On a vite fait de penser à des noctambules malchanceux qui, surpris par une rare diarrhée, ont eu pour seul réflexe de se soulager dans une salle de classe ouverte. Mais que non ! Dans la ville de Danané, le phénomène des excréments humains deversés çà et là a vite répandu sa puanteur depuis le retour des congés de Noël de cette année scolaire.
Le Groupe Scolaire Houphouët-ville a été le premier à subir l’enfer des mauvaises odeurs. Là-bas, des individus non encore identifiés sont entrés nuitamment dans des salles de classe pour y déverser des excréments humains, a constaté une maîtresse de cette école.
Même si le nettoyage des lieux a été fait, la chaise sur laquelle la maîtresse s’assoit habituellement a été envoûtée. Car aussitôt assise, qu’elle s’est écroulée, étendue au sol, inconsciente. Ce sont les cris des enfants qui vont alerter les collègues enseignants. Au moment d’évacuer la victime à l’hôpital, qu’une autre maîtresse connaît le même sort en s’asseyant sur la même chaise.
Une source proche du bureau des parents d’élèves révélera qu’une fillette de cette classe aurait avoué avoir envoûté la chaise pour punir son enseignante. Deux jours après, c’est dans le Collège Diety Félix de Danané, que les élèves de la Terminale A1 découvriront avec stupeur des excréments humains dans leur salle de classe. Là encore, les auteurs ne sont pas identifiés.
La semaine suivante, comme une tontine de « qui déféque le plus », le Directeur des études du collège Saguidi connaîtra son tour de galère. « En arrivant au travail à 7 heures, j’ai été surpris de voir la porte de mon bureau forcée et grandement ouverte. Rien n’y a été volé. Ils ont seulement déféquer et sont répartis incognito», témoigne-t-il.
À la DRENA, les responsables de l’école avouent leur impuissance face à ce phénomène aux allures mystérieuses. « La société dénonce des pratiques de sorcellerie. Quels moyens avons-nous pour lutter contre ? Nous arme, c’est la sensibilisation. Nous devons tous réaliser et comprendre qu’il y va de la santé des tout-petits et du personnel enseignant», se défend-on.
L’Apôtre OULAI Pierre de l’église Baptiste La Foi de Danané a, quant à lui, une différente lecture sur ce phénomène attribué en ville à une nouvelle race d’assaillants nocturnes. Selon lui, c’est purement et simplement la manifestation des puissances des ténèbres.
«Mercredi 26 Février 2025, nous avons tenu une séance d’évangélisation chez le Diacre Daniel. Nous y avons beaucoup prié et recommandé la famille et le quartier au Seigneur Jésus-Christ. Tôt le matin le lendemain, ce sont des gros tas d’excréments dans des sachets qui les ont réveillés par leurs odeurs. Ces excréments jonchaient le sol partout dans la cour», racontera-t-il.
La situation dure depuis plusieurs années dans les écoles du département sans que personne ne parvienne à expliquer les motivations réelles de ces envoûteurs nocturnes.
L’an dernier lors d’une fête dans la sous-préfecture de Mahapleu, le député Kegban Kegban Bernard s’est attaqué à cette pratique des personnes malveillantes qui, une fois à l’intérieur des salles, défèquent sur les bureaux des instituteurs, déposent des tas d’excréments dans les casiers des élèves et badigeonnent les différents tableaux des déchets.
« Les Coges font l’effort de mettre des cadenas sur les portes mais l’envie de nuire à l’avenir des enfants est plus forte pour ces monstres. C’est inique, sorcier et démoniaque», s’est-il indigné.
En attendant que les recherches sur les auteurs de pratiques d’envoûtement par des excréments aboutissent, le pasteur OULAI Pierre invite la communauté chrétienne de Danané à davantage de séances de prière. «L’église est menacée. Les chrétiens doivent se lever et prier sans cesse contre cette autre ruse du diable», exhorte-t-il.
Une correspondance de Sony WAGONDA
