Lorsque le président Alassane Ouattara accéda à la magistrature suprême en avril 2011, suite à une décennie de crise militaro-politique, qui culmina en une crise post-électorale sans précédent, il était clair que le nouvel occupant du Palais d’Abidjan était conscient des nombreux défis auxquels il serait confronté, notamment celui de la réconciliation et de la sécurisation des frontières.
Il est connu qu’à la faveur du Vent de l’Est, depuis le début des années 90, en plus des défis socio-politiques et économiques internes, les Etats africains doivent de plus en plus faire face à des menaces sécuritaires d’ordre externe. En outre, n’étant pas un secret pour personne que les crises à répétition que la Côte d’Ivoire a connues sont d’origine ethnico-militaire, il fallait prendre toutes les dispositions stratégiques utiles pour parer au plus pressé, en matière de défense.
C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le Président Alassane Ouattara n’hésita pas à assumer « lui-même la charge de Ministre de la Défense du 13 mars 2012 au 19 juillet 2017, avant de céder ce poste hautement stratégique à Hamed Bakayoko ». Pour autant, lorsque celui-ci fut brutalement arraché à la vie par un cancer, le 10 mars 2021, il fallut le remplacer au pied levé.
C’est ainsi que son choix porta sur Téné Birahima Ouattara, son frère cadet, qu’il nomma en tant qu’intérim, le 08 mars, pour plusieurs raisons, entre autres son expérience dans le secteur de la sécurité nationale, régionale et internationale.
De la Banque au renseignement
Un bref parcours du nouveau ministre montre que s’il a débuté sa carrière dans le secteur bancaire, où il a passé quelques 17 ans, successivement à la Société générale de Banques (SGBCI), en tant que directeur des exploitations, entre 1982 et 1992, et secrétaire général de la Banque atlantique, de 1992 à 1999, c’est dans la politique nationale couplée au renseignement et à la sécurité nationale qu’il s’est le plus illustré au cours des dernières années.
D’abord, en 1994, il participa activement à la création du Rassemblement des Républicains (RDR), formation politique qui sera plus tard dirigé par son frère ainé et dont il devient le trésorier. Ensuite, il est député de Kong à partir de 2011 et maire de cette commune, de 2013 à 2018. Enfin, il est président du Conseil régional du Tchologo, depuis 2018.
Parallèlement à son implication dans la vie politique nationale, il a commencé à se frotter au renseignement depuis au moins avant 2012, puisque c’est à cette date qu’il a été «chargé des services rattachés à la présidence, comme le cabinet de la Première dame, et surtout du domaine réservé du Chef de l’Etat: les services de renseignements et les questions sécuritaires. Il siège au Conseil national de sécurité (CNS) ».
Incontournable dans la gouvernance du Président Alassane Ouattara
De fait, le nouveau ministre « connaît les rouages du gouvernement, puisqu’il y occupe déjà le poste de ministre des Affaires présidentielles », depuis 2012, avant de prendre la tête de l’Unité de lutte contre le grand banditisme comme commandant en chef, en février 2019. Aujourd’hui, Téné Birahima est à son second gouvernement. Après celui de Patrick Achi, il est reconduit dans celui de Beugré Mambé.
La vérité est que Téné Birahima jouit de trois (3) atouts majeurs : son lien de confiance avec son frère ainé, sa riche expérience d’élu et sa fidélité vis-à-vis du parti présidentiel », lui conférant un avantage comparatif unique et faisant ainsi de lui « l’un des acteurs clés de la politique ivoirienne actuelle ». Il est, certes, le frère cadet du Président Alassane Ouattara, mais cela ne diminue en rien son mérite, car il a pour lui, son expérience politique nationale et sa longue pratique du renseignement.
En définitive, ce qu’on peut retenir de celui qu’on nomme affectueusement « photocopie», du fait de sa ressemblance frappante avec son frère ainé, le Président Alassane Ouattara, c’est qu’en dépit de sa discrétion qui frise parfois l’effacement, il demeure incontournable dans la gouvernance du Président Alassane Ouattara, dans un contexte sous-régional marqué par l’instabilité et le terrorisme qui ne cesse de gagner du terrain.
Par Oussou kouamé Rémi
Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké
Expert Analyste socio-politique et économique
Conseiller spécial du Secrétaire départemental de la S/P de Pakouabo (RHDP)
Délégué de la Zone 1