Les Producteurs de Café-Cacao de Côte d’Ivoire: « Nous n’avons plus besoin de promesses vides, nous avons besoin d’actions »
Lors de l’Assemblée Générale Extraordinaire de l’Association Nationale des Producteurs de Café-Cacao de Côte d’Ivoire (ANAPROCI), qui s’est tenue le 2 avril 2025 à Yamoussoukro, une déclaration forte a résonné parmi les producteurs : « Notre parti politique, c’est le cacao et le café. Donnez-nous notre filière, on va tester quelque chose. » Un cri de ralliement qui traduit la frustration croissante des producteurs, qui se sentent délaissés dans la gestion de la filière et réclament une gestion plus autonome et participative.
Lors de son discours d’ouverture, Kanga Koffi, président de l’ANAPROCI, a exprimé la volonté des producteurs de prendre en main leur propre destin. « Nous n’avons plus besoin de promesses vides, nous avons besoin d’action. Notre parti politique, c’est le cacao et le café, et nous sommes prêts à gérer notre filière. Donnez-nous les outils, et nous allons démontrer ce dont nous sommes capables », a-t-il affirmé.
Ce message s’inscrit dans un contexte où les producteurs de café et de cacao se sentent marginalisés par les politiques actuelles. Depuis des décennies, ils sont confrontés à des difficultés telles que le faible prix du cacao, en inadéquation avec le revenu global de la chaîne de valeur. Malgré leur rôle central dans la chaîne de production, ils sont exclus des décisions cruciales qui affectent directement leur quotidien.
L’exclusion des producteurs dans la gestion de la filière
Le modèle de gestion actuel de la filière café-cacao, où l’État et d’autres acteurs jouent un rôle prédominant, est de plus en plus contesté. Les producteurs réclament une réforme en profondeur devant leur permettre de reprendre en main la gestion de leur filière. Les politiques actuelles sont perçues comme déconnectées des réalités du terrain, et les producteurs se sentent relégués au second plan et traités comme des ouvriers incapables de gérer leur propre destin, malgré leur travail acharné pour produire le cacao et le café, principaux moteurs économiques du pays.
« Le problème, c’est qu’on ne nous consulte jamais. Les réformes sont faites sans nous, et quand elles sont mises en place, elles ne nous profitent pas. Nous, les producteurs, sommes à la base de cette filière. Il est temps de nous donner les moyens de gérer nous-mêmes notre avenir », a ajouté Kanga Koffi, lors de son allocution.
Une volonté de changement : « On va tester quelque chose »
En déclarant « Donnez-nous notre filière, on va tester quelque chose », les producteurs expriment leur désir profond de ne plus subir les décisions prises par d’autres. « Ce n’est pas une question de confrontation, c’est une question de dignité et de justice sociale, car avant tout, nous sommes des acteurs privés, avec des champs privés », ont ajouté les membres de l’ANAPROCI. « Nous sommes fatigués de voir les décisions prises sans nous, nous voulons être responsables de notre destin. »
Les producteurs estiment qu’ils ont les compétences nécessaires pour gérer la filière et qu’une prise en main directe de la gestion pourrait permettre de résoudre des problèmes structurels. Cette démarche vise à redonner aux producteurs leur place centrale dans la filière, avec l’espoir d’une gestion plus équitable et durable.
En plus de la gestion autonome de la filière, les producteurs appellent l’État à soutenir leur démarche en révisant les politiques en place et en renforçant le rôle des producteurs dans la gouvernance. Ils demandent également aux partenaires au développement de les accompagner dans cette transition vers une filière plus autonome et responsable.
Le message des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire est clair : il est temps de réformer la filière en profondeur, de permettre une gestion autonome et participative et de garantir une rémunération plus juste et équitable pour les acteurs de la base.
Le cri de ralliement « Donnez-nous notre filière, on va tester quelque chose » traduit leur détermination à changer les choses et à prendre le contrôle de leur destin. Les résolutions adoptées à l’Assemblée Générale Extraordinaire de l’ANAPROCI marquent un tournant dans le combat des producteurs pour une gouvernance plus juste.