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Fermeture annoncée de son bureau en Côte d’Ivoire: L'inacceptable fuite en avant de la CPI; qu'en est-il des enquêtes contre le camp pro-Ouattara? 

Droits de l’Homme 

Fermeture annoncée de son bureau en Côte d’Ivoire: L’inacceptable fuite en avant de la CPI; qu’en est-il des enquêtes contre le camp pro-Ouattara? (Par Nazaire Kadia)

La Cour Pénale Internationale (Cpi) a annoncé la fermeture de son bureau en Côte d’Ivoire en 2025. Malgré la fermeture de son bureau, la Cpi entend poursuivre son enquête sur les crimes commis en Côte d’Ivoire depuis la rébellion de 2002. Ces enquêtes, rappelons-le, ont abouti au transfèrement et au procès du président Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. Procès au cours duquel les deux accusés ont été acquittés, après avoir passé plusieurs années dans les sous-sols de la Haye.

Autant on a noté la célérité avec laquelle la Cpi a bouclé ses enquête contre Gbagbo et Blé Goudé, autant on est ahuri que celles concernant le camp Ouattara traînent en longueur et n’ont jusqu’à présent, pas abouti à une poursuite ou à une inculpation des mis en cause. La Cour Pénale Internationale à cet effet, s’adonne à des effets d’annonce sans lendemain depuis des années. 

Elle semble avoir perdu de sa vigueur après que Laurent Gbagbo et Blé Goudé ont été acquittés et blanchis des accusations et autre opprobre qu’on a voulu leur accoler. On se rappelle, il y a quelques années, qu’après une des nombreuses annonces de la Cpi faisant état de la volonté de l’institution de poursuivre ses enquêtes, que s’était opportunément ouvert à Abidjan, le procès d’Amadé Ourémi, le supplétif Frci, et véritable second couteau, qui serait l’auteur d’innombrables exactions à Duekoué.

Le procès d’Amadé Ourémi, le second couteau

C’est ce second couteau qui a répondu devant les juridictions ivoiriennes au sujet des massacres dans l’ouest ivoirien. Mais dans le box des accusés, Amadé Ourémi n’a pas eu sa langue dans la poche et n’entendait pas porter seul le chapeau. Il a affirmé avoir travaillé sous les ordres de supérieurs, aujourd’hui devenus des officiers supérieurs de l’armée ivoirienne. Ceux-ci lui fournissaient armes et treillis pour ses hommes. Il a en outre accusé les «dozos», d’autres supplétifs des Frci d’être les auteurs des tueries de Duekoué. 

En dépit de ses affirmations, aucun de ceux que l’accusé a cités, n’a été inquiété. Comme on le voit, ce procès n’a permis aucune avancée dans la manifestation de la vérité, car il s’agissait là d’un second couteau utilisé pour les basses besognes, qu’on n’ a pas hésité à sacrifier tel un fusible qu’on fait sauter pour sauver les meubles.

C’est en cela que la Cpi, supposée être à équidistance des deux camps qui s’étaient opposés au cours de la crise postélectorale et même avant, était attendue pour prendre les choses en mains et parallélisme des formes oblige, interpeler  les donneurs d’ordres et les exécutants du camp Ouattara, comme elle l’a fait pour Laurent Gbagbo.

Certes Soro Guillaume doit être accusé, mais il répondait d’Alassane Ouattara qui ne saurait être absous…

En effet, Amadé Ourémi était un supplétif des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), l’armée mise en place par Alassane Ouattara le 17 mars 2011, pour la conquête du pouvoir. En signant le décret portant création de cette armée, Ouattara en était ipso facto le chef suprême. De ce fait, même s’il n’ a pas pris les armes pour commettre le massacre de Duekoué, il n’en porte pas moins la responsabilité. 

Car comment comprendre que Laurent Gbagbo, chef suprême des Fanci, devenues Fds, puisse être poursuivi et jugé pour la mort des « 7 femmes d’Abobo », prétendument abattues par les Fds en tant que donneur d’ordres, et que Ouattara ne soit pas tenu pour responsable des massacres de Duekoué,  en sa qualité de chef suprême des Frci ? De nombreuses personnes ont tenté de noyer le poisson dans l’eau en portant un doigt accusateur vers Soro Guillaume qui était à cette époque le ministre de la Défense. 

Certes Soro Guillaume doit être accusé, mais il répondait d’Alassane Ouattara qui ne saurait être absous de ce qui s’est passé à Duekoué et ailleurs. Si Laurent Gbagbo et Blé Goudé ont été poursuivis, jugés et acquittés, le président Ouattara et Soro Guillaume doivent l’être aussi pour que la vérité éclate dans toute sa nudité et dans toute sa splendeur.

L’annonce aujourd’hui de son départ de la Côte d’Ivoire avec la sempiternelle affirmation de poursuivre ses enquêtes, n’est qu’une fuite en avant

C’est pourquoi, on comprend difficilement que la Cpi, en dépit de ses annonces répétées, traine le pas relativement à ses enquêtes contre le camp pro-Ouattara. L’annonce aujourd’hui de son départ de la Côte d’Ivoire avec la sempiternelle affirmation de poursuivre ses enquêtes, n’est qu’une fuite en avant. La Cpi avait matière à boucler rapidement ses enquêtes. 

Des Ong, connues pour ne pas être des «amies » de Gbagbo, avaient suffisamment documenté leurs investigations, en épinglant certaines personnes connues, en donnant des lieux, des dates et des faits précis. Mais la Cpi ne voit rien, n’entend rien et ne parle de rien.

Elle donne l’impression de laisser le temps au temps pour effacer tous les souvenirs et passer par pertes et profits les horreurs commises par le camp pro-Ouattara. Cela est inacceptable. Mais le Chef de de l’État n’a-t-il pas déclaré qu’aucun ivoirien ne sera désormais transféré à a Haye ? Ceci explique certainement cela. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.

NAZAIRE KADIA

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