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Malaise profond au sein de la filière café-cacao: Les producteurs en appellent au Président Ouattara

Culture et société

Malaise profond au sein de la filière café-cacao: Les producteurs en appellent au Président Ouattara

Le lundi 19 août 2024, la Maison de la Presse d’Abidjan a été le lieu d’une conférence de presse cruciale, organisée par les acteurs clés de la filière café-cacao de Côte d’Ivoire. Cet événement, co-animé par Koné Moussa, président du Syndicat National Agricole pour le Progrès en Côte d’Ivoire (SYNAPCI), et Kanga Koffi, président de l’Association Nationale des Producteurs de Café-Cacao de Côte d’Ivoire (ANAPROCI), a mis en lumière les profonds dysfonctionnements qui menacent ce secteur vital pour l’économie ivoirienne.

Le principal sujet de discorde soulevé par les producteurs est le prix de 1 500 FCFA par kilogramme de cacao, annoncé par les autorités comme étant « historique ». Pourtant, pour Koné Moussa, ce prix n’est qu’une façade trompeuse qui cache une réalité bien plus sombre. Il a dénoncé le fait que ce montant, bien en deçà des attentes, ne reflète pas la juste valeur du travail des producteurs, surtout lorsqu’il est comparé aux cours mondiaux.

Selon lui, la répartition inéquitable des revenus favorise les intermédiaires au détriment des producteurs, qui peinent à tirer un revenu décent de leur labeur.

Un Retour à l’Époque Coloniale?

La frustration des producteurs est telle qu’ils comparent leur situation actuelle à celle de l’époque coloniale. Koné Moussa a vivement critiqué l’indépendance apparente du pays, arguant que les producteurs continuent d’être exploités de la même manière que sous la domination coloniale. 

« Qu’avons-nous gagné depuis la fin de la colonisation si ceux qui dictent les prix ne sont toujours pas les producteurs ? », a-t-il interrogé, remettant en question les acquis de l’indépendance ivoirienne.

L’avenir des coopératives, autrefois garantes de la protection des producteurs, est désormais en péril. Selon les chiffres fournis par Kanga Koffi, les sociétés coopératives ne représentent plus que 20% de la commercialisation intérieure, contre 80% pour les pisteurs et acheteurs, un renversement dramatique par rapport à la situation d’il y a 14 ans. 

Cette évolution, due en grande partie à la politique inefficace du Conseil Café Cacao (CCC), menace la survie des organisations professionnelles agricoles (OPA), essentielles pour la structuration et le développement du secteur.

 Un Appel au Président de la République

La conférence de presse a également été l’occasion pour Koné Moussa et Kanga Koffi de lancer un appel pressant au Président de la République, Alassane Ouattara, l’invitant à intervenir personnellement dans la gestion de la filière café-cacao. Ils ont insisté sur l’importance d’une gouvernance inclusive, où les décisions ne seraient plus imposées aux producteurs sans leur consultation. 

« Décider pour toi sans ton avis, c’est décider contre toi, » a martelé Koné Moussa, soulignant la nécessité d’une réforme urgente pour rétablir l’équité et sauver les coopératives de la disparition. 

Les critiques envers le CCC ne s’arrêtent pas là. Kanga Koffi a mis en lumière les échecs successifs de cet organe dans l’accompagnement des OPA, particulièrement en ce qui concerne la fourniture de semences sélectionnées, une situation qui a contribué au vieillissement des plantations et à la baisse des rendements. 

Il a également souligné le manque de transparence et d’inclusivité dans la mise en place de l’Organisation Interprofessionnelle Agricole (OIA), laissant les producteurs dans le flou quant aux objectifs réels de cette structure.

 L’Attente du Prix pour la Campagne 2024-2025

Les producteurs, regroupés au sein de la Plateforme (SYNAPCI-ANAPROCI), attendent désormais avec impatience l’annonce du prix pour la campagne 2024-2025, après avoir suspendu leur mot d’ordre de grève pour la campagne intermédiaire 2023-2024. Cependant, ils avertissent que sans des réformes concrètes et inclusives, la grogne sociale risque de s’intensifier dans les campagnes ivoiriennes.

En conclusion, la conférence de presse a révélé un malaise profond au sein de la filière café-cacao en Côte d’Ivoire. Les producteurs sont prêts à se mobiliser pour défendre leurs droits, mais l’avenir de ce secteur clé dépend désormais de la volonté des autorités de répondre à leurs revendications légitimes. Une grande concertation entre tous les acteurs du secteur semble inévitable pour éviter une crise encore plus grave.

Lemeridien

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