’en sont allés dans l’indifférence totale, voire même dans l’allégresse des populations qui les ont « démocratiquement élus ». Cela doit donner à réfléchir.

L’irruption de la « soldatesque » sur l’échiquier politique est une forfaiture inacceptable pour tous ceux qui se réclament démocrates. Mais quand on voit la forte mobilisation et le soutien apportés aux militaires putschistes, à Bamako, à Ouagadougou ou à Niamey, on comprend dès lors que les militaires portent sur leurs épaules, les espérances d’un peuple désabusé, paupérisé et fatigué, qui ne fait plus confiance aux hommes politiques. Comment peut-il en être autrement ?

Ces hommes politiques, une fois parvenus au pouvoir, vivent dans une bulle, loin du peuple, s’arrogeant même le droit de vie ou de morts sur leurs concitoyens, tout en se prenant pour l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin de nos pays. Certains s’adonnent au jeu indécent qui consiste à tripatouiller et à violer les constitutions pour se maintenir éternellement au pouvoir, oubliant leur  serment fait, de respecter et de défendre cette constitution à leur prise du pouvoir.

Ce qui est arrivé en Guinée, au Mali, au Burkina Faso et au Niger doit donner à réfléchir, à tous ceux qui pensent être indispensables et convaincus qu’en dehors d’eux, point de salut et de stabilité dans nos états. Avant d’arriver au pouvoir, ces hommes politiques sont tous précédés d’une réputation surfaite de démocrates accomplis, d’intègres, de rigoureux et de technocrates, venus pour sortir le peuple de la misère et surtout mettre fin à l’incompétence notoire de leurs prédécesseurs.

Les peuples peuvent crier sans espoir leur désespoir, mais…

Mais à l’épreuve du terrain, il est difficile de reconnaître ces hommes providentiels, et la désillusion du peuple à leur égard, est à la dimension des espérances qu’ils avaient suscitées. Ces démocrates deviennent de véritables autocrates, irascibles, narcissiques, supportant difficilement la contradiction. Pour arriver à leurs fins, ils n’hésitent pas à restreindre les espaces de liberté que les peuples ont acquis de haute lutte, souvent au prix de la vie de certains des leurs. 

Les peuples peuvent crier sans espoir leur désespoir, mais leurs complaintes iront toujours se briser sur le parapluie de l’indifférence, de l’arrogance et du mépris de ces présidents et de leur entourage. Le sort des populations étant le cadet de leur souci. Peuples muselés, opposants emprisonnés, revendications sociales réprimées souvent dans le sang, rapports avec l’opposition toujours appréhendés dans un prisme de confrontation, voilà le spectacle désolant qu’offre la gouvernance de ces président « démocratiquement élus »  devant l’Eternel.

Face à ce tableau sombre que présente le paysage politique dans nos États, c’est un sentiment mitigé qui étreint de nombreuses personnes quand survient un coup d’État. Autant on ne peut accepter l’irruption des militaires sur le champ politique, avec des lendemains incertains, autant on ne peut s’empêcher de se satisfaire que soit mis fin à ce qui ressemble fort à une dérive totalitaire de certains présidents, et comme en Guinée, que soit mis fin à l’expérience du troisième mandat qui a commencé à faire tâche d’huile en Afrique…

Ainsi va l’Afrique

Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.

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