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La différence entre les grandes nations et les petites nations : Le cas de la Côte d'Ivoire

CAFÉ CHAUD

La différence entre les grandes nations et les petites nations : Le cas de la Côte d’Ivoire (Par NAZAIRE KADIA) 

La pandémie du coronavirus a eu le mérite (si mérite il y a) de ramener l’homme sur terre dans sa quête de grandeur et de le réduire à sa plus simple expression. Après avoir conquis la lunqe, envoyé des engins sur Mars, lancé la conquête de l’espace, voilà l’homme qui fut obligé de se terrer, d’être confiné chez lui par un virus. Toutes les nations, grandes et petites, ont tremblé devant ce virus. Partout il a semé psychose, émoi et désarroi. Mais les réponses données, les solutions envisagées et la stratégie de lutte adoptée, ont permis de distinguer les grandes nations des petites. Dans les grandes nations qui ont été les premières à être touchées par la pandémie, des mesures rigoureuses avaient été prises et strictement appliquées. 

Certes il eut un flottement au début, dû au fait que certains avaient pensé que la maladie se limiterait à la seule Chine, épicentre de la pandémie. Dans ces pays, beaucoup d’activités avaient été mises en berne, et la lutte contre la pandémie fut la préoccupation majeure de tous. Ce fut une belle unanimité autour de la mère-patrie en danger. En France, le président Macron avait rangé au placard son projet de loi sur la réforme des retraites ; le deuxième tour des élections municipales fut reporté. L’urgence du moment, n’était pas la politique. Pouvoir et opposition avaient tu leur antagonisme pour mettre en synergie leurs efforts pour vaincre la maladie.

Non loin de chez nous, en Afrique du Sud, pouvoir et opposition s’étaient retrouvés autour d’une table, pour convenir de la mise en veilleuse de toutes les adversités politiques pour ensemble faire front contre ce fléau des temps modernes qu’est le covid-19. Ces quelques exemples montrent que dans les grandes nations, l’intérêt supérieur de la nation et la survie de celle-ci sont au-dessus de toutes les autres considérations, loin, mais très loin des petits calculs politiciens.

Mais dans les petites nations, la survenue de la pandémie fut une bonne aubaine, un pain béni pour les pouvoirs en place. On profite de la psychose qui s’était installée dans la population pour opérer en catimini, des charcutages de la loi fondamentale et la tailler à la mesure des objectifs projetés. Ainsi chez nous, après avoir pris une décision interdisant tout rassemblement de plus de cinquante personnes, le gouvernement avait laissé se réunir plus de trois cents (300) députés et sénateurs à Yamoussoukro à l’effet de modifier la constitution. 

Modification de la Constitution

Aussitôt modifiée, la constitution fut adoptée et promulguée. Dans la foulée, le chef de l’Etat, vu l’urgence (?) et au pas de course, procédera seul, à la modification du code électoral. Assurément, dans ce pays qui étonne le monde entier, il y a des urgences qui sont au-dessus des autres urgences ! Ainsi, l’urgence de la préparation de l’élection présidentielle de 2020 pour laquelle on avait fait toutes ces gymnastiques, était certainement au-dessus de l’urgence de la lutte contre le covid-19. Ailleurs, dans les autres contrées, opposition et pouvoir fumaient le calumet de la paix pour faire face à la pandémie. 

Chez nous, aucune démarche dans ce sens n’avait été faite, mais bien plus un chef de l’opposition fut convoqué pour être entendu par la police. Avait-t-on mesuré ce qui aurait se passer au cas où… ?  Mais qu’importe ? Le pouvoir dispose de toute la violence de l’Etat pour y faire face ! Dans les petites nations, le respect de la loi se fait également à géométrie variable. Ainsi, il y quelques temps, on a conduit un chef de l’Etat à prendre des libertés avec la constitution, « la mère de toutes les lois », pour faire d’un de ses concitoyens candidat à l’élection présidentielle, alors qu’il n’en remplissait pas les conditions. 

Situation d’inéligibilité

Aujourd’hui, cet ancien chef de l’Etat se retrouve dans la même situation d’inéligibilité que son concitoyen susmentionné, du fait d’une parodie de procès qui l’a condamné à vingt ans de prison. Ce concitoyen bénéficiaire de la liberté prise par rapport à la loi fondamentale, freine des quatre fers, et il se trouve des têtes pensantes pour demander  à l’ancien chef de l’Etat de ne s’en tenir qu’à la loi. N’est-elle pas belle la nouvelle Côte d’Ivoire? 

De son côté, le président de l’institution organisatrice des élections peut aisément violer la loi en ne faisant pas la révision de la liste électorale chaque année comme le stipule la loi. Et les mêmes têtes pensantes lui trouvent des circonstances atténuantes, alors qu’ailleurs ils proclament que « la loi, c’est la loi, elle est dure mais elle doit être appliquée». 

Cette application de la loi n’est-elle pas valable pour l’institution organisatrice des élections ? D’autant plus que celle-ci avait toute la latitude de faire changer la loi, pour l’adapter à sa convenance. Mais il ne faut pas se leurrer, dans les petites nations, toute décision, ou toute action du pouvoir répond toujours à un souci et, est mue par de petits calculs politiciens qui permettraient de conserver le pouvoir ou d’avoir une longueur d’avance sur l’opposition. Ainsi va le pays…une petite nation ! Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.

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